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COMITÉ DE SOUTIEN AU TZIGANES DE SAINT-DENIS

Publie le mercredi 5 juillet 2006 par Open-Publishing
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COMMUNIQUÉ
DU
COMITÉ DE SOUTIEN AU TZIGANES DE SAINT-DENIS

Les Roumains se souviendront longtemps de leur entrée dans l’Union
Européenne . . .

Le 14 juin dernier s’est déroulé un scénario bien ficelé et déjà
maintes fois expérimenté par les forces répressives de notre pays.

A 6h du matin, environ 80 policiers ont débarqué sur un terrain à
Saint-Denis habité en majeure partie par des Tziganes roumains. Ils
ont cassé la plupart des portes et fenêtres des habitations. Ils ont
menotté les habitants avec des menottes en plastique. Enfin, ils ont
procédé à l’arrestation d’une trentaine de personnes. Motif de
l’interpellation : "faux touriste", l’interpellé ne se conforme pas aux
stipulations de l’article 5-1-C de la convention de Schengen qui
exigent un minimum de 50€ par jour pour être un vrai touriste. Les
familles avec enfants ont été systématiquement séparées, seul un des
deux parents étant arrêté. L’ensemble des interpellés ont été placés en
rétention administrative : les femmes au dépôt sous le Palais de
justice à Paris, les hommes au camp pour étrangers en instance
d’expulsion dans l’école de police du bois de Vincennes.

Au bout de 48 heures, comme la loi l’exige, ils ont tous été présentés
au Juge des Libertés et de la Détention, chargé de vérifier la légalité
de la procédure. Leur avocat a plaidé la rafle, "le coup de filet",
l’instrumentalisation de la lutte contre la délinquance au profit d’une
politique migratoire. En effet, comme à l’accoutumé, l’opération
policière était justifiée par une commission rogatoire délivrée à la
police par un juge d’instruction pour lutter contre la délinquance mais
dans les faits le seul résultat tangible de cette commission rogatoire
est une rafle de sans-papiers. Le Juge n’a eu que faire de cet
argument, la représentante de la préfecture de Paris présente à
l’audience a traité cet argument d’ "idéologique" ! La procédure a été
validée et le juge a pu hurler aux familles des interpellés venues
assister à l’audience : "TAISEZ-VOUS ! ! " Justice ordinaire.
A quelques exceptions près, tout le monde est reparti en rétention
administrative.

Le 21 juin suivant, une opération similaire s’est produite près de
Toulouse. Hasard du calendrier ou perfectionnement du scénario de la
chasse au sans-papier puisque les Roumains de St-Denis étaient
justement embarqués ce jour-là dans un charter et qu’il semble bien que
ce charter faisait escale à. . . Toulouse ?

Ces expulsions collectives, non conformes au droit international, n’ont
aucun sens même si on accepte la logique de lutte contre l’immigration
clandestine prônée par tous les gouvernements depuis 20 ans. Tout
d’abord parce qu’une partie des personnes expulsées pourront revenir
puisque dans le cadre de ses négociations avec l’Union Européenne, la
Roumanie est parvenue à ne plus devoir systématiquement confisquer le
passeport des expulsés. Une fois en Roumanie, ceux qui auront toujours
leur passeport pourront alors revenir. Opération absurde aussi parce
qu’à l’automne prochain l’Union devra donner la date définitive
d’entrée de la Roumanie. Cette date devrait être le 1er janvier 2007 et
même si elle est retardée cela devrait être dans un futur très proche.
Une fois dans l’Union les Roumains auront de fait une liberté de
circulation
Alors pourquoi autant d’énergie, autant d’argent dépensé, autant de
souffrance et d’humiliation, autant de vies broyées ?
Simplement, pour que le gouvernement ait l’air de respecter sa parole.
Il a promis 25 000 expulsions en 2006 alors il faut faire du chiffre.
Il s’est assuré une collaboration interministérielle au diapason qui
doit permettre de faire avancer le compteur coûte que coûte et,
espère-t-il, de se faire réélire. La lutte contre l’immigration
clandestine n’est qu’un chiffon rouge agité devant les yeux d’une
opinion publique médusée.

A quelques mois de leur entrée dans l’Union, les Roumains, les Tziganes
en particulier, sont traités par la France comme des parasites. Les
Roumains se souviendront longtemps de leur entrée dans l’Union. . . que
l’histoire officielle nous présentera, soyons en sûrs, comme une
magnifique rencontre entre les peuples.

04/07/06
Le comité de soutien au tziganes de St-Denis
roms_st_denis@no-log.org

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