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Banques US : que faire des 2 000 milliards de dollars d’actifs toxiques ? Comment s’en débarrasser ?

Publie le lundi 19 janvier 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

La création d’une banque publique regroupant les actifs toxiques est à l’étude aux Etats-Unis.

Face à une aggravation de la situation du secteur bancaire, les pouvoirs publics américains envisagent la création d’une banque publique pour agréger les actifs toxiques des institutions financières. Il s’agit de l’une des hypothèses étudiées pour stimuler le crédit.

C’était peut-être la seule bonne nouvelle vendredi 16 janvier, entre les pertes de Citigroup et de Bank of America, et l’annonce de deux nouvelles fermetures de banques, l’une dans l’Etat de Washington et l’autre dans l’Illinois.

Le financier milliardaire Wilbur Ross, spécialisé dans la reprise d’actifs en détresse, a acquis 68 % du capital d’une petite banque de Floride, First Bank & Trust Company. Un petit signe encourageant pour les pouvoirs publics qui désespèrent de voir des investisseurs privés injecter du capital dans les banques américaines. Le Trésor vient d’être obligé d’intervenir à nouveau en renflouant de 20 milliards de dollars Bank of America, tout en garantissant près de 118 milliards de dollars des actifs de la banque.

Leur préoccupation est telle que l’hypothèse d’une banque publique, qui agrégerait les actifs toxiques des différentes banques afin de libérer leur bilan et rassurer les investisseurs, est en train de faire surface. « Beaucoup de travail a été fait sur une banque d’agrégation, afin d’aller plus loin sur la gestion des actifs illiquides », a indiqué lors de sa dernière conférence de presse le secrétaire au Trésor sortant, Henry Paulson.

Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale, y est favorable, tout comme Sheila Bair, présidente de la Federal Deposit Insurance Corporation, l’agence gouvernementale qui assure les dépôts. « Nous pensons qu’utiliser les fonds du Troubled Assets Relief Program de cette façon donnerait beaucoup de levier pour acheter des actifs en détresse », a-t-elle observé vendredi 16 janvier , suggérant que les banques qui céderaient leurs actifs pourraient également mettre du capital dans cette structure de défaisance.

L’une des hypothèse serait de financer la banque publique avec les fonds du TARP. Ainsi capitalisée, rapporte le « Wall Street Journal », elle pourrait elle-même émettre de la dette garantie par l’Etat afin de lever des fonds supplémentaires. La nouvelle entité serait chargée de gérer ses actifs dans l’objectif de les céder ou de les titriser quand le marché le permettra. Pour Sheila Bair, ils seraient intégrés à leur « juste valeur », celle à laquelle ils sont comptabilisés sur les livres de comptes.

On voit ainsi resurgir le scénario initial du TARP (Troubled Assets Relief Program), dont le Congrès vient de débloquer la deuxième tranche de 350 milliards de dollars, qui prévoyait dès le départ d’acquérir les actifs toxiques des banques.

Mais, dans un premier temps, le gouvernement avait finalement préféré utiliser la première tranche du TARP pour injecter directement du capital dans les banques contre une participation. Néanmoins, cela n’a pas suffi pour dégeler les marchés de crédits et cela n’a pas eu d’incidence sur la dépréciation des actifs à risques qui s’est poursuivie.

Qui plus est, un rapport du « Congressional Budget Office », publié vendredi, estime que les contribuables vont perdre 64 milliards de dollars sur le premier tiers des investissements réalisés avec l’argent du TARP.

La création d’une banque agrégeant les actifs toxiques n’est que l’une des hypothèses étudiées. Une autre façon de stimuler l’octroi de prêts, qui reste paralysé tant que les banques sont incapables de valoriser proprement leur bilan, serait d’encourager la titrisation de nouveaux produits en accordant un avantage à ceux qui y investissent. La Réserve fédérale l’a déjà conçu pour les prêts aux consommateurs et pourrait poursuivre sur d’autres domaines, comme l’immobilier commercial par exemple.

Enfin, un autre scénario à l’étude consisterait à laisser les actifs toxiques au bilan des banques, mais à étendre à toutes les institutions financières une garantie de l’Etat sur une partie de leurs actifs en détresse, comme cela a été fait avec Citigroup ou Bank of America. Mais il y a débat sur l’étendue de ce programme, étant donné la complexité de certains produits structurés.

La nouvelle administration qui entre mardi à Washington a donc plusieurs voies à explorer, mais le durcissement de la crise bancaire ne lui laisse que peu de temps pour exécuter un nouveau plan de sauvetage des banques.

http://www.lesechos.fr/info/finance/4820259-la-creation-d-une-banque-publique-regroupant-les-actifs-toxiques-est-a-l-etude-aux-etats-unis.htm

Messages

  • Le capitalisme virerait-il au socialisme ?

    Le concept d’Etat et la notion sous-jacente d’espace public sont des theses marxistes...

    Mais au fond n’y-a-t-il pas ce constat inevitable : nous partageons le meme espace temps, il est donc commun ! Commune, communiste ne sont pas des notions abjectes, seul l’usage qui en est fait peut l’être. Tout comme pour la notion de capitalisme, de liberalisme...

    L’objectif est de servir l’interet general :
     faire en sorte que le plus grand nombre puisse vivre avec un minimum vital : alimentation, sante, logement, culture, education...
     permettre aux elites de remplir leur fonction : diriger financierement, economiquement et politiquement un espace defini.

    Mais cela n’est pas si simple, les elites ont besoin des masses pour se renouveler et les masses ont besoin des elites pour survivre...

    Ne pourrait-on alors imaginer la notion de co-gouvernance ? Un espace conceptuel où les masses pourraient donner leur avis consultatif (elections, sondages...) et où les elites favoriseraient l’education et l’acces a la culture des masses afin d’assurer la releve...

    Je crois que la societe de demain sera une hybride de societe socio-capitaliste ou tous les interets seront pris en compte grace a la co-gouvernance. Mais ce n’est que mon avis et il y en a d’autres !

    • Il n’y a pas beaucoup d’autres moyens pour en sortir, quand il s’agit de satisfaire tout le monde et les intérêts vitaux de chacun dans un même laps de temps. Le défit actuel est de pouvoir marier la notion de "général" avec "particulier".

      C’est sûr que l’Etat est important, en tant qu’arbitre, à la différence du "tout laisser faire sans intervention de l’ Etat". Le libéralisme et son jumeau anarchiste, semblent avoir trouvé les limites de leurs conceptions politiques qui ne sont pas viables à grande échelle, pour cause de pagaille, de confusions, d’abus en tous genres, d’exploitation, d’inégalités criantes.

      Le citoyen doit se faire plus présent dans les prises de décisions à tous les niveaux, pour contrebalancer le poids de l’Etat. Mais est-ce faisable à grande ou petite échelle ? Je pense notamment à la Norvège qui fonctionne sur le thème égalitaire, mais ils ne sont que 5 millions d’habitants.

  • La FED a déja pris en pension de ces produits toxiques pour plus de 1000 milliards de dollars.
    Qu’est ce qu’apporte la création d’un organisme bancaire dédié a cela ?
    Dans tous les cas, c’est la collectivité qui donne de l’argent aux banques en échange de papier cul usagé.