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Berlusconi : Le Premier Ministre annonce l’amorce du retrait

Publie le mardi 12 juillet 2005 par Open-Publishing

Berlusconi surprend sa majorité : "En septembre le rappel des 300 premiers soldats italiens d’Irak. C’était une décision déjà prise, sur laquelle les attentats de Londres n’ont pas pesé. Il s’agira d’un retrait graduel et concordé. La mission continue"

L’Union se méfie. Les Ds : "Assez d’annonces. Que le premier ministre illustre au parlement sa stratégie". Les Verts : "Berlusconi bluffe"

Fausto Bertinotti : "Quelle que soit la responsabilité d’un gouvernement, rien ne justifie le parti du terrorisme"

de ANDREA COLOMBO traduit de l’italien par karl&rosa

Le retrait des troupes italiennes d’Irak commencera en septembre, avec le retour en Italie des 300 premières unités. Silvio Berlusconi l’annonce de Gleneagles, mais il essaye de faire passer son mini changement de cap comme de l’administration ordinaire.

Il débute en effet en jurant que "sur le retrait rien ne change". "La mission - poursuit-il - continue, parce que les engagements sont tenus". Il ajoute que la guerre des terroristes "est une guerre contre l’occident", que l’Italie est certes exposée au risque d’attentats et que lui en personne "avec Bush et Blair" est le plus exposé de tous. Peu après, le ministre de la Défense Martino confirmera lui aussi la "reconfiguration quantitative du contingent italien en Irak". Il n’existe aucun lien avec les attentats de Londres. "Ils ne changent rien", assure le premier ministre. L’amorce du retrait italien a déjà été discuté plusieurs fois avec Bush et Blair et il s’agira d’un "retrait graduel et concordé".

En effet, il y a quelques mois, à l’émission télé Porta a Porta, Berlusconi avait parlé d’une possible amorce du retrait à partir de septembre. Mais il avait démenti ensuite qu’une date précise pour le rappel en Italie du premier groupe de militaires existât. L’annonce d’hier a donc tous les effets d’une nouveauté et c’est en effet ainsi que semblent la considérer les leaders politiques de la majorité et de l’opposition qui la commentent. Le plus enthousiaste est Calderoli, de la Ligue Lombarde : "Berlusconi a lu dans ma pensée. Les raisons qui m’avaient poussé à considérer terminée la mission en Irak sont les mêmes qui ont poussé le premier ministre à annoncer le retrait de 300 hommes. Nous ne sommes pas l’Amérique, nous ne pouvons pas nous permettre des opérations de police internationale puisque, entre autre, nous devons penser à nous défendre chez nous".

L’enthousiasme de Calderoli est facile à comprendre. Hier, dans un article publié par la Padania, il avait été le seul ténor de la Casa delle libertà (la majorité gouvernementale, NdT) à s’exposer en demandant le retrait des troupes. Certes, la demande était accompagnée par des rugissements au pur style padan, du genre : "Au terrorisme, on ne répond pas en tendant l’autre joue, mais par la loi du talion", ou "L’Islam doit être mis hors la loi" tant qu’il ne reniera pas "ces parties de sa pseudo doctrine politico-religieuse qui exaltent la violence". Mais, après le grondement, le ministre des Réformes se déclarait sans ambiguïté favorable au retrait des troupes. "Que faisons-nous donc dans un pays qui ne veut pas de nous ?" - expliquait-il en commentant son article hier matin.

De Gasparri [Ministre des Télécommunications, Alliance nationale, NdT] ("Retirer les troupes serait une erreur") à Follini [secrétaire de l’Union des démocrates chrétiens, alliée de Berlusconi, NdT] ("Parler de retrait serait une erreur stratégique") au porte-parole de Forza Italia Biondi ("Il n’est pas opportun d’annoncer le retrait après ces attentats sanglants"), toute la Casa delle Libertà l’avait isolé et désavoué. Le coup joué en surprise par le premier ministre a donc pris de court tout le monde ou presque, même si le seul à l’admettre est un autre ministre de la Ligue, le garde des sceaux Castelli, sur des positions qui, pour une fois, sont à l’opposé de celles de Calderoli : "Si les nouvelles sur ce qu’a dit Berlusconi correspondaient à la réalité, nous donnerions un signal clair de faiblesse, mais je suis de l’avis qu’elles sont inexactes".

Elles sont, au contraire, très exactes et révèlent dans leur ambiguïté comment le premier ministre italien est en train d’essayer de jouer un double jeu dans la sanglante comédie irakienne. D’un côté, il veut apparaître ferme et prêt à tout comme ses amis Bush et Blair et il le fait en affirmant que la "mission continue". Mais de l’autre il se rend compte à quel point cette guerre est impopulaire dans son pays et, de plus, il s’inquiète - et on le comprend - du risque d’attentats en Italie. Et il annonce donc l’amorce du retrait.

De toute façon l’opposition, même si elle le fait sur des tons légèrement diversifiés en son sein, ne semble pas envisager de modifier d’un iota ses positions suite à l’annonce du premier ministre. "Il s’agit là d’un bluff de Berlusconi - répliquent les Verts Pecoraro et Cento. Le non de l’Union [centre gauche, NdT] à la mission doit être compact". Sur la même ligne, Refondation et le Parti des communistes italiens, qui a l’intention de présenter une nouvelle motion sur le retrait immédiat. La ligne des Ds est plus nuancée : Chiti demande au premier ministre "d’arrêter avec les annonces et de dire clairement au parlement s’il a une stratégie". Et Fassino clarifie : "Nous voterons non au refinancement". Mais au-delà de cette ligne du Piave tout est à vérifier. "Voter non à la mission - explique en effet Fioroni pour la Marguerite (démocrates-chrétiens faisant partie du centre gauche, NdT) - ne signifie pas approuver le retrait immédiat des troupes, qui ne résoudrait pas les problèmes de l’Irak".

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