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Banlieues : les cinq (grosses) erreurs de Sarkozy
Publie le lundi 9 octobre 2006 par Open-PublishingPourquoi parler de "guerre des banlieues" ? Pourquoi la médiatisation, synonyme de médiation, devient-elle synonyme de police-spectacle, de politique-shows, d’info-intox ? Nicolas Sarkozy vient d’accumuler des erreurs qui sont des fautes... Attention, danger ! Pour lui, d’abord...
« Nicolas Sarkozy doit être prudent, car les vainqueurs de septembre ne sont pas toujours les vainqueurs de mai ». C’est Jean-Pierre Raffarin qui le dit. Et il n’a forcément tort... Surtout si Sarkozy, à force de trop en faire en moulinets et pas assez en actions, continue à faire quelques bourdes qui irritent les plus « gaulliens » de l’UMP, sans séduire l’électorat d’extrême droite...
Dans sa « guerre des banlieues » (quelle vilaine et dangereuse expression !), le ministre d’Etat a commis cinq grandes ou grosses erreurs.
1) Il a raison de vouloir qu’il n’y ait plus de « territoires « nationaux qui échappent à « l’ordre républicain », mais il a tort de réduire cet ordre aux forces du même nom. Il est aussi ministre de l’Aménagement du territoire, non ? Jean-Louis Borloo joue (bien) les pompiers. Mais c’est de constructeurs que ces « quartiers » diabolisés ont besoin...La France souffre d’un manque de 1,5 million de logements, dont la moitié doivent être qualifiés de "sociaux".
2) Il a raison, comme à Cachan, de faire respecter des décisions de justice, mais il le fait souvent tardivement et maladroitement. Déloger les gens sans garantir au préalable leur relogement, c’est une faute de bon sens, une erreur humaine et un crime humanitaire. Reporter ses propres faiblesses, insuffisances et inconséquences sur les collectivités locales, des associations « politisées » et d’autres boucs émissaires est un acte de lâcheté et de démagogie... D’injustice, surtout. L’ abbé Pierre dénonçait en 1954 une situation qui pouvait s’expliquer. Celle d’aujourd’hui est plus que scandaleuse et inadmissible.
3) Il a raison, en cette ère où le paraître l’emporte sur l’être, et où le faire-savoir est plus important que le savoir-faire, de jouer sur le clavier médiatique, mais il a tort de dépasser les bornes de la décence, de la bienséance et des règles républicaines. Comment ne pas comprendre que des magistrats, des policiers et des journalistes ne s’interrogent pas en termes d’éthique, de droit et d’efficacité ? Jacques Attali dénonce les ridicules interventions policières délibérément, outrageusement et bêtement médiatisées... A quand des opérations, avec caméras et micros, contre la délinquance en cols blancs, contre le crime organisé, contre les réseaux mafieux ? Que dit Sarkozy du dixième anniversaire de l’Appel de Genève des magistrats ? Un pestiféré, Denis Robert ? Un « voyou » ? La pire des « racailles » n’est pas que dans les « banlieues »... Elle ne se réduit surtout pas au mot "immigré"...
4) Il a raison de tenter de répondre au besoin de sécurité des Français, mais sa dénonciation permanente de l’insécurité est un auto-constat d’échec personnel... C’est sa politique qui est en échec. Il en est coupable et responsable, et il se pose en victime et en héros... C’est Guignol au pays des « Guignols ».
5) Il a raison de dénoncer la banalisation de la violence et l’aggravation (l’escalade) de cette violence, mais peut-on briser la spirale de la haine et la violence en pratiquant d’une façon irresponsable l’amalgame, la confusion, et les petites phrases démagogiques qui font mal ? Quand le chef de toutes les polices devient le premier procureur dans les procès faits à la justice, ce n’est pas seulement la solidarité gouvernementale qui est en cause : c’est la République qui est contestée... Au plus haut niveau. Le Pen n’a rien à dire : il engrange sans rien faire. Et sa fille a raison de sourire... Monsieur Sarkozy ne roule-t-il pas pour eux, bien involontairement, d’une certaine façon ?
Comme le dit Dominique de Villepin, on ne peut pas se résigner à des débats (ou plutôt des conduites) de ce type : « Je me refuse à considérer qu’il y a une fatalité à ce que l’emportent la démagogie, le populisme, l’image. »
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