Accueil > Besson, chouchou de l’ouverture
de Azzeddine Ahmed-Chaouch
Pour ses anciens camarades du PS, il reste le « traître » qui a quitté Royal pour Sarkozy. Peu connu du grand public, le secrétaire d’Etat chargé de la Prospective est de plus en plus apprécié à droite. Notamment pour son « envergure intellectuelle »...
A GAUCHE, ses anciens amis ne lui ont toujours pas pardonné son départ pour l’ennemi. Mais, à droite, ses nouveaux camarades se bousculent pour encenser l’homme qui, en pleine campagne présidentielle, avait quitté Royal pour rejoindre Sarkozy. Un an après sa nomination au secrétariat d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique, Eric Besson s’est fait sa place dans son nouveau camp...
mais il intrigue toujours. Qui est vraiment le ministre Besson ?
Des soutiens de poids. Son principal allié n’est autre que le chef de l’Etat. Dernièrement, alors qu’il évoquait en petit comité ses ministres d’ouverture, Nicolas Sarkozy a insisté sur le cas de l’ex-socialiste. « Besson ? C’est une très bonne recrue. » Au gouvernement, il a réussi à tisser de nouvelles amitiés avec certains collègues. « Il s’entend à merveille avec Xavier Bertrand, assure une collaboratrice de Besson. Fillon l’apprécie beaucoup et Rachida Dati aime travailler avec lui. » « Le moins que l’on puisse dire est que je n’ai pas été accueilli avec hostilité », confirme l’intéressé.
Un hommage plus surprenant vient de Patrick Devedjian, le secrétaire général de l’UMP, qui avait pourtant raillé l’ouverture. Il souligne « l’intelligence au-dessus de la moyenne » du secrétaire d’Etat. Quant à Jean-François Copé, il ne cache pas qu’il « apprécie sa compétence ». Le patron du groupe UMP à l’Assemblée ajoute même, amical, que Besson « vaut mieux que son poste actuel ». Enfin, il s’est rapproché de Fadela Amara, récemment invitée d’honneur de son cercle de réflexion, les Progressistes. Pour autant, Besson refuse de verser dans l’angélisme : « Un collègue m’a conseillé de faire des choix, confie-t-il. On ne peut pas s’entendre avec tous les ministres, car tous ne s’entendent pas entre eux. »
Un rôle flou. Son portefeuille est très modeste, même si son entourage affirme qu’il gère des dossiers de « première importance ». Besson est officiellement chargé de trois missions : la prospective, le numérique et l’évaluation des politiques publiques (voir encadré) . Sur ce dernier point, ses camarades du gouvernement avaient peu apprécié l’idée d’être « notés » par un nouveau venu. Il risque aussi d’irriter ses collègues en empiétant sur leur territoire. « Je ne marche pas sur leurs plates-bandes, je suis celui qui pilote des projets », assure-t-il prudemment.
« Je n’y vais pas par quatre chemins »
Des méthodes parfois décriées. Il l’avoue lui-même : « Quand je chope quelqu’un, je lui dis en face ce que je pense. Et quand ça ne va pas avec cette personne, je n’y vais pas par quatre chemins. » Pour preuve, cette anecdote qu’il rapporte à propos de Donzères, la ville de la Drôme dont il est maire. « Un ancien conseiller municipal dit bonjour à tout le monde, mais ne me tend pas la main. Comme je lui demande à quoi il joue, il me répond : Je n’ai jamais serré la main d’un mec de droite. Alors, j’ai dû lui lancer une phrase un peu vulgaire du genre : Barre toi ou je vais t’en coller une . »
Un manque de souplesse qu’un de ses ex-collaborateurs, resté en place deux mois, décrit dans un pamphlet anti-Besson*. Cinq conseillers et une secrétaire ont quitté le cabinet depuis son installation au 35, rue Saint-Dominique (Paris VIIe). Au sein de son club politique des Progressistes, il y a aussi des départs. Certains membres du bureau ont préféré rejoindre Gauche moderne, le mouvement de Jean-Marie Bockel, autre secrétaire d’Etat (à la Défense) venu du PS...
* « Du journalisme au cabinet d’Eric Besson », par Henri Weill (Pascal Galodé Editeurs).
Messages
1. Besson, chouchou de l’ouverture, 29 mai 2008, 22:02
C’est pas trop difficile, vu l’état intellectuel à droite !
2. Besson, chouchou de l’ouverture, 31 mai 2008, 22:54
Intéressant article. Le livre que vous évoquez ou un ancien conseiller parle Besson est lui aussi très très intéressant