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Bataille de juges à Givors : le magistrat Albert Levy face à Georges Fenech ancien magistrat
Publie le jeudi 5 octobre 2006 par Open-PublishingLégislatives : bataille de juges à Givors
Le magistrat Albert Lévy a accepté d’être le candidat des Verts aux prochaines législatives dans la 11ème circonscription face à l’UMP Georges Fenech, lui aussi ancien magistrat.
Pourquoi vous engager en politique ?
Albert Lévy : Franchement, même si je milite depuis des années à la Ligue des Droits de l’Homme et au Syndicat de la magistrature, je ne pensais pas du tout me présenter un jour à une élection. Mais en mai dernier, les Verts m’ont proposé d’être leur candidat aux législatives dans la 11ème circonscription, c’est-à-dire à Givors. J’ai alors longtemps hésité avant de m’engager, car cela représentait de nombreux sacrifices sur les plans familial et professionnel. Mais aussi financier, car je vais devoir me mettre en disponibilité de la justice à partir du 1er décembre.
Ce qui vous a décidé à accepter ?
En tant que magistrat, j’ai toujours été tenu à un devoir de réserve. En entrant en politique, je vais enfin pouvoir dire vraiment ce que je pense de la justice de ce pays qui est une vraie machine à broyer. Je n’hésiterai pas non plus à dénoncer la corruption généralisée qui touche les juges, les hommes politiques... Mais ce qui m’a convaincu, c’est surtout la possibilité de défendre les plus démunis, qui sont nombreux à Givors.
Vous êtes militant Verts ?
Je suis un sympathisant des Verts depuis longtemps, et j’ai adhéré en juin. Et puis j’ai souvent eu l’occasion de travailler avec des élus écologistes, notamment au sein du Centre d’initiatives de réflexion et de défense des libertés qu’on a créé à Lyon en 2004 à l’époque des lois Perben. De plus, les Verts ont surtout été les premiers à me soutenir dès le début de mes ennuis judiciaires en 1998. Et je leur dois cette fidélité.
Et pourquoi vous avez choisi de vous présenter face à un autre magistrat, Georges Fenech ?
Pour moi, c’est un hasard, car je n’ai pas choisi cette circonscription. Ce sont les Verts qui me l’ont proposée, en m’affirmant qu’elle était gagnable par la gauche. Tout ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est le bilan de Georges Fenech. Et j’ai l’impression qu’il s’est beaucoup plus intéressé à se mettre en avant avec sa loi sur le bracelet électronique, plutôt qu’à se battre pour tenter d’améliorer la vie des gens à Givors, un secteur particulièrement touché par la chômage, les problèmes de logement, avec aussi des défis écologiques majeurs comme la gestion des nombreuses friches industrielles.
C’est aussi un moyen de vous venger de l’insulte antisémite que Fenech a publiée dans sa revue en 1998 !
Pas du tout ! Je ne l’ai jamais considéré comme responsable des propos tenus par le magistrat Alain Terrail dans la revue de l’APM, le syndicat de magistrats dont il était président. D’ailleurs, il a eu le courage de quitter ce syndicat qui avait viré droite extrême, pour couper court à la polémique. Du coup, je ne me servirais jamais de cette histoire pour le déstabiliser. C’est sur le plan politique que je compte l’affronter.
Avouez que tout vous oppose !
C’est vrai que nous avons deux visions contraires de la justice. Lui est favorable à une répression aveugle, à la tolérance zéro. Alors que moi, je suis partisan d’une justice plus humaine qui protège les plus vulnérables... Car en 30 ans de prétoire, j’ai constaté que c’étaient toujours les mêmes, les plus démunis, qu’on retrouvait dans les tribunaux. C’est pourquoi je pense qu’il ne peut pas y avoir de justice sans justice sociale. Et je me battrai contre la société sécuritaire que nous préparent Nicolas Sarkozy et Georges Fenech.
Ça ne vous gêne pas d’être parachuté à Givors ?
J’habite à Lyon depuis huit ans et grâce à mon travail, je connais très bien le secteur de Givors. Et puis quand Georges Fenech s’est présenté en 2002, il n’habitait pas à Givors, ni même à Lyon !
Vous serez le candidat unique de la gauche au premier tour ?
Je l’espère car c’est avec une gauche unie qu’on peut battre la droite à Givors. Et je crois qu’au Parti socialiste, on n’est pas hostile à ma candidature, d’autant plus que normalement, cette circonscription devrait être réservée aux Verts.
Vous n’avez pas peur de vous prendre une claque face à Fenech ?
C’est vrai que j’arrive avec toute ma naïveté et ma bonne foi face à quelqu’un qui est beaucoup plus expérimenté que moi en politique. Mais je pense qu’aujourd’hui, les gens en ont marre de voir toujours les mêmes têtes. J’ai la faiblesse de penser que je suis capable d’incarner un renouveau et de redonner du sens à la politique. En tout cas, ma candidature est tout sauf une candidature “gadget”. J’ai envie de mordre et j’irai jusqu’au bout.
Propos recueillis par Aline Royer
Georges Fenech, le député sortant de Givors, a refusé de répondre aux questions de Lyon Mag.