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DI SAK NA POU DI
C’est avec une incroyable désinvolture que les cadres dirigeants de MARON ont fait connaître par voie de presse leur choix tardif d’un ralliement à la majorité de la LCR et à la candidature d’Olivier Besancenot. A la lecture du journal “Témoignages” du 4 décembre, elle est le choix d’un sang neuf opposé à un légitime ras-le-bol face à la situation politique et sociale en France et à La Réunion. Ce retournement s’accompagne d’un premier regret de la candidature unique à gauche rendue impossible à leurs dires par l’attitude du PS. Pour faire bonne mesure, ils en ont ajouté un deuxième dans l’absence de candidat unitaire à gauche du PS qu’ils n’expliquent d’ailleurs pas. Le tout a été recouvert d’un jugement quant au caractère globalement positif du vote antilibéral quel qu’il soit. C’est un point de vue mystificateur hypocrite qui nie l’importance d’une recherche d’unité à vocation majoritaire parmi les antilibéraux.
Ce que ne disent pas les dirigeants de MARON, c’est qu’ils viennent de changer de politique. Ils auraient pu se rallier aux majoritaires LCR et à Besancenot depuis bien longtemps, dès le moment où ceux-ci avaient décidé de faire cavalier seul et infligé un premier refus, une première blessure au camp unitaire antilibéral en France. Les minoritaires de la LCR en avaient décidé autrement, et il était de notoriété publique pendant des mois et des mois qu’ils étaient soutenus par les cadres de MARON. Ici, à La Réunion, ce n’est qu’à la dernière minute, juste avant le choix national visant à départager les candidats à la candidature à Paris, qu’a eu lieu le virage intervenu. Personne n’a la moindre idée du motif réel ou immédiat de la frénésie diviseuse en œuvre... Nous le saurons toujours assez tôt et cela n’a pas une importance réelle.
Ce qui est plus ennuyeux, c’est que MARON a conduit des militants de rhétorique traditionnelle trotskiste à s’aligner sur le mode de pensée dominant dans la classe politique bourgeoise réunionnaise, son proverbial irrespect de la parole donnée, son mépris de toute forme de fidélité à un engagement contractuel public de principe : ils ont “oublié” leur signature individuelle de l’appel “URGENCE” pour lequel ils s’étaient prononcés sans que nul ne les en ait particulièrement sollicités.
Disons les choses franchement, MARON a déserté le camp unitaire anti- libéral à La Réunion et trahi ses amis minoritaires de la LCR à Paris à la veille d’un combat central. Ce n’est pas en agissant ainsi que l’on donnera à la jeunesse et au peuple réunionnais l’idée spontanée d’un quelconque intérêt à la menée d’une action politique antilibérale conséquente.
MARON, chacun le sait, insiste souvent plus que de raison sur le thème identitaire réunionnais. Qu’il se rassure, il vient de démontrer à tout un chacun combien il appartient à la classe politique dominante locale. Il partage sa culture, son absence d’éthique politique, pas sa domination.
Qu’ils soient républicains, alternatifs ou révolutionnaires, notamment de tradition trotskiste, les militants antilibéraux de gauche dans l’île ont besoin de pouvoir travailler ensemble sans avoir à craindre sans cesse qu’une trahison ne les attende au détour du chemin. Sobrement, l’idée s’impose que le départ des militants de MARON, tels qu’ils sont, est affligeant ; celui de la plupart de leurs dirigeants n’est jamais rien d’autre qu’une bonne nouvelle pour qui que ce soit relevant d’un minimum de sens moral. Bon vent, camarades !
François Esquer,
Porte-parole de ESPOiR ; Les Alternatifs, ROUGES ET VERTS, Ile de La Réunion.