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Banlieues : OPA américaine sur les beurs et les blacks

Publie le mardi 22 avril 2008 par Open-Publishing
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Les Américains sont les pros du lobbying, chez eux comme à l’étranger. C’est ce qu’explique le Parisien lundi 21 avril dans une enquête intitulée « Pourquoi les Etats-Unis s’intéressent à nos banlieues ». le 11 septembre 2001, les Américains investissent temps et argent dans les banlieues françaises, en région parisienne principalement. Dans le cadre d’une réhabilitation urbaine et par le biais de l’ambassade des Etats-Unis, ils importent des projets socio-culturels ayant fonctionné dans leurs banlieues.

Par souci sécuritaire certes mais aussi pour « un travail d’influence », souligne le Parisien. Si les Américains s’intéressent à nos banlieues, c’est surtout avec la communauté musulmane qu’ils tentent d’instaurer de bons rapports. Des séjours aux USA sont organisés au frais de l’ambassadeur pour des responsables d’associations qui reviennent conquis par le rêve américain. « Amirouche Laïdi, président du club Averroës, le jeune chef d’entreprise Aziz Senni (…) Tous ont serré la main de grands décideurs américains et ont fini par nuancer leurs propos sur les Etats-Unis » racontent nos confrères. Une stratégie efficace donc qui vise également les jeunes, éléments clés de la vie dans les cités. Des lycéens et collégiens du 93 ont en effet été invités à dîner par l’ambassadeur Craig Robert Stapleton et son épouse dans les luxueux locaux de la rue du Faubourg-Saint-Honoré.

André Gérin, maire communiste de Vénissieux dans la banlieue sud de Lyon, n’a pas encore expérimenté ces techniques de lobbying peu courantes en France. Il se dit choqué mais pas surpris : « De telles pratiques sont logiques aux Etats-Unis. La France sous-estime la menace terroriste, à l’inverse des Américains qui l’amplifient. Leur implication dans les banlieues en découle. J’ai été étonné d’apprendre ça à la une d’un journal et je serais curieux de connaître la posture du gouvernement français et du président de la République sur ces actions. Un problème se pose d’un point de vue de l’autorité de nos institutions et de l’indépendance de la France vis-à-vis des Etats-Unis. »

Entretenir le mythe
En mars, un colloque a été organisé en partenariat avec l’ambassade américaine et le groupe de média américain Trace, le thème : « Médias et nouvelles générations urbaines : exclusion ou intégration ? » Y participaient, entre autres, Jean-Louis Missika (vice président de Free), Robert Namias (président de l’information de TF1) et Philippe Tassi (directeur général de Médiamétrie). Claude Grunitzky, fondateur de la chaîne de culture urbaine Trace TV et auteur du livre Transculturalismes, est un Français d’origine togolaise habitant à New York qui a bâti toute sa carrière autour du thème des métissages urbains.

Selon lui, « les Etats-Unis sont vraiment investis dans le problème des banlieues et celui des jeunesses urbaines qui y résident. Ils savent que le rêve américain est bien présent dans les consciences collectives et veulent l’entretenir. Le nouvel ambassadeur s’intéresse à l’intégration dans la société française des Français issus de l’immigration. Les évènements à l’ambassade rue du Faubourg-Saint-Honoré, où sont invitées des personnalités culturelles, souvent Africaines, issues de l’immigration, qui s’expriment sur les Etats-Unis, sont fréquents. Il ajoute i[« en tant que média porté sur les cultures urbaines, le groupe Trace est constamment sollicité. Les populations américaines, elles, sont peu au courant des problèmes qui existent dans les banlieues françaises. Mais les journalistes américains qui résident en France écrivent souvent sur ce thème, d’autant plus que l’axe de la culture hip hop est un point d’accroche facile. »

Volonté de redorer un blason terni par une politique étrangère qui ne séduit plus ni sur son sol, ni à l’étranger. Volonté également de mieux cerner une population dont certains éléments sont apparentés aux réseaux terroristes. Les Etats-Unis remplaceraient donc le gouvernement français dans sa mission d’intégration de l’immigration, soit. Mais dîners de gala, voyages et subventions pourront-ils faire oublier aux habitants des quartiers, flattés mais pas dupes, les images de Guantanamo et des Irakiens bombardés ?

Pauline Delassus

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