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Belgrade : Exposition temporaire de la collection de photographies inédites du fond Jdanov

Publie le lundi 1er novembre 2010 par Open-Publishing
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Il n’est pas courant par les temps qui courent ces jours-ci à Belgrade de voir flotter où que cela soit un drapeau rouge orné d’un marteau et d’une faucille.

Meme si les forces de gauche semblent se reconstituer depuis quelques années, comme le suggère par exemple l’émergence d’une nouvelle presse eurocritique et anti-impérialiste, comme le journal "Petchat" (litt. le Tampon) par exemple,

article de Diana Johstone sur le mouvement des retraites en France repris par Petchat, n°138 du 29/10/2010.

il n’en reste pas moins que le haut du pavé est encore tenu par les stipendiaires des fondations Friedrich Ebert, Soros et autres NED et IRI. Ces derniers mettent un point d’honneur à étouffer par tous les moyens toute contestation du compromis capital-travail qui est le socle du dogme social euro-atlantique.

Couverture de Petchat moquant les tenants du pouvoir actuel en Serbie, tous inféodés aux dogmes européistes (trad. Les bébés de l’Europe)

Nul besoin de parler ici des intrigues des autres monarchistes et cléricaux qui verraient bien, eux, le rétablissement d’une monarchie constitutionnelle, seule possible garante à leur yeux, de la défense des intérêts capitalistes étrangers en Serbie.

Affiche d’une association d’extrême droite, réclamant le rétablissement de la monarchie.

Entre la musique de rue, comme celle de ces musiciens retraités faisant la manche contre quelque chant populaire serbe pour financer un énigmatique "projet professionnel" à l’étranger

et un appel, non pas à l’esprit ,mais à la grossièreté sexiste d’une certaine presse tapageuse,

le passant belgradois qui flâne dans la rue Knez Mihajla n’a plus qu’a se laisser entrainer dans la déraison consumériste par les vitrines des boutiques de luxes d’aujourd’hui, survivantes des émeutes du 10 octobre dernier, qui ont supplanté celles présentant les productions de la Yougoslavie socialiste pour offrir aux yeux de la précarité incarnée les icônes et fétiches d’une normalité prétendue ou factice.

"le savoir n’est pas une marchandise"

Malgré cela, les murs et le mobilier urbain adressent aux passants avertissements dérisoires et rappels désespérés à la réalité : ce monde là, celui des vitrines de luxe, n’est qu’illusion et spectacle.

"solidarité avec les travailleurs grecs !"

C’est pourtant dans l’une des rues les plus populaires de Belgrade que les passants ont pu contempler du 26 au 31 octobre une exposition de photographies inédites de la collection du Général V. I. Jdanov, libérateur de Belgrade en octobre 1944.

Une exposition qui démontre à quel point le destin de ce petit pays autrefois partie intégrante de la Yougoslavie, la Serbie,

est lié par les souffrances et les sacrifices à celui du peuple soviétique.

Cette exposition fait suite à une série de célébrations officielles qui se sont déroulées de 2009 à 2010 et qui ont permis de remettre les plats

sur cette bataille de Belgrade qui fut décisive dans l’offensive finale qui allait d’enserrer les forces hitlériennes dans un étau mortel.

parachutistes de l’armée Rouge devant l’immeuble Albanija à Belgrade, octobre 1944.

Ces clichés nous montrent un Belgrade exsangue, meurtri par un ultime combat contre les forces fascistes alors repoussées jusqu’à ce qui allait devenir le Front du Srem,

front qui allait lui aussi tomber et permettre la percée finale des troupes soviétiques et de la nouvel armée de libération yougoslave placée sous le commandement de Tito vers l’Autriche et le territoire de Trieste en Italie.

Que reste-t-il de cette épisode héroique de la grande guerre de libération qui allait bientôt laisser place à la Révolution yougoslave ?

Le promeneur pourra le découvrir dans le parc du Kalemegdan, autrefois forteresse ottomane, qui héberge aujourd’hui l’un des plus riches musée
militaire des Balkans ou l’histoire du mouvement insurrectionnel emmené par Tito est relatée en détail.

C’est d’ailleurs au Kalemegdan que reposent quatre des plus aimés héros populaires qui se sont illustrés dans cette période de terreur hitlérienne.

Les reliques imposantes de ce combat libérateur semblent aujourd’hui veiller sur l’avenir, comme ce tank soviétque T34/85 de l’armée rouge dont le canon pointe ostensiblement en direction d’un Ouest dont les desseins sont perçus par un nombre toujours croissant de citoyens de Serbie comme étant plus inquiétants qu’incertains.

Octobre 2010.