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Birmanie : Kouchner doit démissionner.

Publie le dimanche 30 septembre 2007 par Open-Publishing
16 commentaires

de Maxime Vivas

Dans une déclaration au quotidien le Monde en juillet 1996, l’opposante aux militaires birmans Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991, avait placé Total au premier rang des soutiens dont bénéficie le régime de Rangoon.

L’opposition birmane demande depuis 1990 à la communauté internationale de ne pas aider les généraux putschistes à se maintenir au pouvoir. Comment ? En coupant les pompes à finances. Il faut en effet savoir que l’armée birmane absorbe 40 % du budget du pays. Elle compte 400 000 hommes et ne cesse de se moderniser. Pourquoi une armée si importante, alors que la Birmanie ne se connaît pas d’ennemi extérieur ? Pour mater l’ennemi intérieur, son propre peuple.

L’Union Européenne, l’ONU et même les Etats-Unis, ont pris depuis des années des résolutions à l’encontre de la junte. Plusieurs multinationales, craignant d’être éclaboussées (ce qui nuit au bisness), ont quitté depuis longtemps la Birmanie en invoquant le « manque de démocratie ». Citons : Texaco, Atlantic Richfield, Arco, Pepsi Cola, Levi’s, Interbrew, Carlsberg, Heineken, Reebok, C & A, Hewlett Packard, Eastman Kodak. D’autres, comme Unilever, ont cité la Birmanie comme étant un pays où ils ne feraient pas commerce. Il en va de même de Shell et Exxon.

Le pétrolier Total est resté sur place. Le Figaro du 27 septembre 2007 nous rappelle que : « présent depuis 1992 en Birmanie […] le groupe pétrolier a massivement investi dans l’exploitation du champ gazier de Yadana… »

Après d’autres, le Docteur Sein Win, un des chefs de file des opposants, vient d’accuser Total de bénéficier, au moins indirectement, des services d’une main-d’œuvre forcée fournie par la junte militaire. Il a déclaré le 27 septembre 2007 sur RMC : « Selon nos informations, les militaires utilisent le travail forcé. Bien sûr Total dit le contraire, mais il y a forcément quelque chose de ce genre ».

En 2002, la société Total avait fait appel au consultant privé Bernard Kouchner pour démentir ce genre d’imputations. Dans un rapport payé 25 000 euros, Kouchner avait affirmé que les accusations contre Total étaient erronées. Selon lui, la compagnie pétrolière, contrairement à ce que certains esprits « mal informés » ont pu supputer, avait en réalité lutté contre le travail forcé en Birmanie. Péremptoire, il affirmait également : « Je suis sûr à 95 % que les gens de Total ne sont pas capables de faire ça ». Des enfants esclaves ? Que nenni car « les tuyaux des pipe-lines sont trop lourds pour être portés par des enfants » (sic).

En novembre 2005, coup de théâtre : Total décida d’indemniser les esclaves dont Kouchner prétendait qu’ils n’existaient pas.

En effet, afin d’éviter un procès, Total accepta de verser 10 000 euros à chacun des sept Birmans qui l’accusaient d’avoir été contraints de travailler gratuitement pour elle sous la menace de l’armée birmane en 1995. Ces exactions ont eu lieu en 1992-1998 sur le chantier du gazoduc Yadana construit par Total et une compagnie américaine pour relier un gisement maritime birman à la Thaïlande. Total accepta aussi de consacrer 5,2 millions d’euros à l’indemnisation d’autres personnes qui pourraient justifier d’un emploi comme travailleur forcé et à des « actions humanitaires collectives pour l’habitat, la santé et l’éducation ».

La raison pour laquelle le président Sarkozy prend aujourd’hui ses distances tient aux possibilités d’une chute de la dictature militaire birmane. Il y a déjà plus de dix ans, Aung San Suu Kyi a prévenu que les sociétés ayant collaboré avec la junte seraient évincées d’une Birmanie libérée. Le marché birman risque de nous être fermé à cause du comportement d’une de nos entreprises, blanchie par un de nos politiciens.

Et si Nicolas Sarkozy s’exprime lui-même sur le sujet, cela tient, certes, à son activisme qui le pousse à occuper tous les postes, mais aussi au fait que son ministre des Affaires étrangères est discrédité. Dans ce cas d’espèce, on se réjouira que le Président de la République française parle en lieu et place d’un membre du Gouvernement.

L’intérêt du pays, de la classe politique, de la morale, de la vérité, de la lutte contre le travail forcé, serait que Kouchner démissionne ou soit démissionné.

Messages

  • Voila un objectif valable.

    Cet homme qui menace d’une extrême violence l’Iran, discute avec un occupant bushien de l’Irak qui il convient de virer ou de mettre comme 1er ministre, cet homme qui a accouché de ce bien bizarre témoignage d’honorabilité pour Total en Birmanie, doit s’en aller.

    Le virer serait une indication , modeste certes, mais une indication que la honte que cet homme inflige à son peuple devient difficilement supportable.

    Alors bien sur, on va me dire que Sarko est derrière . N’empêche faire tomber l’homme qui appelle à la brutalité, qui menace, qui a servi de caution morale à une multinationale tombée dans une drôle d’affaire, est juste et bon. Un message et un signal, pour les peuples du monde et de la France qui s’inquiètent de l’existence à un tel niveau gouvernemental d’un tel personnage.

    Il doit être viré ou il doit démissionner.

    Virer Kouchner est une œuvre de démocratie et de liberté !

    Merci Maxime,

    dehors Kouchner !

    Copas

    • ... Kouchner ne suscite en moi aucune sympathie. Mais vraiment aucune.

      Son arrogance, son sens de l’égo, de l’arrivisme, et du m’as-tu-vu est, proprement, insupportable. Ses choix (ou reniements-trahisons) politiques aussi. Pour le moins.

      Mais son éviction du gouvernemnet rendrait-il celui-ci plus propre (ou moins sale) ?
      Se venger de Kouchner ne serait-il pas maladroit ?

      Sébastien (PCF)

    • On en ferait pas moins un exemple.

      Kouchner est en chef de file de l’hyper-agressivité des néo-cons français. Son éviction est affaire de morale nécessaire, de justice. Elle pose la question de la responsabilité individuelle si chère au bourgeois de Neuilly. Elle ne résout pas tout, loin de là, mais il faut bien commencer par quelque part.

      Contraindre ce gouvernement Sarko à le sortir en fera un peu un exemple pour les autres candidats à ce rôle et les rendra un peu plus précautionneux.

      Enfin, entre multiples raisons, nous devons demander qu’il soit viré pour nos amis Birmans, nous devons au moins cela à ces peuples. Et si il y avait une seule raison au licenciement de ce ministre, cette dernière suffirait. Un devoir sacré si on veut.

      Copas

    • En premier à mon avis il faut faire monter la mayonnaise , afin de franchir le mur médiatique , pas simple, Ockrent et compagnie, verrouillent un max !
      L’enjeu n’est pas mineur , depuis des années on nous presente Kouchner comme un chouchou des français ( propagande) . Si ce type tombe pour une raison d’éthique , imaginez la baffe pour tous les , présents, futurs stars peoples qui voudront jouer les humanistaux-liberaux , les coulisses du spectaculaire pour uns fois, à la vue de tous les citoyens !

      La bataille va être très dur, le PS et ses satellites vont t-ils bouger, bloquer , desamorcer , ?

      Chiche, Pourquoi pas, une manif place des droits de l’homme , pour réclamer sa démission avec des arguments tracts contre lui ses complices et Total etc.. ?

      Boris

    • ... Bon.Soit. Peut-être bien. J’ai simplement peur que Kouchner ne devienne martyr-objet de vengeance. On est tant et tant à vomir ce type !

      Sébastien

    • T’as tout compris de l’enjeu .

      C’est une bataille qui ressemble à une poupée russe.

      Copas

    • T’inquiètes, à chaque fois qu’il jouera au martyr on lui rappellera le sort des travailleurs forcés du pétrole, nos frères birmans.

      Ca relativisera le calvaire de St Kouchner....

      Copas

  • Kouchner n’a pas été élu, il a été "missionné" par Sarkosy.

    C’est donc du domaine du religieux, le pasteur Kouchner ira-t-il jusqu’au bout de sa mission redemptrice ?

    S’il est viré, c’est effectivement une partie de la stratégie de Sarkozy qui est mise à mal.

    Donc le plus vraisemblable, c’est qu’il soit mis à l’écart, en attendant...

    jyd.

    • Je trouve les arguments contre Kouchner assez mauvais, il faut virer Kouchner sans arguments, il ne le mérite pas.

      Al.

    • Pas d’arguments à produire ! Ca , c’est la meilleur façon de lui rendre service ! Il est toujours ami avec Jospin , ils se voient dans les même pinces fesses people, même si ils semblent un peu faché pour la façade ! L’enjeu de dénoncer son parcours, sa politique, ses magouilles, est énorme , au regard des bienfaits collateraux , car il n’était pas tout seul à décider ! C’est toute la politique de la gôche libérale depuis 30 ans qui est visé !

      Ca va vraiment être difficile !

      Boris

    • Laisser le se ridiculisé en paix le monsieur sac de ris, gouverneur du Kosovo et promotteur en France du secteur Humanitarium buiseness compagnie.
      Son concept qui perd de son sens au yeux de la France, du monde est un bol d’air pour les damnés de la terre.
      Enfin peut etre beaucoup vont comprendre que l’ange etait en fait le diable.
      Encore monsieur le ministre svp, continuer svp a etre cons.
      J’allait pas lui souhaité bonne réussite a ce marchand de pompes funebres.

      Jef

    • Non, rien ne se fait sans travail, il faut mener campagne pour le sortir.

      Il a estimé que la démocratie et les droits de l’homme devaient rester en dehors des affaires, et des puits de pétrole.

      Les travailleurs birmans payent sans arrêt les protections et témoignages de moralité dont bénéficient des multinationales et leurs marionnettes militaires locales, dans leur pays.

      Les travailleurs en France ont là une responsabilité particulière envers les travailleurs birmans.

      Parce que nous sommes pour les droits de l’homme, partout, même et surtout dans l’enceinte de chantiers de travail, nous nous opposons à cet homme.

      L’homme est totalitaire .

      Il doit être viré. Ou avoir un dernier sursaut humain et démissionner.

      Copas

    • merci à cet article qui remet en mémoire des faits accablants contre le VRP de luxe Kouchner qui , à l’instar d’un certain le pen n’avait trouvé rien à redire lors d’un voyage en afrique du sud alors que l’apartheid sévissait.
      Kouchner a tenté de nier l’évidence mandaté par les puissances du fric.
      La France pays des droits de l’homme ?, la France quatrième puissance économique mondiale prete à tenir son rang dans l’oligarchie du pétrole quitte à mandatter des bouffons pour nier l’évidence (à grands coups de sac de riz). Comme il est bon dans son rôle de VRP et que seule la grosse commission l’attire (comme les mouchams) il vend ses services à Sarko. Un homme de conviction.

    • Tout le monde est émerveillé par ce gouvernement "ouvert" sur la gauche mais sarko a menti lors de sa campagne, il n’a jamais parlé de prendre dans son gouvernement des socialos à la mord moi le noeud, donc Kouchner n’a pas sa place dans ce gouvernement.

      je suis étonné de voir que personne, parmi les sarkosiens, ne se sent trahi par ces appels "à gauche" alors que les électeurs ont voté pour Sarko avec sa vision rectiligne et non pour Royal.

      Ouilya

    • Si si ils se sentent trahis, c’est autant de mangeoires en moins...

      Mais , bon, pour le capital ils sont près à se "sacrifier"....

      L’UMP est un ramassis de godillots caporalisés... C’est à l’image de leur pensée et de leur monde qui est vertical : Un chef , des barons (avec des luttes de cliques pour les baronnies), et la piétaille qui court à côté des montures des "saigneurs".

      L’inverse de nous quoi.

      Kouchner là est dans un rôle de mélange de fou du roi et d’argousin brutal, même si il s’imagine être autre chose (ministre par exemple). Enlever le fou du roi et son porte coton argousin, c’est un peu mettre le roi à nu.

      Copas