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C’EST D’ABORD UNE IMMENSE REVOLTE CONTRE UN SYSTEME INJUSTE !

Publie le lundi 14 novembre 2005 par Open-Publishing
6 commentaires

de Sud intérieur

C’est d’abord comme un gigantesque cri noir, une immense révolte contre un Système injuste, délégitimé et antisocial, qu’il faut comprendre l’actuelle éruption d’une partie de la Banlieue française.

La Banlieue ? C’est des millions d’Humains qui, en marge du Spectacle, du Monde reconnu, vivent - sans espoir ni possibilité de fuite - entre friches industrielles, rapacités financières, misères sociales et ce mépris contempteur que, quotidiennement, les Elites leur recrachent à travers télévision et journaux (mais comme bien justement l’énonce la revue PLPL : "les médias, c’est la guerre"... ).

Des millions de Niés, de quotidiennement Humiliés, de Discriminés, ne visualisant l’Ordre symbolique d’Etat (Police, Justice, mandarinat politique, ANPE ... ) qu’en un quadrillage panoptique tentant - parfois fébrilement, parfois avec violence - de les contenir, Eux. Eux, les Barbares...

Car il suffit de dresser l’oreille pour saisir ce qui fait problème aux tenants du "Retour rapide à l’ordre républicain" : c’est la "majorité sociologique" peuplant ces lieux. Et, de fait, les locaux, qui, effectivement ont souvent - mais pas seulement - des ascendances domiennes, subsahariennes, nord-africaines (et de plus en plus turques, indo-pakistanaises ou chinoises... ), captent instinctivement cette terreur, cette assimilation intrinsèque d’eux-même, à l’"Islam", à la "délinquance", à la "violence", à la bêtise, à la saleté et aux pratiques "sauvages". Or ils savent que même si "Français, né en France de parent français", leurs "origines" peuvent toujours ressurgir lors d’une recherche d’emploi, de bail locatif ou dans le regard des autres (et l’on se retrouvera dans les halls à stagner et maurigéner entre "bougnoules").

Certes, l’anomie et la pauvreté, la réclusion géographique, un moindre accès à l’éducation ou aux loisirs, ouvrent parfois la voie à l’aliénation (machisme et négation de la femme, radicalisme religieux, prurits sectaires, fascination consumériste, racisme(s), replis identitaires ...), mais ces dérives existent dans tous les milieux, dans toutes les sociétés (l’extrême droite religieuse participe ainsi, à des degrés divers, à la gestion des Etats-Unis, de l’Italie, de certains Etats indiens et d’Israël ; des dizaines de milliers de catholiques charismatiques, de protestants évangélistes s’écharpent frénétiquement pour "sauver les âmes infantiles" du Tiers-Monde...) et quand en août 2004, un Nicolas Sarkozy a accueilli, pour un "entretien privé", sur les deniers la République, un héraut proclamé de la Scientologie (Tom Cruise), nul au gouvernement, nul dans l’opposition n’a exigé sa démission.

Pourtant, contrairement à l’égoïsme des centres nantis, c’est face à l’adversité et aux oppressions, une formidable Solidarité qu’inlassablement mettent en oeuvre les classes populaires. Cette Solidarité s’est pleinement activitée après les propos matamoresques et irresponsables - immédiatement perçus par toute une population comme universellement sigmatisants - qu’a tenus puis fièrement réitérés le ministre de l’intérieur. Si cette force d’entraide et de résistance donne aux "jeunes des quartiers" courage de se battre, c’est qu’elle est, malgré l’analyse des politologues et les louvoiements intéressés d’une presse possédée par mille puissances d’argent (dont les criminels marchands de canons Lagardère et Dassault), à sa manière, éminement politique.

Bien sûr la dynamique n’apparaît pas véritablement organisée. De plus, brûler des voitures de pauvres, des gymnases ou des écoles, ne semble pas directement mener à l’Emancipation. Pareillement, tirer, comme certains, sur des fonctionnaires, projeter des objets incendiaires à leur visage - au risque de les transformer en torches vivantes - sans sembler s’inquiéter de combattre les Puissants qui volent, violent et massacrent la Planète, de défier les Pouvoirs qui avec l’aide de leurs relais à l’OMC, à la Banque Mondiale, au G8... paupérisent des pays entiers, peut paraître pour le moins extrêmement paradoxal. Mais croire que la mécanique d’ensemble n’est pas libératrice serait un leurre. Et si d’évidence l’on retrouve dans les modes d’action et l’effroi suscité chez les Dominants, des réminiscences de l’épopée spartaciste, des révoltes paysannes ou de la guerilla luddite, rémane également chez les insurgents le souvenir de l’ignoblerie coloniale.

Et de fait, la mèche depuis longtemps huilée par un libéralisme affameur, dépeceur, brutal et guerrier vient d’être rallumée par ceux qui, ayant proclamé l’Etat d’urgence, instauré des couvre-feux ségrégationnistes (comme celui ayant visé il y a plus de 40 ans en région parisienne, les Français Musulmans d’Algérie - FMA -), veulent maintenant "expulser des étrangers, même réguliers".

 Comment dans les cités, un Sarkozy (Voyou !) criant aujourd’hui haro sur les barbus tout ayant souhaité jadis "un préfet musulman" serait-il crédible ?
 Comment un Jacques Chirac (Racaille !), président du conseil supérieur de la magistrature ayant refusé de se rendre chez un juge désireux de l’entendre sur des malversations multiples serait-il légitime à ceux constituant l’évident cheptel des maisons d’arrêt et des commissariats ?
 Comment peut-on parler d’"intolérable violence" quand on ignore l’infâme crapulerie de ceux mettant au chômage, délocalisant, détruisant sciemment la biosphère ou brevetant le vivant ?
 Comment demander que "les jeunes des quartiers" adoptent une "attitude civilisée", cherchent enfin à "s’intègrer" quand rares sont les censeurs de ces policiers contrôlant répétitivement les mêmes "individus", les tutoyant et/ou usent de "violences illégitimes" avant de s’inventer un quelconque "Outrage et Rebellion", ultérieurement paraphé par une certaine magistrature
 Comment appeler à la sérénité, au calme et la tolérance quand pas un mot de compassion n’a été sussuré après que deux jeunes eurent été grillés dans un transformateur ?
 Comment peut-on disserter de la générosité de la Nation, quand incessamment on rafle des sans-papiers, expulse des mal-logés et casse le Service Public ?

Et Nous, que pouvons-nous faire pour stopper l’entreprise mortifère mise en place par le libéralisme ?

 Construire, notamment dans les quartiers concernés - sur une base sociale, laïque, internationaliste -, un axe de Résistance et d’Emancipation
 Privilégier l’intérêt commun de milliards d’Humains sur l’enrichissement phénoménal de rares particuliers
 Défendre, partout dans le monde, ceux qui se battent contre les Ordres oppressifs
 Nous unir !

Sud intérieur
80-82 rue de Montreuil
06 76 08 78 04
sud.interieur@laposte.net

Messages

  • quelque chose me gene dans votre article , vous parlez de la banlieue comme d’un ensemble homogene qui aurait decidé que trop c’est trop , que la coupe etait pleine et qu’il fallait enfin réagir !
    vous savez bien que cette vision des choses est tellement idealisée , qu’elle en devient choquante .
    dans chacune de ces banlieues les choses ne se sont pas passées ainsi . Et pour ne pas faire la meme erreur que vous , je ne parlerai que de la banlieue que je connais : le quartier de la reynerie au mirail à toulouse .
    Une infime minorité agissante cent cinquante à deux cent jeunes de douze à dix huit ans organisés en petits groupes mobiles pour harceler la police , mettre le feu aux voitures et cramer une ecole maternelle !
    le mirail c’est trente cinq ethnies differentes , avec des antagonismes trés forts entre turcs et kurdes par exemple , des populations d’origine asiatique n’ayant aucun liens avec les autres communautés , des tchetchenes ayant fuit l’horreur et pour qui cette cité inhumaine est le debut d’un espoir , des differences de generations qui font que dans une meme communauté les parents ne comprennent plus parfois leurs enfants , des meres de familles elevant seules leurs enfants et se demandant en quoi l’ecole maternelle brulée va ameliorer leur conditions de vie !
    De vieux "pieds noirs" n’ayant pas eu les moyens de fuir le quartier ou ils arriverent dans les années soixante , aucune homogeneité , de la misere mise cote à cote c’est tout .
    theoriser sur la revolte des banlieues comme vous le faites , meme si tous les elements du diagnostic sont justes , c’est percevoir l’espoir de la revolution dans l’emeute d’une prison surpeuplée !
    les gouvernements successifs ont failli , les partis de gauche faute de militants dans ces quartiers sont incapables de structurer quelque discours que ce soit , les associations quand elles avaient des moyens , etaient des samu sociaux courants dans tout les sens pour ecoper la misere avec une cuillere à café , vous savez bien , du moins je l’espere , qu’il faudra des années , et surtout la volonté des francais pour que les problemes de banlieue commencent à voir un début de solution , et n’esperez pas une quelconque conjonction du mouvement social et de la revolte des banlieues , deux unnivers trop differents pour qu’ils puissent à court terme unifier leurs forces contre l’ennemi commun .
    claude de toulouse .

  • Prolongation de l’état d’urgence "pour trois mois" (Copé)
    Le projet de loi sur l’état d’urgence, qui doit être examiné lundi en Conseil des ministres, prévoit de prolonger cette disposition "pour une durée de trois mois", a annoncé lundi matin Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement, sur Europe 1.

  • Si la réalité des banlieues correspond au portrait que vous nous en dressez, alors je me réjouis de ne pas (plus) y habiter et l’urgence consisterait à très vite les isoler du reste du territoire par des murs assez hauts pour éviter toute fuite...

    J’ai peur que votre présentation serve surtout à en rajouter dans la stigmatisation de ces quartiers, qui est la voie la plus directe et la plus sûre pour alimenter toutes les discriminations. Non, la banlieue, ça n’est pas une zone où survivent des "millions" de déshérités qui n’ont pour seule option que le déchaînement de violence aveugle.

    En tant que militant associatif, j’ai eu maintes fois la possibilité de constater que la mobilisation des habitants des quartiers pour des actions collectives, des animations, se fait très difficilement. Voire qu’elle est rendue impossible par un climat entretenu par quelques minoritaires

    La seule issue, en ce qui me concerne, consisterait à "casser" la banlieue, à la dissoudre progressivement pour que l’effet de quartier ne puisse pas se construire sur des bases identitaires trop fortes (qu’elles soient religieuse, ethniques ou sociales). Pour ça, il faudrait déjà s’interroger sur un certain nombre de contradictions : je suis Français, mais, dans mon quartier, je passe mon temps à me définir comme Algérien ou Marocain ; je veux "m’en sortir", mais je veux qu’on m’accepte sans restriction (ni de comportement, ni de langage, ni vestimentaire) ; je suis libre, mais je me laisse enfermer dans des représentations caricaturales (le rap, le hip hop, les fringues de marque, les portables), etc.

    Si seulement la loi été appliquée par les collectivités locales...

    Theoven

    • La situation des banlieues est un problème éminemment social impossible à séparer du reste de la société...
      Un problème qui émane de la version hard du libéralisme qui est une formidable machine à fabriquer des inégalités.
      Là et ailleurs, à Marseille comme dans les autres agglomérations les soubresauts ont été divers et variés comme l’ultra-liberalisme sait le faire en levant des groupes et des régions les unes contre les autres dans une immense braderie.

      La richesse empilée chez les voyous de la classe possédante sont précisement les richesses qui manquent ici et là, des richesses qui auraient pu permettre de mettre en valeur les capacités de création de nos jeunes émeutiers afin que leur vie embellisse et s’épanouisse .

      Vases communicants !

      Copas

    • Mon Dieu la grosse fôte : ... était appliquée...

      J’ai honte :(

      Vivement qu’on puisse éditer ses messages

  • "Et Nous, que pouvons-nous faire pour stopper l’entreprise mortifère mise en place par le libéralisme ?"

    Eh Vous, les policiers, que pouvez-vous faire pour parler à d’autres mondes avec la même attention qu’au vôtre, celui des Blancs à la connaissance supérieure ? Pourquoi vous complaire dans ce langage péteux (synonymes : boueux, merdeux) sur les "locaux" ou les "bougnoules" que vous citez ? Pourquoi transformer votre communiqué de presse en une gerbe d’images à connotation diabolique déjà colportées par les médias ? Pour faire joli français à côté du "cri noir" ? Ou bien trouvez-vous dans ce langage codé un échappatoire à votre propre panique morale en tant que policier ?

    Eh Vous, les policiers de Sud Intérieur, comment répondez-vous concrètement et sans vous cacher derrière le blabla savant, à vos confrères d’Alliance ou de l’Unsa que lisent les sondés du csa ?

    b.nguyen