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Bercy beaucoup

Publie le lundi 2 avril 2007 par Open-Publishing

de Maurice Ulrich

En remplissant Bercy, 15.000 personnes ont donné hier un nouveau tour à la campagne populaire et anti-libérale de Marie-George Buffet.

15 heures. Où que l’on porte le regard, c’est plein. Du haut des gradins Bercy est un peu comme un chaudron avec au fond le rougeoiement des drapeaux. 15.000 personnes sans doute.

C’est toujours, fort, prenant, quand une foule se rassemble pour des idées, des valeurs, un combat. Il y a là des militants syndicaux, féministes, des jeunes, des salariés du public et du privé qui monteront ensemble sur scène ovationnés à chaque fois par de longues salves d’applaudissements.

La campagne de Marie-George Buffet n’est pas une campagne perso. La très grande scène est comme une plaque tournante de luttes, de valeurs où l’on monte avec drapeaux, pancartes et slogans.

Salariés d’Aulnay en grève depuis cinq semaines pour leurs salaires, salariés de LSG en lutte contre les suppressions d’emplois, cheminots, salariés d’EDF pour la défense du service public. Dans la salle, des milliers d’affichettes résument deux idées force. Augmenter les salaires, taxer les revenus du capital.

D’autres ont inventé leurs slogans. Celui-ci, joli jeu de mots : « Sarkozy, poison d’avril ». Pour Fanny, 23 ans, étudiante en sciences politiques, la candidate antilibérale porte un vrai projet de société. En même temps, dit- elle, « elle ne ferme pas la porte à gauche ». Pour Marielle, lycéenne, avec sa copine Sandra, « c’est la candidate qui représente les idées que je défends ». Mais encore ? « Les salaires, le logement, les profits du CAC 40 ». C’est une synthèse assez parlante.

Dans cette campagne âpre, où comme le dira Marie George Buffet « Il faudrait simplement renoncer à ce que cette élection soit un nouveau départ. Il faudrait renoncer pour s’adapter », Bercy étonne même des militants « Je n’en reviens pas que ce soit plein », confie l’un d’eux, tandis que d’autres se félicitent sans réserve d’avoir vu juste. Avez-vous la pêche ? lance la co-animatrice de l’après-midi, des milliers de oui résonnent sous l’immense voûte. Une clameur.

La pêche, c’est d’abord dès le début de l’après-midi Marcel et son orchestre qui l’ont. Avec eux, des centaines de jeunes qui dansent. Un batteur a des oreilles de lapin, un autre est en mini-jupe. Marcel, ça chauffe, c’est une évidence, mais là aussi le contenu y est. Antiracisme, solidarité avec les sans papiers, tentations sécuritaires, environnement : « Qui a mis le feu chez les pingouins ».

Et puis tour à tour, celles et ceux qui interviennent sur la scène vont aller dans le vif. « Par quel mécanisme pervers, dira une jeune femme, ingénieur EDF, pourrait t-on être amené dans une démocratie à voter pour une candidature qui ne défend pas nos interêts ? ». Jean-François Tealdi, journaliste, met à nu les choix des médias dominants, quand les thèmes sécuritaires masquent les questions de l’emploi, du logement. Maya Surduts évoque avec force les combats féministes dont le PCF est entièrement partie prenante. Autour du député européen Francis Wurtz, des députés et élus allemands, grec, italien, tchèque, une députée du Sinn Fein irlandais évoquent leurs combats, communs avec les idées portées par Marie-George Buffet.

Cette dimension européenne donne encore un nouveau souffle à la salle, comme la projection du film sur enfants de sans-papiers “Laissez les grandir ici”. L’émotion est palpable. Comment dire alors celle qui passe quand Odette Nilès lit la lettre du jeune communiste fusillé par les nazis à Chateaubriand, Guy Moquet, dont Nicolas Sarkozy avait voulu se réclamer.

« Vous êtes là », lance Marie-George Buffet dès les premiers mots de son intervention et après une formidable ovation de plusieurs minutes. « Ne vous laissez par voler cette élection présidentielle, dira t-elle encore (...). Ne soyons pas tétanisés par Sarkozy and co ». Elle concluera « Rassemblons nous et nous créerons l’évènement dont la France à besoin pour trouver le chemin d’une autre politique ». Bercy hier, c’était déjà l’évènement.

“L’humanité”

Dans Témoignages du 02 04 2007