Bruxelles-15 Octobre : YES WE CAMP

Ce week-end du 15 Octobre restera gravé dans ma mémoire toute ma vie, j’ai pensé que c’était bien de le partager...

Vendredi 14 au soir

Aux abords de l’université un panneau lumineux nous souhaite la bienvenue et nous indique le chemin à suivre. Le bâtiment est impressionnant, toutes les fenêtres sont ornées de cœurs, de messages de paix et de banderoles, la musique nous guide jusqu’à l’entrée. Dehors ils sont une vingtaine à discuter, chanter ou jouer de la guitare, survolés par d’immenses bulles de savon aux reflets irisés. Dans le hall principal toutes les ambiances se mêlent, un point info s’est mis en place pour accueillir et orienter les nouveaux arrivants.
Du sous-sol aux étages une joyeuse effervescence, à la cafétéria des groupes s’organisent pour nourrir les quelque 500 personnes déjà présentes tandis que dans la bibliothèque des ateliers créatifs se forment pour s’affairer aux banderoles et autres accessoires pour la manifestation du lendemain, ce qui permet à chacun d’exprimer sa créativité.
L’ambiance est à la fête, chacun ajoute son petit grain de sel pour que tout se fasse dans la musique et la bonne humeur.

L’université ayant des problèmes de tuyauterie il n’y a pas d’eau. Qu’importe !des toilettes sèches sont installées à l’extérieur.. Les repas ont quand même été assurés toute la semaine pour environ 350 indignés

Vers 23h des cris, des chants et des applaudissements s’élèvent de la rue et des fenêtres pour accueillir un car de Hollandais. Dans l’amphithéâtre l’assemblée se prolonge, il est important pour tous de trouver un consensus pour chaque problème posé, ça demande beaucoup de temps et de patience.

Nous serons un millier à occuper le bâtiment pour la nuit.

Samedi matin.

Après une longue nuit l’université se réveille doucement, la marche doit partir en début d’après-midi, il reste les préparatifs de dernière minute qui se font au soleil.

À 13h nous quittons le parc Élisabeth, le nombre de manifestants nous semble faible , nous ignorons qu’il y a plusieurs cortèges. L’ampleur du mouvement ne se révèle qu’une fois tous les groupes réunis. Selon la police nous sommes de 7 à 9000 la réalité est plus proche de 10000.

Sous le soleil, La musique et l’enthousiasme rythment la marche à travers Bruxelles sans incident majeur à déplorer pour atteindre le parc du cinquantenaire en début de soirée. Très vite nous obtenons l’autorisation de camper, aussitôt des dizaines de tentes fleurissent sur les pelouses du parc.

Il faut s’organiser car la police a profité de la manifestation pour vider l’université, expulser ceux qui s’occupaient du média centre et se débarrasser de la nourriture suite à l’arrêté préfectoral du matin.

Certains passent la nuit autour de petits feux de camp faute d’avoir pu récupérer leurs affaires, quelques généreux bruxellois viennent nous apporter des vivres et même des pâtisseries.

La nuit s’annonce froide mais la chaleur humaine ambiante nous réchauffe le cœur.

Dans la soirée un camion transformé en écran géant nous montre en direct les indignés du monde, nous nous applaudissons et nous encourageons les uns les autres. C’est tout simplement surréaliste, nous prenons conscience que ce que nous vivons est unique : des centaines de milliers de personnes qui se lèvent à travers le monde en même temps d’une même voix... c’est inédit !

Plus de 1000 villes, 90 pays participent à cet incroyable évènement planétaire.

Nous n’aurons probablement jamais les vrais chiffres mais l’humanité se lève, réclame d’une même voix plus de justice, plus de démocratie, plus d’humanité et la solidarité semble retrouver tout son sens. C’est cette unité , cette détermination, cette confiance en l’humain qui nous permettra de tenir dans la durée.

Au matin du dimanche nous avons bien du mal à accepter le départ, c’est difficile de quitter de si belles personnes, qui se battent avec amour et conviction, mais nous savons que le moment est proche ou nous nous retrouverons.

Ce n’est qu’un début

EL PUEBLO UNIDO JAMAS SERA VENCIDO !!!