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CRA : Le collectif mystère dévoilé

Publie le dimanche 26 octobre 2008 par Open-Publishing
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La procédure d’appel d’offres visant à réformer l’intervention des associations dans les centres de rétention administratives a débouché sur une surprise : une association mystère, le Collectif Respect, a fait acte de candidature. Mais, dans le secteur, elle est totalement inconnue et presque impossible à contacter. Très vite des rumeurs ont couru. Le collectif serait un faux nez de l’UMP. Enquête.

Une association inconnue, Collectif Respect, tente d’intervenir dans les centres de rétention administrative. (Maxppp)

Mais qui est le Collectif Respect ? Cette association a créé la surprise mercredi en répondant à l’appel d’offres lancé le 22 août par le ministère de l’Immigration pour réorganiser la présence associative dans les centres de rétention administrative (CRA), qui reçoivent les étrangers en situation irrégulière. Si les cinq autres candidats bénéficient tous d’une grande notoriété dans le domaine, personne, que ce soit sur le terrain ou dans l’administration, n’a jamais entendu parler du Collectif Respect.

A la Cimade, seule association habilitée depuis 1985 à intervenir dans les CRA, la présence de cette association dans la liste définitive des candidats étonne. Même chose par exemple au Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti), qui n’a entendu parler du collectif que le jour du dépôt des offres. Mais, très vite, une rumeur insistante a couru : le Collectif Respect serait dirigé par un certain Frédéric Bard, un ancien chargé de mission du ministère de l’Immigration et membre de l’UMP. L’association ne serait qu’un faux nez utilisé par des proches de Brice Hortefeux. Une rumeur vite relayée par des articles dans Le Monde puis dans l’Humanité.

Le ministère dément

Une information vivement démentie par le ministère lui-même. Au cabinet du ministre, on assure que "Frédéric Bard ne dirige pas le Collectif Respect" et qu’il est inconnu des services de Brice Hortefeux. L’homme a bien fait de la politique au sein du parti majoritaire. Il fut délégué départemental pour la culture de l’UMP Paris. Renseignements pris auprès de la fédération parisienne, il n’a plus aucune responsabilité depuis 2003.

Au cabinet du ministre, on demeure vigilant sur le cas du collectif. "Certes nous ne connaissons pas cette association, mais on ne s’en méfie pas pour autant. Si le projet de ce collectif est constructif et crédible, nous prendrons au sérieux cette candidature. En attendant, nous serons attentifs à tout", expliquent les services de Brice Hortefeux. Le ministère devrait connaître l’essence même des ambitions du Collectif Respect mardi 28 octobre, jour de l’ouverture officielle des plis.

Difficile pour l’heure de trouver des renseignements sur l’association. Un site internet hors service, des numéros de téléphone qui renvoient à une société de transports ou chez un particulier. Seule piste, un texte de présentation retrouvé sur un blog. Collectif Respect y explique qu’il s’est créé à la suite de La Marseillaise sifflée et de l’envahissement de terrain au cours du match de football France-Algérie en 2001. On y apprend aussi que l’association souhaite "remettre [la] République sur ses pieds, reprendre ces trophées abandonnés à l’extrême droite : la Patrie, l’hymne national, le drapeau tricolore". Dans ce texte, datant de 2006,le Collectif Respect explique que "la République, c’est avant tout une communauté de valeurs qui, à l’opposé du laxisme et de l’angélisme, marient humanisme et respect de la loi".

Les inquiétudes des associations

Retrouvée par une journaliste de Mediapart, la coordinatrice de l’association dissipe enfin le mystère. Oui, Frédéric Bard a fait partie de l’association. Il en est un des fondateurs, mais il a démissionné début 2008. Oui, au sein du groupe, il y a notamment des gens marqués à droite. Maryse Lechesne elle-même fut inscrite, en position très lointaine, sur la liste UMP Ile-de-France (menée alors par Jean-François Copé) pour les régionales de 2004. Et enfin, oui, le candidat surprise estime avoir les épaules pour intervenir dans les CRA, puisqu’il a "travaillé la laïcité, les violences faites aux femmes, le respect des droits, de l’humain en général". Des thèmes tout de même éloignés de l’aide juridique aux sans-papier.

La présence du Collectif Respect vient alimenter les critiques des autres associations à l’égard de la réforme qui autoriserait n’importe quelle organisation, quelques soit son expertise dans le domaine, à oeuvrer dans les centres. Le texte évoque en effet de simples "personnes morales", sans exiger de qualifications précises. La Cimade avait dénoncé jeudi dernier ces dispositions et craint que des "organismes privés ou parapublics", pas forcément enclins à défendre les droits fondamentaux des personnes retenues, fassent acte de candidature. C’est pour cela que l’association, avec une dizaine d’autres, a déposé jeudi un recours contre le décret devant le Conseil d’Etat. Le processus d’appel d’offres en lui-même a lui aussi été contesté et le tribunal administratif de Paris devrait rendre une décision sur le fond le 31 octobre.

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