Accueil > Avoir vingt ans dans les Aurès cristallise toujours la haine des (…)
Avoir vingt ans dans les Aurès cristallise toujours la haine des nostalgiques de l’OAS
Publie le mardi 5 mai 2009 par Open-Publishing4 commentaires
PROCÈS . Claudine Dupont-Tingaud, l’ex-élue FN qui voit dans le cinéaste René Vautier l’incarnation de la « collaboration antifrançaise » était jeudi sur le banc des accusés au palais de justice de Quimper.
Quimper (Finistère),
envoyée spéciale.
On reconnaîtrait sa silhouette entre mille. Coiffé de sa casquette de marin, René Vautier, le petit Breton à la caméra rouge, patiente devant le tribunal de Quimper. Il revient, ce jeudi 30 avril, sur les lieux de sa jeunesse : c’est ici, de l’autre côté de l’Odet, qu’il a été décoré, à quinze ans, de la Croix de guerre. Avec
un groupe d’Éclaireurs de France, l’adolescent avait pris les armes contre l’occupant nazi dans la presqu’île de Crozon. Un passé de résistant qui force le respect. Mais pas celui des nostalgiques de l’OAS, aux yeux desquels le cinéaste anticolonialiste, est rien de moins qu’un « collaborateur ».
En août 2007, René Vautier était invité au Festival de cinéma de Douarnenez pour la projection de ses films Afrique 50 et Avoir vingt ans dans les Aurès. Un débat auquel il participait avec le réalisateur Mehdi Lallaoui et l’historien Olivier Lecour-Grandmaison fut perturbé par Claudine Dupont-Tingaud, ancienne conseillère générale FN, ex-OAS. Laquelle publia ensuite un communiqué nauséabond, accusant René Vautier de « Kollaboration anti-française ». Olivier Lecour-Grandmaison était qualifié, lui, de « négationniste ». Quant à Mehdi Lallaoui, réalisateur de nombreux films consacrés au passé colonial, il était présenté comme l’incarnation d’une « tyrannie de la repentance » visant à « instiller en nous la haine de notre histoire commune ». Des propos inadmissibles, qui ont convaincu René Vautier, Mehdi Lallaoui et Olivier Lecour-Grandmaison de porter l’affaire devant la justice.
Devant la salle d’audience, l’accusée persiste et signe. L’activiste d’extrême droite se revendique ouvertement de la défense de la « blanchitude ». « Les races existent. La nôtre est menacée. Il faut la défendre. Je défends donc la "blanchitude" comme Aimé Césaire défendait la négritude », plastronne-t-elle. Avant de réitérer ses accusations : « En mettant sa caméra, qui est une arme, au service des ennemis de la France, René Vautier s’est rendu coupable de collaboration pendant la guerre d’Algérie. » Argumentation reprise mot pour mot par son avocat, Me Pichon : « René Vautier a sans doute été résistant. Mais il a apporté son soutien au FLN. Objectivement, il a collaboré. » À l’entrée du tribunal, d’anciens appelés d’Algérie, venus soutenir la partie civile, ont déployé des banderoles : « Non à l’OAS. » Les amis de Claudine Dupont-Tingaud les couvrent d’insultes. Cité comme témoin de la défense, un dirigeant du Front national, Roger Holleindre, fondateur de l’OAS dans le Constantinois, vante, avant l’ouverture des débats, l’action de l’organisation terroriste. « J’en ai marre de ces pleureurs. Ce que l’OAS a fait en Algérie, c’est de la rigolade à côté de ce qu’a fait le FLN, éructe l’ancien parachutiste. L’Afrique ne serait pas ce qu’elle est si la France était restée. Le résultat de ces indépendances, c’est un fiasco total. Si l’Algérie était restée française, c’est dans l’autre sens que se ferait l’immigration. Au lieu de cela, on les a fait passer directement du bourricot au jet aérien. Vous n’entendez jamais ce genre de discours car les hommes comme moi sont interdits de télévision. Si j’étais pédé et anti-France, ce serait différent ! »
Venue soutenir René Vautier, Simone de Bollardière, veuve du général de Bollardière, rappelle en marge de l’audience que ces nostalgiques de l’OAS appartiennent au camp de ceux qui voulurent renverser la République. « Leur refus de la décolonisation est rétrograde. Notre combat contre les horreurs perpétrées au nom de la France, contre la torture, relevait d’une insurrection morale nécessaire, insiste-t-elle. Tout être humain a le droit à la dignité et au respect, quelle que soit sa couleur. »
L’audience s’ouvre dans un climat très lourd. Appelée à la barre, Claudine Dupont-Tingaud bafouille un argumentaire boiteux, qui ne convainc visiblement pas la présidente. Le « k » de « kollaboration », prétend l’ex-élue FN, « n’est pas une référence à la Seconde Guerre mondiale, mais un clin d’oeil à René Vautier, bretonnant ». « Je ne retire rien de mes propos. Nous n’avons pas l’intention de faire acte de repentance et de battre notre coulpe », s’enferre-t-elle, en invoquant la « liberté d’expression ». Après elle, Roger Holleindre se lance dans un long et ennuyeux plaidoyer sur les prétendus « bienfaits » de la colonisation, accusant au passage René Vautier de « trahison ». En réponse, le cinéaste revient sur son passé de résistant, sur son engagement de communiste et d’anticolonialiste, sur la genèse de ses films. « L’indépendance de l’Algérie, celle de toutes les colonies, était inéluctable », conclut-il. À sa suite, Mehdi Lallaoui rappelle ce que fut l’OAS, organisation criminelle à laquelle l’accusée se vante d’avoir appartenu. « Ces gens qui nous insultent se réclament d’une organisation qui planifia la tentative d’assassinat d’un président de la République », lance-t-il.
Le réalisateur du Silence du fleuve s’indigne de l’expression « anti-France » que lui accolent ses adversaires. « Je suis un élu de la République », rappelle-t-il, en montrant au tribunal son écharpe de conseiller régional d’Île-de-France. « Pas question de céder à l’intimidation en renonçant à remettre en cause la "légende dorée de la colonisation française" », affirme, enfin, Olivier Lecour-Grandmaison. « Les attaques diffamatoires de Mme Dupont-Tingaud à notre égard s’inscrivent dans un contexte de recrudescence des actions militantes des anciens de l’OAS et des nostalgiques de l’Algérie française. Actions qui se sont multipliées depuis l’élection de Nicolas Sarkozy et l’entreprise de réhabilitation du passé colonial de la France à laquelle il se livre pour des raisons électoralistes », analyse l’universitaire.
Pour l’avocat de la partie civile, Me Bellouti, le délit de diffamation est constitué. Il réclame pour chacun de ses clients 5 000 euros de dommages et intérêts « pour l’atteinte portée à leur honneur et à leur considération », ainsi qu’une publication dans trois quotidiens ou hebdomadaires, aux frais de Claudine Dupont-Tingaud. Le jugement a été mis en délibéré au 12 juin.
Rosa Moussaoui
– http://www.humanite.fr/2009-05-04_P...
Messages
1. Avoir vingt ans dans les Aurès cristallise toujours la haine des nostalgiques de l’OAS, 5 mai 2009, 19:38
Il ne faut pas perdre de vue que les rots et les pets des vieux croutons du FN, qui ne représentent presque plus rien en terme électoral, dans la Sarkozie décompléxée sont en parfaite harmonie avec ceux de la quasi totalité de l’UMP (et d’une partie du PS) sous les applaudissements discrets de quelques organisations communautaristes dont la défense du colonialisme le plus intégriste est la véritable raison d’être.
2. Avoir vingt ans dans les Aurès cristallise toujours la haine des nostalgiques de l’OAS, 6 mai 2009, 00:02, par njama
Oui, mais si l’Algérie était restée algérienne ?
Que faisaient les français en Algérie ? depuis 1830.
Un peu d’histoire ...
http://www.algerian-history.info/index.htm
« Le 31 Janvier 1830, le gouvernement français, dirige par M. Polignac, décida de lancer une expédition contre l’Algerie. Il avança un certain nombre de raisons pour justifier cet acte : il s’ agissait de punir l’Algerie dont le dey avait insulte le consul de France donc froisse l’honneur français en lui portant un coup de son chasse-mouches lors d’ une audience diplomatique.
Mais il y avait d’ autre motifs, rehausser le prestige du régime impopulaire de charles X ; éviter le remboursement du prêt que l’Algerie avait consenti a la France lors du blocus Anglais de 1794 ; rivaliser avec les puissances européennes, et en particulier avec l’ Angleterre, pour la création d’ un nouvel empire.
Le corps expéditionnaire, commande par le maréchal de Bourmont, comptait 37000 hommes dont 31000 fantassins embarques a Toulon sur 675 bâtiments avec des provisions pour quatre mois. Le 14 juin 1830, les opérations de débarquement commencèrent a sidi Ferruch.
Après des combats acharnes et de lourdes pertes subies de part et d’ autre, le gouvernement Algérien capitula le 5 Juillet 1830.
[...]
Après la prise d’Alger par l’Armée française en 1830, l’administration française commença à réfléchir aux moyens de renforcer la présence française et de lui donner une assise. Cela ne pouvait être réalisé qu’à travers la main mise militairement et civilement organisée sur une vaste échelle en vue de créer une base territoriale et administrative en encourageant l’immigration de colons pour asseoir la base démographique visant à appuyer la force militaire et faciliter ainsi le processus de déstructuration sociale, économique et culturelle de la société algérienne.
C’est ainsi que dès les premières années de l’occupation, l’Administration avait entamé une politique sauvage et étendue d’implantation de colonies pour laquelle elle mobilisa tous les moyens matériels, humains, militaires et civils, parallèlement à la mise en place des infrastructures indispensables tels que les voies de communication, barrages, canalisations et la fourniture des aides et la participation à la mise en place des institutions financières.
Dans cette optique, les dirigeants français se mirent à rivaliser d’ardeur pour servir la politique de colonisation sans laquelle ils ne pouvaient pas se stabiliser en Algérie .
[...]
La colonisation massive débuta à l’orée de l’année 1835 ... »
1. Avoir vingt ans dans les Aurès cristallise toujours la haine des nostalgiques de l’OAS, 7 mai 2009, 10:40, par Pierre Mens /Citoyen du Monde
"On les fait passer directement du bourricot au jet aérien "selon le FN ;
on pourrait dire aussi :"de la bougie à la Gégène ! "
3. Avoir vingt ans dans les Aurès cristallise toujours la haine des nostalgiques de l’OAS, 7 mai 2009, 10:25, par Pierre Mens /Citoyen du Monde
Merci à ma voisine au procès de quimper pour la qualité et la précision
de ce compte rendu parfaitement objectif .
Je fais partie de l’asso des Anciens Appelés en Algérie contre la Guerre
venus soutenir René Vautier et Mehdi Lallaoui .Mais je ne me prononce qu’en mon nom, ne faisant pas partie du CA des 4A .
Pierre Mens