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Berlusconi rattrapé par les conflits d’intérêts ?
Publie le dimanche 10 septembre 2006 par Open-PublishingItalie . En dépit des résistances, le centre-gauche semble décidé à empêcher le cumul de responsabilités dans le privé et dans les affaires publiques.
de Alessandro Mantovani Rome
Romano Prodi affiche sa détermination : « Nous ferons au plus vite - annonce-t-il - la loi sur le conflit d’intérêts ». C’est le thème majeur des douze dernières années de la vie politique italienne, depuis « l’entrée sur le terrain de jeu » de Silvio Berlusconi, titulaire d’un empire financier et propriétaire de trois chaînes télévisées commerciales sur quatre. « Cette fois-ci, je ne m’exposerai pas aux mêmes reproches que ceux que j’avais reçus dans le passé », rajoute Romano Prodi, dont le premier gouvernement, entre 1996 et 1998, avait renoncé à légiférer sur cette grande anomalie italienne, à la suite d’accords avec le centre-droit, le « parti entreprise » berlusconien.
La voie du projet de loi sur le conflit d’intérêts, qui s’ouvre mercredi 13 septembre à la commission affaires constitutionnelles de la Chambre des députés, semble cependant toujours étroite. La majorité de centre-gauche est divisée. Il n’existe toujours pas de texte accepté par l’ensemble des partis : le ministre de la Justice Clemente Mastella, leader de l’Udeur, est résolument opposé à une mesure qui frapperait Berlusconi de manière efficace, mesure réclamée pourtant par plusieurs secteurs du centre-gauche et, en termes très « militants », par son collègue Antonio Di Pietro, ancien procureur anti-corruption et actuel ministre des Travaux publics.
Le projet déposé au Parlement prévoit que tout entrepreneur possesseur d’actifs financiers au-delà des 10 millions d’euros, soit obligé, avant d’accéder aux plus hauts mandats de gouvernements, de choisir entre la vente de ses activités et leur cession à un « blind trust », sous la garantie d’une autorité indépendante jusqu’à expiration de son mandat d’élu gouvernemental.
Cette mesure seule est considérée comme insuffisante par Di Pietro et par ceux qui réclament, en même temps, une nouvelle loi contre les concentrations dans le secteur des médias. Mais aussi par le gouvernement dans son ensemble, qui, vendredi 1er septembre en dépit de l’opposition de Mastella, a approuvé plusieurs amendements, rendant réellement incompatible l’exercice de charges publiques et la représentation d’intérêts privés.
Les résistances toutefois sont fortes - Prodi lui-même assure qu’« il ne s’agira pas d’une loi contre Berlusconi » -, d’autant plus que le débat se croise avec celui sur les nouveaux directeurs des antennes télés publiques (la RAI) qui prendront la place des hommes placés aux postes clés par le gouvernement Berlusconi. D’où un sentiment de confusion au centre-gauche sur cette affaire.
La position de l’actuelle opposition de centre-droit est en revanche très claire : « La gauche veut empêcher Berlusconi de faire de la politique », dénoncent les tenants de Forza Italia. Ils se préparent à faire barrage à toute modification de la loi Frattini qui autorise Berlusconi à confier la gestion de ses entreprises à ses enfants et à ses fidèles.