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Chorus, magazine de référence de la chanson francophone, ne paraîtra plus. En effet, les éditions sont en dépôt de bilan et en liquidation judiciaire.
Je vous invite à aller sur le site http://www.laredactiondechorus.fr/ pour plus ample informé. Vous pourrez lire la façon dont sont traités, une fois de plus, les salariés.
L’ÉDITORIAL DE LA RÉDACTION
Nous ne ferons plus Chorus…
Le numéro 69 d’automne de Chorus, qui aurait dû sortir dans les kiosques le 22 septembre, ne paraîtra pas... Ainsi en a décidé le gérant des Éditions du Verbe qui, après avoir repris la société éditrice du titre (dans une situation économique saine) il y a seulement un an, a procédé cet été à son dépôt de bilan. Nous tous, journalistes de Chorus (rédacteurs, chroniqueur, illustrateurs et fondateurs, signataires de cet « éditorial »), avons appris avec stupéfaction en l’espace de quarante-huit heures que le prochain numéro auquel nous travaillions ne sortirait pas et que la société éditrice, Les Éditions du Verbe, avait été mise en liquidation judiciaire.
Extrêmement choqués d’être ainsi placés devant le fait accompli et profondément attristés de la disparition d’un titre aussi emblématique (alors que la cession de la société éditrice avait eu pour seul but d’assurer la pérennité de la revue, après une transition de trois ans au moins avec ses fondateurs et son équipe rédactionnelle), et par respect envers les artistes que nous avons rencontrés pour ce n° 69, nous avons décidé de mettre ici en ligne une importante partie du numéro d’automne déjà terminée à la date du dépôt de bilan.
Certes, le lecteur habitué à ses 196 pages trimestrielles n’y trouvera pas son compte ; nous espérons néanmoins qu’il verra en cette initiative de la Rédaction des « Cahiers de la chanson » une façon concrète de lui exprimer sa gratitude pour sa fidélité. Une manière aussi de dire aux abonnés qui ne recevront pas les prochains numéros combien nous sommes navrés pour eux… tout en étant, nous-mêmes, les premières victimes de cette situation.
Alors que nous pensions déjà à la grande fête qui devait marquer le vingtième anniversaire de Chorus, où nous aurions invité nos lecteurs et de nombreux artistes, nous voilà en effet brusquement privés de notre outil de travail, avec cette fin ô combien prématurée d’une revue toujours à l’affût des lendemains qui chantent, qui possédait potentiellement tous les atouts (l’aspect référentiel, l’aura, la confiance des artistes, le respect des professionnels, la fidélité de son lectorat…) pour se développer et continuer d’exister bien au-delà de ses vingt ans – a fortiori de ses dix-sept !
« Organe de référence », « bible de la chanson francophone », « outil de service public », « encyclopédie vivante de la chanson », tous ces qualificatifs et bien d’autres du même acabit ont en effet accompagné Chorus au long de son histoire. Soixante-huit numéros et un soixante-neuvième mort-né (forts en particulier de « monographies » d’une importance sans équivalent) auront écrit l’histoire de la chanson francophone à travers la couverture la plus « panoramique » possible de son actualité (tous genres musicaux confondus) mais aussi le rappel de son patrimoine et l’anticipation des talents de demain.
La joie de découvrir chaque saison des « artistes émergents » de la chanson – par définition méconnus des grands médias et du grand public – et le bonheur de les offrir en partage à nos lecteurs auront d’ailleurs été notre principale raison d’être, notre fierté de journalistes professionnels profondément amateurs (au sens étymologique du terme) de cet art populaire entre tous. Un travail de fond mené sur le terrain, partout et sans relâche, qui prend donc fin aujourd’hui – qu’on nous oblige à interrompre aujourd’hui.
Il y aura sûrement d’autres rendez-vous entre les membres de notre équipe, les artistes et ce qu’il faut nous résoudre à nommer désormais, à contrecœur, nos anciens lecteurs. On se retrouvera sans doute sur la route enchantée, dans les festivals et scènes de l’espace francophone, car une passion comme la nôtre, si longtemps partagée – pour certains depuis le mensuel Paroles et Musique (1980-1990) créé déjà par Fred et Mauricette Hidalgo avec une partie de l’équipe future de Chorus –, ne peut que continuer à brûler d’un feu inextinguible. Mais aujourd’hui nous n’avons d’autre ressource que de vous dire non pas adieu, mais au revoir et merci. Car Chorus (Les Cahiers de la chanson) est bel et bien mort avec son n° 68 de l’été 2009 – on ne le savait pas encore – avec Olivia Ruiz à la Une, des hommages, dossiers et rencontres consacrés à Bashung, Nougaro, Renan Luce, Alexis HK, Maurane…
Au revoir et merci à notre lectorat d’abord, qui n’était vraiment pas « ordinaire » mais formé de passionnés, impliqués souvent dans la défense et l’illustration de la chanson, le « contrat de lecture » entre ceux qui faisaient Chorus et ceux qui l’attendaient impatiemment le premier jour de chaque nouvelle saison ayant toujours été d’une nature exceptionnelle, d’une sensibilité rare.
Au revoir et merci à tous les artistes, bien sûr, qui nous ont fidèlement accompagnés, nous témoignant tout au long de cette histoire une confiance inébranlable et nous accordant, souvent (comme Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman et Alain Souchon en particulier), de formidables exclusivités.
Au revoir et merci aux professionnels, ensuite, qui déplorent déjà la disparition de ce titre pour le tort qu’elle va causer au monde de la chanson francophone, et notamment aux artistes en herbe, auxquels Chorus ouvrait largement ses colonnes (une douzaine de portraits-découvertes dans chaque numéro).
Enfin, au revoir et merci à nos confrères et amis des médias qui ont bien voulu rendre compte à l’occasion du travail immense abattu par cette revue. Une chose est sûre, à présent : pour écrire sur la chanson des XXe et début XXIe siècles, d’Aristide Bruant à Zazie, nul historien en la matière ne pourra faire l’impasse sur la collection encyclopédique de Chorus, avec ses milliers d’artistes présentés, chroniqués, interviewés, et beaucoup plus d’articles encore…
En témoigne l’index alphabétique des chanteurs et groupes ayant figuré dans ses pages entre le n° 1 du 22 septembre 1992 et le n° 68 du 21 juin 2009, que l’on trouvera ici « en résumé et en conclusion » de cette aventure vécue en commun de part et d’autre du troisième millénaire. Pour en faire vraiment le tour, il faudrait d’ailleurs doubler cet index par un relevé des sujets publiés « en coulisses » : dossiers par régions ou pays d’Europe et de l’espace francophone ;alt comptes rendus de spectacles, de festivals et de concours ; reportages et enquêtes ; chroniques et cartes blanches ; rubriques thématique, historique, sur l’air du temps, les médias, les lieux, le métier, etc. Alors, peut-être plus tard, ailleurs…
En attendant, d’autres que nous ont mis fin au beau voyage du « navire amiral de la chanson francophone », le seul qui n’ait jamais viré de bord, dont « n’en déplaise aux jeteurs de sorts / son capitaine et ses mat’lots / n’étaient pas des enfants d’salauds / mais des amis franco de port / des copains d’abord »… Oui, c’est un immense crève-cœur pour nous tous, jetés sans ménagement en plein été, presque en catimini, par-dessus bord, car ce bateau armé seulement de paroles et de musiques aurait pu longtemps encore fendre les flots. Mais non, tous autant que nous sommes, capitaine, équipage et passagers naviguant de conserve depuis si longtemps et par tous les temps, toujours prompts à la manœuvre, toujours debout sur le pont, cette fois nous sommes impuissants : notre vaisseau a été coulé sans sommations...

La Rédaction dans son intégralité : François Blain (correspondant au Québec), Marie-Agnès Boquien,Jean-Michel Boris (chroniqueur), Michel Bridenne (dessinateur), Thierry Coljon (correspondant en Belgique), Yannick Delneste, Jean-Claude Demari, Bertrand Dicale, Serge Dillaz, Damien Glez (dessinateur), Fred Hidalgo (directeur de la rédaction-rédacteur en chef), Mauricette Hidalgo (secrétaire générale de la rédaction), Olivier Horner (correspondant en Suisse), Michel Kemper, Thierry Lecamp, Marc Legras, Daniel Pantchenko, Jean Théfaine, Stéphanie Thonnet, Michel Trihoreau, Michel Troadec, Jacques Vassal, Francis Vernhet (photographe) et Albert Weber.
IMPORTANT : à défaut, désormais, de pouvoir joindre la Rédaction par téléphone, fax ou Internet, puisque toutes ses lignes ont été brutalement coupées début septembre, on peut écrire encore à son adresse postale habituelle : BP 28, 28270 Brézolles.