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BHL ou le règne du "je" tribune de genève
Publie le samedi 22 décembre 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Opinions
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JEAN-FRANÇOIS VERDONNET | 22 Décembre 2007 | 00h00
La sobriété n’est pas son fort. Bernard-Henri Lévy a tendance à confondre critique et invective. Honnis soient ceux qui osent contester ses analyses. Ils seront aussitôt disqualifiés, leurs intentions suspectées, leur bonne foi révoquée en doute.
Nuancer la situation du Darfour, par exemple, opposer quelques réserves à sa vision d’un génocide en cours ne saurait venir que d’« une petite clique de révisionnistes », acharnée à mener une « polémique indécente ».
BHL ne parlait pas autrement au temps de la « Barbarie à visage humain » ou du « Testament de Dieu », lorsqu’il partait en guerre contre le fait totalitaire, ou contre le « marxisme, opium du peuple ». Le « nouveau philosophe » partage le monde entre bons et méchants, affirment Bruno Jeanmart et Richard Labévière* dans un ouvrage alerte et roboratif, qui se veut aussi un « voyage ethnologique au coeur de la modernité ».
Bernard-Henri Lévy n’y est pas cerné sous ses apparences d’ héritier ou d’homme d’influence : l’enquête a déjà eu lieu. Jeanmart, professeur de philosophie et psychanalyste, Labévière, rédacteur en chef à Radio France Internationale, ne traquent pas ce qu’il tait ou dissimule. Ils étudient ce qu’il signe. « Que dit-il et qu’écrit-il au juste ? » Le livre, ajoutent-ils, « se veut un simple retour aux textes et à l’essentiel ».
Une bonne part du projet est résumée dans le titre de l’essai. La « règle du je » renvoie à la fois à la posture égotiste du personnage et au programme qu’il défend.
D’un côté, elle passe par une mise en scène où « il s’agit non pas de démontrer, mais plus simplement de se montrer, de ne cesser de se montrer ».
De l’autre, elle oppose l’individu et les communautés, le sujet souverain et des collectivités tenues en suspicion. « Il n’y a point de meilleure définition de la liberté, assure BHL, que celle de l’homme privé ». Derrière ces professions de foi, Jeanmart et Labévière discernent, eux, un « Moi verrouillé à son nombril », une « philosophie petite-bourgeoise », un « nouveau dandysme, relayé par la clameur médiatique et ses supports institutionnels ».
Cette « vulgate néo-libérale » a trouvé au fil des années des points d’application divers. Elle a inspiré une célébration de droits de l’homme détachés de toute dimension sociale. Elle informe aussi l’enquête menée au Pakistan, à la recherche des assassins du journaliste Daniel Pearl et de leurs alliés présumés, activistes palestiniens ou combattants du Hezbollah. « Bernard-Henri Lévy, notent Jeanmart et Labévière, s’imagine dans le rôle d’un André Malraux de notre temps, là où il reproduit l’idéologie pro-américaine la plus réactionnaire ».
Ses différentes interventions, ajoutent-ils, ont en commun plus que leur approximation - l’indigence de la pensée, le « glissement du philosophique à l’idéologique ». Elles s’accordent à la « médiacratie », à la toute puissance de l’opinion propre à la société de spectacle. Elles appellent donc un renversement, ou plutôt une restauration du travail philosophique, qui referait enfin sa place à « la probité de jugement » et à « la réflexion critique ».
Bruno Jeanmart, Richard Labévière. Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je. Le Temps des Cerises. Novembre 2007.
Messages
1. BHL ou le règne du "je" tribune de genève, 23 décembre 2007, 16:12
Tout juste, BHL n’est qu’un sous-produit de ses études secondaires, il souligne à sa manière, grâce au seul pouvoir de sa fortune (il faut du fric pour publier de tels navets) une sorte de nostalgie d’être né trop tard pour exister comme philosophe.