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Avez-vous déjà essayé d’imaginer Bush, cerveau en moins ?

Publie le mercredi 15 août 2007 par Open-Publishing
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De Alexandre Sirois

C’est l’état dans lequel le président américain se retrouvera dans deux semaines. Et rares sont ceux qui estiment que ce sera « une grosse perte », même si c’est ce qu’a soutenu la Maison-Blanche hier.

Le « cerveau » en question, c’est bien sûr Karl Rove. Stratège qui, pendant de longues années, a été jugé indispensable à la survie politique de Bush.

Prenez par exemple la controverse dans laquelle Rove a été plongé en 2005. Il faisait l’objet d’une enquête pour avoir divulgué l’identité d’une agente de la CIA, Valerie Plame, à un journaliste du magazine Time.

Tout semblait indiquer que le stratège quinquagénaire au visage poupin serait inculpé et devrait démissionner. Le Tout-Washington était en émoi. Les politiciens républicains se découvraient de nouveaux cheveux blancs alors que les démocrates se retenaient pour ne pas sabler le champagne.

Deux ans plus tard, le départ de Rove n’affole personne. Et ne surprend pas vraiment. « Je pense que le moment est venu », a-t-il platement déclaré. Ses jours étaient en fait comptés depuis les élections de mi-mandat de novembre dernier.

Bush s’est alors presque instantanément transformé en canard boiteux en perdant le contrôle des deux chambres du Congrès américain. Rove ne s’en est jamais vraiment remis.

Aux États-Unis, on a longtemps considéré Rove, avec raison, comme l’un des plus brillants stratèges politiques de sa génération. Il a bel et bien été « l’architecte » de victoires historiques de Bush et du Parti républicain.

Il a notamment contribué à la réélection de Bush en 2004 en plus de permettre aux républicains d’accroître leur contrôle au Sénat et à la Chambre des représentants. Un exploit qui s’est produit une seule autre fois dans l’histoire américaine, en 1936.

Rove était alors l’éminence grise de Bush. Son absence lors d’une réunion à la Maison-Blanche signifiait que cette rencontre était insignifiante, racontait-on à l’époque.

Les temps ont changé. Pas Rove. Le Wall Street Journal, qui a annoncé la démission du cerveau de Bush en primeur, l’a également interviewé.

Dans cette entrevue, il apparaît complètement déconnecté. Comme s’il était aux commandes du Titanic et qu’après avoir heurté le fameux iceberg, il persistait à dire que tout va bien.

À en croire Rove, Bush va rebondir dans les sondages. La situation en Irak va s’améliorer grâce aux renforts expédiés en début d’année. Le Parti républicain redeviendra synonyme de responsabilité fiscale dès cet automne et conservera la Maison-Blanche en 2008.

On trouve à la source de telles déclarations le même complexe d’infaillibilité qui avait poussé Rove à prédire que son parti régnerait sur les États-Unis pendant plusieurs décennies. Depuis son arrivée à Washington, il disait être en train d’orchestrer la mise en place d’une « majorité républicaine ».

Un responsable des relations de Bush avec les médias, Mark McKinnon, avait même comparé le stratège au légendaire joueur d’échecs américain Bobby Fischer. « Il ne voit pas seulement le jeu, il voit ce qui va se passer 20 coups à l’avance » avait dit ce porte-parole.

Aujourd’hui, tout porte à croire que Rove a perdu son match le plus important. Que sa façon de diviser pour régner et de courtiser effrontément les conservateurs purs et durs était efficace à court terme, mais se révélera néfaste à l’avenir. Elle semble avoir fait peur non seulement aux libéraux, mais aussi aux Américains les plus modérés.

Le blogueur conservateur Andrew Sullivan a récemment soutenu que la méthode Rove aura contribué à la formation d’une majorité démocrate. Pas l’inverse. Une façon polie de lancer un « échec et mat ! » bien senti à l’arrogant stratège.

 http://www.cyberpresse.ca/article/2...

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