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Ayaan Hirsi Ali, la nouvelle Voltaire noire de la France islamophobe
Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-Publishing9 commentaires
Ayaan Hirsi Ali, ex-députée néerlandaise d’origine somalienne, s’est vue érigée le week-end dernier à Paris en sainte et martyre victime de l’Islamisme. Propulsée sur la scène médiatique par tout ce que le pays des Lumières compte d’intellectuels islamophobes patentés, de Bernard-Henri Lévy à Jean-Pierre Elkabbach en passant par les incontournables Philippe Val et Caroline Fourest, dont chacun connaît hélas les oeuvres en matière d’ignominie racialo-religieuse.
Le succès du meeting de soutien organisé conjointement par ProChoix, La Règle du jeu et Charlie Hebdo n’aurait pas non plus été complet sans la présence de la Secrétaire d’État sarkozyste chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, Rama Yade, et de quelques politiciens de tous bords, dont notamment Ségolène Royal, toujours présente lorsqu’il s’agit de soutenir une cause "noble" défendue par les grands médias communautaristes, et du député européen socialiste Benoît Hamon, qui a déposé récemment une déclaration au Parlement Européen demandant que l’UE finance la protection rapprochée d’Ayaan Hirsi Ali.
Le but de l’opération médiatique ? sauver Ayaan Hirsi Ali des griffes des méchants islamistes radicaux en lui faisant octroyer la nationalité française et en demandant à l’Europe des Droits de l’Homme d’assurer sa protection ainsi que celle de tous les "dissidents de l’Islam".
La pasionaria de l’anti-islamisme a en effet été menacée de mort dans une lettre retrouvée sur le cadavre de Théo Van Gogh, auteur avec elle de Soumission, un très douteux film-pamphlet consacré à la condition de la femme dans l’Islam qui a valu au cinéaste néerlandais d’être poignardé en novembre 2004 par un fanatique. Protégée un temps par le gouvernement néerlandais, Ayaan Hirsi Ali ne bénéficie plus aujourd’hui d’aucune protection officielle. Parallèlement donc à la remise par Claude Lanzmann d’un quelque peu abusif Prix Simone de Beauvoir, un vibrant appel a été lancé dans les médias pour que Nicolas Sarkozy, grand libérateur devant l’éternel de toutes les "femmes martyrisées dans le monde", apporte son soutien à Ayaan Hirsi Ali, ce qu’il a déjà fait depuis longtemps.
Née en Somalie en 1969, Ayaan Hirsi Ali s’est réfugiée aux Pays Bas pour fuir les horreurs de la guerre civile, de l’excision et du mariage forcé. Elle y obtient l’asile politique en 1992 puis la nationalité néerlandaise en 1997. En 1998, elle est élue députée sous la bannière du Parti Travailliste, puis réélue en 2002 sous celle du Parti Libéral. La jeune politicienne a selon ses dires définitivement renié l’Islam à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Elle s’est engagée depuis dans une virulente croisade pour l’émancipation des femmes musulmanes, n’hésitant pas à traiter Mahomet de tous les noms et qualifiant l’Islam de "nouveau fascisme" inassimilable par la démocratie.
Devenue un temps grande prêtresse de la cause anti-islamiste aux Pays-Bas, Ayaan Hirsi Ali a malheureusement dû abandonner ses fonctions et ses privilèges en 2006, après qu’un documentaire télévisé intitulé Sainte Ayaan eût révélé ses mensonges, ce qui ne pardonne guère dans un pays de tradition calviniste où elle a du jour au lendemain perdu toute crédibilité.
Dans sa demande d’asile, la jeune députée noire avait en effet menti sur son identité — elle s’appelle en réalité Ayaan Megan —, son âge, son mariage qui n’était aucunement forcé avec un somalien installé au Canada, et sur le fait qu’elle ne venait pas de Somalie mais du Canada et de l’Allemagne après avoir passé son enfance dans un Kenya alors parfaitement en paix.
A la suite d’une enquête administrative, Ayaan Hirsi Ali s’est donc vu retiré son passeport par la ministre de l’Intégration, Rita Verdonk, perdant du coup son statut d’élue.
Elle gagne alors Washington où elle est depuis mai 2006 employée, et très bien payée, par l’American Enterprise Institute (AEI), un think tank néoconservateur proche de l’administration Bush.
Mais, installée aux Etats-Unis, Ayaan Hirsi Ali a perdu la protection policière officielle qui était assurée jusqu’en novembre dernier par le gouvernement de La Haye. Les Etats-Unis ne veulent pas se charger de sa protection et sa garde rapprochée doit désormais être payée grâce à des dons privés.
C’est là qu’interviennent nos célèbres intellectuels juifs français médiatiques et notre président bling-bling. Pour eux et pour lui, Ayaan Hirsi Ali n’est pas un de ces vulgaires réfugiés sans-papiers cherchant refuge dans la patrie des Droits de l’Homme où ils se heurtent aux rafles du Ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Elle est une vraie martyre, une sainte qui au péril de sa vie a le courage de dénigrer activement l’Islamisme (on oublie en général dans ces milieux d’ajouter les termes de "radical", "intégriste" ou "fondamentaliste", estimant qu’il vaut mieux laisser entendre que l’Islamisme, mouvement prônant l’expansion de la religion musulmane, est contrairement au Christianisme ou au Judaïsme, un gros mot signifiant en quelque sorte "Terrorisme").
Ayaan Hirsi Ali est pro-israélienne, pro-néoconservateurs américains, de tendance néolibérale et de plus féministe et noire comme il faut. C’est une Voltaire des temps modernes qui doit à tout prix être protégé par la France, ce qui à l’évidence ne pose pas de problème à l’administration sarkozyste. Son dossier, tellement plus limpide que celui d’un simple réfugié musulman, a en effet déjà été examiné par Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. La garde des Sceaux, Rachida Dati, l’a également reçu personnellement il y a plus de deux mois et, selon Rama Yade, Nicolas Sarkozy "l’apprécie beaucoup et a beaucoup d’admiration pour ce qu’elle fait".
Mais l’objectif — qui accessoirement permettrait en même temps à l’Etat français de réaliser quelque économie —, c’est surtout de transformer le cas Ayaan Hirsi Ali en grande cause européenne afin d’élargir institutionnellement à tout le continent ce douteux combat franco-ethnocentrique contre l’Islam. La "Voltaire noire" si chère aux islamophobes d’Occident sera donc dès jeudi prochain à Bruxelles, accompagnée de Bernard-Henri Lévy. Nicolas Sarkozy, tel Roland luttant héroïquement au Col de Roncevaux contre l’armée des Sarrasins, y plaidera parallèlement pour que l’Union Européenne dans son ensemble prenne en charge sa protection et celle de tous les futurs "dissidents de l’Islam".
Messages
1. Ayaan Hirsi Ali, la nouvelle Voltaire noire de la France islamophobe, 14 février 2008, 20:06, par Patrice Bardet
je cite La critique de l’islam est parfaitement légitime comme l’est la critique de toute religion, surtout dans ses aspects discriminatoires. Bientôt, si ça continue comme ça, de crainte de se faire accuser "d’islamophobie", on n’aura plus le droit de dire que le port obligatoire du voile, la lapidation ou l’excision sont des injustices faites aux femmes.
Je suis parfaitement d’accord pour critiquer et dénoncer ces aspects de l’intégrisme religieux, quel qu’il soit
Là, il n’est pas question de cela, mais de dénoncer une manipulation politique de plus
Je la trouve d’autant plus insuppportable que des sans-papiers, victimes de l’intégrisme religieux, ont les plus grandes difficultés à obtenir le droit d’asile ( que ce soit d’ailleurs sous les gouvernements de droite, mais aussi de gauche)
P. Bardet
2. Ayaan Hirsi Ali, la nouvelle Voltaire noire de la France islamophobe, 15 février 2008, 09:33
de même que le non au tce fut aussi celui de l’extreme droite,de même le soutient que j’apporte à cette femme sera pollué par des extrémistes de droite.
Et alors ????
ne vais je défendre les droits des femmes,des humains que si exclusivement cette lutte sera menée par des militants de gauche ???
Non lutter contre la barbarie religieuse quelle vienne de l’islam ou de Rome sera toujours le combat des révolutionnaires.
Bruler un cinéma ,avec la mort d’un homme parecequon passe un film sur le christ,ou menacer de mort qui caricature un prophéte sont des actes de barbarie.
écrasons l’infâme !!!
Damien
1. Ayaan Hirsi Ali, la nouvelle Voltaire noire de la France islamophobe, 15 février 2008, 12:08, par (k)G.B.
La protéger oui, mais protéger aussi la vérité : sur ce qu’elle est, représente, sur ce que cette médiatisation a d’immonde, de haineux.
(k)G.B.
3. Ayaan Hirsi Ali, la nouvelle Voltaire noire de la France islamophobe, 15 février 2008, 17:05, par JP
Le problème ne se situe pas au niveau où il est présenté dans ce texte ou alors il y a malhonetteté intellectuelle. En effet l’on nous présente l’islamophobie comme une sorte de racisme alors qu’il ne s’agit pas de cela, le rejet de préceptes religieux dans l’islam comme dans les aures monoteïsmes est un droit pour tout agnostique ou athé et n’a rien à voir avec une phobie. Cela ne veut pas dire rejeter
les croyants et encore moins les discriminer. L’anticléricalisme des radicaux socialiste, pourtant virulent à une époque, n’a pas entrainé ce lever de bouclier et il ne faut pas confondre le rejet raciste des musulmans par l’extrème droite qui trouve sa source dans l’origine
des pratiquants de ce culte avec la critique salutaire de toute pensée humaine. Le problème de cette femme c’est que des criminnels
veulent la tuer pour ce qu’elle a dit et écrit ce qui est intolérable
et mérite notre solidarité et la protection du pays qui se prétend des droits de l’homme et de la laïcité. Cette dernière n’étant ni anti croyants
ni sensure des incroyants mais bien au contraire le respect du droit
à la croyance de chacun sans l’imposition d’aucune. Comme chantait Brassens :" il me laisse dire merde je lui laisse dire amen". JP
1. Ayaan Hirsi Ali, la nouvelle Voltaire noire de la France islamophobe, 20 février 2008, 08:15, par Christian DELARUE
ESPACE PACIFIQUE :
Discrétion de l’expression religieuse et anti-religieuse et neutralité de la laicité.
Monsieur D. SIEFFERT a raison de donner un certain nombre d’informations pas ou peu connues sur le parcours de cette dame . Patrice BARDET l’a fait aussi ce 14 février . Je dois dire que bien que m’interessant de près à ces questions j’ignorais les avantures politico-religieuses d’ Ayann Hirsi Ali .
"Mais, de grâce, cessons de l’exposer comme un parangon de vertu laïque."
C’est sans doute à raison le but de ces deuxarticles. Je partage avec les précisions qui suivent ce point de vue.
D. SIEFFERT écrit :
1
J’approuve et je retiens cette définition qui correspond d’ailleurs à la philosophie de la loi de mars 2004 sur les signes religieux discrets autorisés à l’école, les signes religieux ostensibles étant interdit. La publicité continue et ostensible de l’islam finie par être agaçante et insupportable donc non pacifique.
Vous avez raison de dire l’affichage de la haine globalisante de l’islam doit être contenu. Et pire encore la haine globale des musulmans. Mais l’affichage ostensible de l’amour de l’islam aussi. Il y a interférence entre cet amour ostensible et cette haine : l’un nourrit l’autre. Il faut donc au nom de la laicité, notamment celle issue de la philosophie de la loi de mars 2004, militer pour le parallèlisme des formes et demander discrétion tant pour l’amour de toute religion que pour sa haine.
Au plan mondial et notamment celui du droit international la laicité en est au niveau zéro . Aucun texte ne vient limiter l’entreprise publicitaire des religions. Et dans nombres de pays démocratiques modernes elle est confondue avec la tolérance et donc le communautarisme .Les athées et les agnostiques doivent supporter l’affichage religieux alors qu’eux même n’ont rien à dire sur ce plan. Il y a déséquilibre.
2
Si l’amour de l’islam (ou de tout autre religion) se propage de trop alors son contraire surgit : la haine apparait inévitablement . Et ce n’est pas une haine des personnes mais de leur mode d’expression . Ce qui insupporte ce n’est pas la croyance mais l’affichage permanent et ostensible. C’est donc bien le but de la laicité entendu comme espace neutre de garantir la paix.
A défaut d’espace laique garanti donc de discrétion et de paix garanti , il faut répéter une fois encore que l’islam est passible de critique et la critique n’est pas la haine car elle s’appuie sur des analyses et des arguments . Mais la critique et la haine peuvent apparaitre conjointement et pas nécessairement à tort lorsqu’il s’agit de condamner les excès de l’islam. Tout dépend de la formulation . Pour ma part j’ai défendu la voilophobie sans être islamophobe.
L’usage du blasphème symbolique tel que "je crache sur tous les signes ostensibles" tient à marquer non seulement le refus du religieux excessif, de l’impérialisme religieux envahissant, de sa colonisation de l’espace par le religieux mais aussi un mépris du religieux publicitaire offensif . C’est là un cran de plus ou l’on passe de la critique à la haine. Il importe alors de montrer expressément pour éviter l’accusation d’islamophobie qu’il s’agit des seuls excès du religieux.
On peut d’ailleurs trouver des tentatives paradoxales consistant à adopter certains principes progressistes tout en justifiant le port du voile. En conséquence de quoi il ne faudra pas s’étonner de trouver une critique positive des avancées et une critique féministe et laique du voile. Je renvoie au débat sur l’affaire du voile de Julienrupt de septembre 2007.
Christian DELARUE
Secrétaire national du MRAP s’exprimant à titre personnel.
Denis SIEFFERT sur :
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article61391