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« Bagdad-Paris, artistes d’Irak" : EXPOSITION Au Musée du Montparnasse

Publie le dimanche 27 novembre 2005 par Open-Publishing
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Bagdad-Paris, le choix des images
EXPOSITION Au Musée du Montparnasse, une exposition historique et miraculeuse : « Bagdad-Paris, artistes d’Irak ».
Paris expose pour la première fois 42 artistes irakiens. (DR)

Sophie Haubois
[25 novembre 2005]

PAR LA FORCE du rêve de Mohammed Zenad, directeur de la galerie Al-Athar (« La trace ») à Bagdad, Paris expose pour la première fois 42 artistes irakiens. Le collectionneur bagdadi veut montrer que « l’art et la beauté vivent toujours en Irak ». « il donne à voir l’homme antique de Sumer ployé sous le malheur moderne ».

De Shakir Hassan et Jawad Salim, les pionniers qui ont étudié les beaux-arts à Paris, aux jeunes successeurs qui s’en sont inspirés, Mohammed Zenad a à coeur de retracer un panorama de l’art moderne irakien. Redha Farhan est le seul artiste d’Irak présent à Paris durant l’événement. A travers ses sculptures, Au Musée du Montparnasse, « ce qui relie les aînés du rez-de-chaussée aux contemporains du 1erétage, c’est la tragédie et l’_expression de tristesse ». Guidé par ce fil, Mohammed Zenad a prélevé deux oeuvres au moins pour chaque peintre ou sculpteur, parmi les 800 pièces de sa collection.

Depuis l’âge de 17 ans, le galeriste rassemble les travaux d’artistes qui créent malgré les dangers, la barbarie et la destruction. Sans se décourager, ils persévèrent, mus par le désir impérieux de témoigner de la vivacité des arts et de transcender le réel. S’ensuit la nécessité d’exposer à l’étranger pour qu’on n’oublie pas que, sous l’image véhiculée par les médias, il y a un peuple dont le coeur bat et l’âme survit. Car en Irak, la population se presse aux inaugurations malgré les risques, avec un farouche appétit de beauté.

Dépassant donc Bagdad, Mohammed Zenad a fait voyager ses oeuvres en Jordanie, en Tunisie et ailleurs. Mais Paris, ses ateliers d’artistes, son école, ses galeries, restait un rêve. Des rencontres décisives, telle celle de Martine Gozlan, de l’hebdomadaire Marianne, et des amis français l’ont peu à peu conduit vers le Musée du Montparnasse. Côté France, le mécénat de Bernard Krief Capital a fini de concrétiser le projet. Cependant, côté Moyen-Orient, l’acheminement de ce trésor patrimonial ne s’est pas fait sans obstacle. Le Bagdadi a dû emprunter « la route de la mort » entre Bagdad et Amman, et s’est fait arrêter à un check-point de la frontière jordano-irakienne. Accusé d’avoir volé ou pillé, et malgré les certificats en règle, Mohammed Zenad fut assailli de questions, et les oeuvres, prises pour des antiquités, furent confisquées pendant une semaine. Aujourd’hui, le galeriste réussit ce miracle de porter à la connaissance du monde cette flamme d’existence qui n’a cessé de brûler depuis un siècle.

n Musée du Montparnasse, 21, avenue du Maine, 75015 Paris. Tous les jours sauf lundi de 12 h 30 à 19 heures. Jusqu’au 15 janvier. Tél. : 01.42.22.91.96.

Messages

  • On est heureux pour ces artistes Irakiens de pouvoir être vus ailleurs qu’en leur pays de malheurs, heureux en somme que la guerre ne soit pas pour eux synonyme d’une dévastation des âmes autant que des corps... Cela d’autant plus que sur un plan plus "médiatique", leur malheur peut faire leur bonheur. Mais faut quand même admettre qu’ici, en France, une telle expo ressemble surtout à un "coup" bien monté par un "mécène" plutôt porté sur la spéculation que sur l’avenir de l’art et des artistes ! Avec pour support alléchant capable d’intéresser le public et les acheteurs potentiels, l’abominable et la violence d’une actualité tenant en haleine les médias !

    Rien que pendant ce temps-là, en notre Douce France restée à l’abri des batailles de l’Orient, des tas de combats moins évidents mais tout aussi destructeurs réduisent à néant les vélléités créatrices d’artistes au talent qui ne demande qu’à être reconnu, pour la seule et simple raison que, vu qu’ils ne sont pas "victimes", n’offrent aucun intérêt ni aucune "visibilité" pour mériter d’être exposés !

    Et selon ce principe bêtement mercantile et catholique, s’efface lentement des mémoires, l’idée qu’en France, le génie qui l’a construite et qui l’a fait connaitre au-delà de ses frontières, persiste et signe !