Accueil > CAC 40 boosté, salaires minés : Champagne pour les profits !

CAC 40 boosté, salaires minés : Champagne pour les profits !

Publie le mardi 2 janvier 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

Ils sont moins nombreux et plus discrets que les 100 000 sans-abri qui cherchent à trouver un toit et un peu de chaleur quand l’hiver montre ses griffes. Ils n’ont pas réveillonné dans la rue ; chez ces rois de la finance, le champagne a coulé à flots.

2006 était un cru exceptionnel, 2007 pourrait s’avérer meilleur encore. La mondialisation, c’est d’abord cela : une formidable accélération des profits et des circulations de valeurs, un Monopoly virtuel où l’on vend et l’on achète, où les pions des usines sont balayés ou déplacés, sans égard pour les ravages collatéraux sur les populations concernées.

Près de 4000 milliards de dollars de fusions et acquisitions sont au programme. Les fonds d’investissement qui en deviennent les maîtres d’oeuvre sont de véritables pieuvres qui agrippent ici ou là les activités rentables, taillant, restructurant et rejetant si la rentabilité n’atteint pas les 15% annuels du capital investi. Les dividendes du CAC 40 sont à la hauteur : au moins 17%. Ces prélèvements opérés sur l’économie ont de lourdes conséquences. Autant de moins pour l’investissement, la recherche ou la construction d’un développement durable. Il faut faire fort et vite. Quitte à risquer l’avenir de la planète.

L’envolée des profits éclaire crûment l’abîme qui sépare l’immense majorité de notre peuple et ces privilégiés qui possèdent plus que ne produisent annuellement des dizaines de pays dans le monde. La moitié de la population dispose d’un niveau de vie inférieur à 1315 euros pour une personne seule ou 1975 euros pour un couple. 6,86 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté européen et la proportion de ceux qui gagnent le salaire minimum est passée de 11,1% à 16,8% en 2005. En trois ans, la moitié des chômeurs ont perdu leur indemnisation tandis que le nombre des érémistes augmentait de 21%. Chaque année, quatre salariés sur dix voient leur salaire individuel baisser, principalement en raison de la variation de leur durée d’emploi ou de leur durée de travail. La cancer de la précarité ronge le travail.

Le revers des bonnes fortunes du capital, ce sont les difficultés aiguës de la majorité des salariés. Il a bonne mine, Sarkozy, lorsqu’il va verser quelques larmes hypocrites sur le sort des ouvriers des Ardennes ! Quelques semaines plus tôt, il leur avait envoyé les CRS et les gardes mobiles ; quelques jours plus tard, il justifiait la délocalisation et l’expatriation des grandes fortunes. Ne faisons pas de Johnny Halliday le symbole des puissances financières, il reste un baladin invité en bout de table des riches. Son talent n’a d’ailleurs jamais résidé dans la gestion de son patrimoine... Mais son cas et l’approbation spectaculaire de son déménagement en Suisse par le candidat UMP a révélé le fond de la pensée de l’élu de Neuilly : l’argent a toujours raison. Arrogant avec les pauvres qui habitent les cités populaires, Sarkozy est toute humilité pour qui paie l’ISF. Il ne cesse de vouloir baisser les impôts sur les sociétés et la part patronale des cotisations sociales : ce serait alors ça de moins pour les budgets sociaux, l’école, la santé, la retraite...

Qui possède quoi ? Où vont les richesses et les capitaux ? Quel rapport de forces entre le capital et le travail ? Comment l’Etat peut-il peser pour que l’intérêt de tous l’emporte sur les appétits insatiables des plus puissants ? Quelles dispositions d’urgence pour améliorer le sort de 90% de salariés qui peinent aujourd’hui ? Quelle priorité à l’action publique ? Comment donner réellement la parole et le pouvoir de décision à notre peuple ? 2007 ne répondrait pas aux aspirations des électeurs si le débat électoral évitait ces questions.

P.S. Le CAC 40 avait gagné vendredi 0,15% à 5.541,76 points, établissant un nouveau record depuis mai 2001 et affichant une progression de 17,53% en 2006.

Messages

  • ennemis du peuple

    Halte aux divisions : le camp des capitalistes et celui des soces-dem’ à leur service n’ont que des divisions symboliques.

    Et nous ? On va continuer longtemps à se quereller plutôt que d’agir en commun ?

    meilleurs voeux à toutes et à tous : j’espère bien que l’on sera tous ensemble

    RESISTANCES !

    P. Bardet

  • C’est vrai quen face d’une telle situation, l’urgence est dans l’unité de tous. J’aurais souhaité que les choses se passent autrement, qu’une camaraderie sincère préside aux décisions du collectif national, quel que soit le candidat.
    mais les choses étant ce qu’elles sont, la mayonnaise ne prenant pas autour de SR, un espace important est à occuper, non pour nous mêmes, mais pour toutes ces personnes qu’il faut défendre. Les propositions antilibérales doivent être portées par tous, c’est ça qui compte. Une belle campagne suivie de législatives avec l’élection de Bové, MGB, C Autain... ça aurait de la gueule à l’assemblée !
    Léon

    • Les enfants jouaient sous la caméra de contrôle à haute définition offerte par le comité d’entreprise unifié des sociétés sauvagement antagonistes

      .

      La voix du papa sortait d’un gros Chien en polypropylène WiMAX

      .

      La voix de la maman

      D’une délicate Hirondelle en porcelaine tendre merveilleusement robotisée

      .

      Dans l’aquarium autoépuré de la maison vide

      Gauguin

      Le poisson fauve et rouge est silencieux

      À la surface

      Étalé

      Immobile

      .

      Griffes de Loup

  • On ne mettra jamais assez en lumière les réalités de votre article. Il serait également bon de se projeter dans l’avenir sur la base de l’évolution de ces dernières années, avec pour conséquence :

    une répartition des revenus toujours plus à l’avantage des revenus du capital (actions, immobilier…) par rapport aux revenus du salaire.

    C’est marrant aussi de constater comment nos Sarko-médias officiels nous présentent toujours le fait que les revenus du salaire ne sont pas assez valorisés devant les revenus de l’assistanat. On veut mettre ça dans le crâne de n’importe quel salarié, pour que naturellement il en conclue que s’il a du mal à y arriver en bossant, c’est uniquement la faute des « assistés » (Rmistes, profiteurs de sécu et j’en passe).

    Mais voilà, en dehors de vous demander ce qu’est la solidarité, je vous pose également la question : la personne qui vit de son capital, elle bosse, elle ? Car avec une bonne gestion, voire un bon comptable, et hop il n’y a plus qu’à attendre les kEuros (et je vous le dis, il ne s’agit pas de RMI revalorisés de 1,8% chaque année).

    Et demain peut-être, avec la suppression totale de droits de succession de Sarko, tu naîtras soit avec une cuillère en argent dans la bouche, soit avec une cuillère en plastique. Dans le premier cas, tu hériteras pleinement du privilège de vivre toute ta vie comme un seigneur sans bosser, avec pour seul mérite ton hérédité. Ce sera le retour du temps des seigneurs propriétaires terriens, c’est le cas de le dire. Et pour préserver la présence de ces seigneurs dans notre pays, il faudrait baisser notre froc fiscal quand ils nous font du chantage à l’expatriation ??? Perso moi je ne marche pas.

    Sébastien.

    PS : En remarque à un passage de votre article, n’oubliez pas que le fameux seuil dit « de pauvreté » européen dont vous parlez (les 6,86 millions) est basé uniquement sur un critère de dispersion des 50% les moins riches (basé sur le salaire médian). Ce qui veut dire qu’il ne comptabilise absolument pas les gens n’ayant pas assez de revenus pour accéder aux biens essentiels (logement, alimentation, santé, éducation…). C’est pour ça que le nombre de pauvres peut baisser quand pourtant le coût du logement explose et le salaire médian baisse ! Imaginez le cas extrême où 50% de population serait SDF sans revenus (mais égaux entre eux), il y aurait alors 0 pauvre selon ce mode de calcul !