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Baverez vous raconte notre avenir économique ds le temps (ch)
Publie le mardi 6 octobre 2009 par Open-Publishing2 commentaires
à lire ce conseiller de l’ombre de Sarkozy
« On a créé des monceaux de pouvoir d’achat fictif qu’il va bien falloir reprendre »
de Sylvain Besson
Economiste et conseiller informel du président Nicolas Sarkozy, Nicolas Baverez analyse la situation de la France et les conditions de la sortie de crise
Le Temps : La France vient de dévoiler un déficit budgétaire abyssal. Comment les Etats vont-ils pouvoir se défaire des dettes héritées de la crise ?
Nicolas Baverez* : Cette année va être décisive. Le pire est derrière nous, mais le plus difficile est devant nous. Le krach est cantonné, nous sommes sauvés, mais le coût du sauvetage est gigantesque. La dette publique des dix plus grandes économies mondiales atteindra 150% du PIB en 2015. Le bilan de la Réserve fédérale américaine est passé de 850 à 4500 milliards de dollars, dont trois cinquièmes d’actifs pourris. Les banques centrales ne peuvent plus réassurer quoi que ce soit, car leur bilan est gorgé d’actifs dépréciés. Nous avons créé un nouveau capitalisme d’Etat qui est un monstre, avec des banques énormes mêlant capitaux publics et privés, dont on ne peut même plus comparer les comptes, parce que chacune est libre d’évaluer ses actifs comme elle l’entend. On a encore très peu réfléchi à la manière de contrôler ces entités.
– Quand les Etats doivent-ils retrouver le chemin de l’équilibre budgétaire ?
– Cela va prendre du temps, mais plus tôt on commencera et mieux ce sera. L’Europe est devant un réseau de contraintes très angoissant : le vieillissement, la sous-compétitivité, la dette et une monnaie surévaluée. Chaque pays va devoir gérer ces paramètres à sa façon. A un moment, il va bien falloir diminuer les dépenses ou augmenter les impôts. La France présente un cas particulier : c’est le seul grand Etat développé à être entré dans la crise de la mondialisation sans avoir digéré le premier choc pétrolier. Son dernier budget à l’équilibre remonte à 1973, comme sa dernière période de plein-emploi. Elle souffre d’un secteur public très coûteux, à la productivité décroissante, d’industries
fragilisées – l’automobile, le luxe, le tourisme –, d’un chômage structurel qui nourrit la
demande de transferts sociaux, aujourd’hui équivalents à 34% du PIB.
– Les plans de relance mis en place par Nicolas Sarkozy permettront-ils de surmonter ces handicaps ?
– La seule façon de faire la bascule – de la relance au désendettement – c’est d’affecter les crédits de relance à la croissance potentielle. Malheureusement, il faut bien reconnaître que la France le fait de façon très marginale. Le seul moyen qu’elle a trouvé, c’est le grand emprunt. Le reste a surtout été affecté aux dépenses de fonctionnement. C’est calamiteux. On s’est écarté de la trajectoire initiale, qui était la bonne. Et on est en train d’ajouter des strates de dépenses sans aucune utilité économique, avec la baisse de la TVA dans la restauration, qui est de la pure distribution de pouvoir d’achat aux restaurateurs, pour trois milliards d’euros, ou le RSA jeune.
– On a le sentiment qu’au sein du gouvernement français, certains sont conscients de la nécessité d’assainir les finances publiques, mais n’osent pas le dire, parce qu’on le leur a interdit. Pourquoi ?
– Pendant la crise, il était normal et important de soutenir la consommation. On ne peut pas passer, en l’espace de quelques semaines, à une politique de désendettement qui risque de nous faire replonger dans la récession. La période qui s’ouvre est très délicate. Il va falloir appuyer à la fois sur le frein et sur l’accélérateur, augmenter les impôts sans casser la croissance. A travers la dette privée ou publique, on a constitué de gigantesques monceaux de pouvoir d’achat fictif, qu’il va bien falloir reprendre d’une manière ou d’une autre. C’est ce qu’a fait l’Allemagne avec les réformes
de l’agenda 2010. Son exemple montre que c’est tout à fait
possible.
– En France, cela risque d’être plus difficile…
– C’est plus difficile chez nous, parce que la France est droguée à la dépense publique depuis 1973. Mais dans tous les pays, on a consommé à crédit et la fête est finie. Il va falloir le dire, tout le problème est de savoir quand. Pour l’instant, il y a un consensus implicite entre les grands Etats pour ne pas le faire avant 2011. Obama ne le dit pas, même Merkel accepte des déficits aussi importants en 2010 qu’en 2009. La reprise est tellement fragile et hétérogène qu’ils pensent que c’est trop tôt pour changer de cap. Les Français avaient amorcé une prise de conscience lors
de la campagne présidentielle de 2007. Avec la crise, ils se sont retrouvés dans une situation
où il fallait faire de la dette comme jamais. La prochaine campagne présidentielle se
déroulera sur fond de dette publique équivalente à 100% du
PIB. Pour Nicolas Sarkozy, ce
sera le grand problème de la troisième partie de son
quinquennat.
*Nicolas Baverez est l’un des coauteurs de Crises, chaos et fins de monde, des Mayas au krach de 2008, Paris, Perrin, 2009.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1e3c9bb0-b1ef-11de-93ce-9622d9ac54e8|0





Messages
1. Baverez vous raconte notre avenir économique ds le temps (ch), 6 octobre 2009, 11:25
un extrait :
(..)
La seule façon de faire la bascule – de la relance au désendettement – c’est d’affecter les crédits de relance à la croissance potentielle. Malheureusement, il faut bien reconnaître que la France le fait de façon très marginale. Le seul moyen qu’elle a trouvé, c’est le grand emprunt. Le reste a surtout été affecté aux dépenses de fonctionnement. C’est calamiteux. On s’est écarté de la trajectoire initiale, qui était la bonne. Et on est en train d’ajouter des strates de dépenses sans aucune utilité économique, avec la baisse de la TVA dans la restauration, qui est de la pure distribution de pouvoir d’achat aux restaurateurs,
(....)
Même Baverez l’affirme (ndlr) !
(...)
pour trois milliards d’euros,
ou le RSA jeune. (...)
(ca ca coûtera moins), ndlr
2. Baverez vous raconte notre avenir économique ds le temps (ch), 7 octobre 2009, 11:56, par Sioux-man
Bonjour,
il semble que l’Islande, pays en faillite, refuse de payer sa dette, en tout cas de la façon dont l’exige le FMI, les pays-bas et la perfide Albion, détenteur de "lettre de créance" ou autres, vont tirer la tronche, ... va t ils envahir les viking ?
La Belgique est en faillite virtuelle, pareil la Lettonie... ou est-ce l’Estonie ? l’un des trois de la Baltique.
Le Royaume-Uni également, mais il se debrouillera, coupe dans l’éducation, la santé, le social ... heu non pas le social, yen a plus.
Les jours sombres arrivent ...
Portez vous bien.