Accueil > Cahier Alter Grenelle Bretagne

Cahier Alter Grenelle Bretagne

Publie le dimanche 14 octobre 2007 par Open-Publishing
1 commentaire

Cahier Alter Grenelle Bretagne

Le gouvernement saisira-t-il l’opportunité représentée par le « Grenelle de l’environnement »
pour remettre en cause notre mode de développement ? On voit bien, en effet, les impasses où
il nous conduit (gaspillage, inégalités...).
C’est pourquoi il est important qu’à l’occasion du « Grenelle » de l’environnement, et à l’appel
des organisations écologistes, altermondialistes, syndicales, les citoyennes et citoyens
s’emparent des grandes questions écologiques afin d’élaborer en commun des alternatives au
type actuel de développement basé sur la croissance.

La mobilisation citoyenne est donc aujourd’hui nécessaire pour que cette échéance ne se
réduise pas à une simple opération de communication gouvernementale et à des mesurettes
totalement inadaptées à l’urgence de la situation. C’est pourquoi il est aussi important que
chaque citoyen (nous sommes tous concernés !) se saisisse de ces questions et exige des
décisions concrètes, immédiates et courageuses.

Ce qui fonde les doléances, revendications et propositions de ce cahier
La situation particulière de la Bretagne

La Bretagne est une région tout entière liée à la mer dont aucun point n’est distant de plus de
80 km. Son littoral représente un tiers de la longueur des côtes françaises, 2 730 km de côtes
métropolitaines, avec 25 % du trafic maritime dans le rail d’Ouessant.
Les handicaps et les menaces qu’elle connaît
Ces dernières sont désormais bien connues, elles touchent la terre et la mer.
L’importance de la longueur de côtes la soumet à la menace permanente des pollutions venues
de la mer (marées noires, dégazages, perte de conteneurs, pollutions chimiques...).

Le choix qui a été fait d’en faire une zone de production intensive agricole (élevages, légumes)
dédiée en grande partie à l’exportation menace la ressource en eau brute destinée à la
consommation humaine. Ainsi la fermeture des captages se poursuit !
La Bretagne est la région française qui a connu, sur le plan agricole, les plus forts
bouleversements depuis la fin des années 1960. Elle a intensifié de manière considérable ses
productions animales et ses cultures légumières ; elle a pris depuis lors la première place en
France en terme de chiffre d’affaires 12 % en 2000. En 2001, la production porcine se trouve en
tête du chiffre d’affaires agricole régional et représente 56 % de la production nationale.
En Bretagne, le développement des élevages de porcs et de volailles, qui se nourrissent
d’aliments en partie importés, conduit dans certaines zones à des productions d’azote
organique bien plus importantes que les besoins des plantes. Ainsi, sur les 187 cantons
agricoles que compte la Bretagne, 104 cantons sont désormais classés en excédent structurel
d’azote organique (soit près des deux tiers de la surface agricole bretonne). Des années 1960
au début des années 2000, la Bretagne est passée d’une situation déficitaire en azote par
rapport aux besoins des cultures, à une situation excédentaire d’environ 100 000 tonnes d’azote
par an dont une bonne partie est transférée vers la mer par le biais des rivières. Pendant la
période estivale, conséquence directe de cette accumulation d’azote, le volume des algues
vertes sur les plages bretonnes (de la Manche et dans la baie de Douarnenez.) est
considérable, et nécessitent d’importants ramassages chaque année. Comme pour les nitrates,
on constate également un fort un excédent de phosphore dans les eaux bretonnes : 60 % des
communes bretonnes possèdent des sols globalement trop riches en phosphore assimilable.

N o s d o l é a n c e s

Au niveau national, elles rejoignent celles figurant dans l’appel pour des « Grenelles alternatifs
et citoyens » (ou dans le « Contregrenelle »).
Pour résumer, il s’agit essentiellement des 5 moratoires, sur le nucléaire, les essais et la culture
d’OGM en plein champ, les pesticides, la construction d’autoroutes et d’incinérateurs.

Au niveau régional (Bretagne)

Elles se déclinent suivant les propositions suivantes :
 Donner aux démantèlements en cours (centrale nucléaire de Brennilis) et en perspective
(Ex-Clemenceau et vieux navires) une valeur exemplaire d’excellence.
Ces démantèlements potentiellement à hauts risques doivent se dérouler sans impact sur
l’environnement et la santé publique et dans la transparence (analyses rendues publiques...).
Concernant l’indispensable déconstruction des vieux navires, le site brestois remplit toutes les
conditions nécessaires et indispensables pour en être un des maillons (position géographique,
savoir faire...).
 Reconquérir la qualité des eaux douces et marines.
Afin de mettre fin aux abus et dérives régulièrement constatés, créer une police de l’eau
régionale dotée de moyens de contrôle efficaces, donner à la région la compétence sur l’eau,
actuellement refusée par le gouvernement.
 Exploiter de façon durable le gigantesque gisement énergétique de la mer et du vent
Fin 2006 en Bretagne, la puissance des éoliennes installées s’élevait à 349 MW pour un total
de 248 éoliennes, représentant une production théorique de 698 GWh. L’objectif du schéma
régional éolien constitue 1 000 MW produits par l’éolien d’ici 2010. On atteindra d’autant plus
facilement cet objectif que l’on s’intéresse à l’offshore éolien. Le développement d’hydroliennes
ou d’autres machines utilisant l’énergie des vagues, courants, marées…, freiné faute de
moyens, devra être encouragé par des subventions publiques conséquentes.
 Soustraire le littoral aux pressions et aux convoitises mercantiles

La préservation de la biodiversité en mer suppose la préservation de la biodiversité de la frange
côtière, milieu fragile.

La préservation de quelques sanctuaires de « littoral resté sauvage » ne saurait suffire pour
maintenir les équilibres des écosystèmes de la bande côtière qui constituent la principale
ressource de nombreuses espèces marines.
L’urbanisation galopante des zones côtières prévue par l’INSEE menace ces équilibres au vu
de la pression immobilière déjà existante et d’un tourisme de plus en plus lourd au niveau de
ses structures.

L’impact de l’assainissement ou des transports, est, et sera de plus en plus sensible sur ces
milieux du fait de rejets inévitables et grandissants.

Par ailleurs de très nombreux documents d’urbanisme ne sont pas conformes à la Loi Littoral.

Une des urgences écologiques sur nos côtes consiste à mettre en conformité avec la Loi
Littoral et la loi SRU la totalité des documents d’urbanisme (SCoT, PLU) dans les 3 années à
venir, et à renforcer le contrôle de légalité et son suivi. Cette mesure sera d’un coût nul.
 Mettre en oeuvre le Parc Marin d’Iroise et sauver la rade de Brest et son goulet
(restauration des équilibres et désarmement nucléaire)

Le parc marin naturel d’Iroise, outil de protection et de préservation, aujourd’hui officialisé,
devra démontrer sa capacité à assurer un développement durable, créateur d’activités et
d’emplois compatibles avec le respect de l’environnement naturel marin.

La création de ce premier parc naturel marin aidera à prendre la mesure de nos obligations à
l’égard des générations futures et à faire comprendre que la biodiversité marine est un bien
précieux, encore largement méconnu, dont l’importance pour les grands équilibres naturels est
cruciale. Mais le projet souffre d’une malformation de naissance importante : le fait d’écarter la
rade de Brest du territoire concerné par le parc marin apparaît être une erreur car il nuit à la
cohérence territoriale de la zone. Des considérations non dévoilées, mais dont on peut avoir
une idée – présence des installations nucléaires militaires de Brest et de l’Ile Longue dans la
rade - sont à l’origine de ce choix contestable. La légitimité de cette présence se pose,
notamment dans le cadre d’un désarmement nucléaire inscrit dans des traités internationaux
signés par la France et souhaité par les populations.

Les échanges entre la mer d’Iroise et la rade de Brest sont pourtant permanents (courants,…),
l’un influant directement sur l’autre. Les dissocier, exclure la grande et magnifique rade de Brest
qui mériterait d’être classée au patrimoine mondial de l’humanité, n’a pas de sens en terme
d’écologie marine.

 Promouvoir la sécurité maritime

Cela passe désormais par la création d’un corps de garde-côtes capable d’intervenir au large
des côtes pour inspecter en mer et obliger les navires sous-normes ou dangereux à effectuer
les travaux nécessaires dans les ports le plus proches, à ne pas laisser repartir les navirespoubelles.

 Développer le fret ferroviaire de marchandises et le cabotage
L’éloignement de la région Bretagne rend cruciale la question des transports. Le transport
routier est omniprésent faute d’alternatives crédibles :

 des « autoroutes de la mer » à partir des ports bretons avec l’utilisation de navires caboteurs
souvent évoqués, jamais mis en place, devront voir le jour.

 réalisation de deux plates-formes multimodales en Nord et Sud Bretagne pour acheminer
quotidiennement par ferroutage les camions de marée et de légumes bretons vers Rungis, mais
aussi vers d’autres centres de transit. Cette mesure sera d’un coût certain que nous ne savons
pas chiffrer ...

Le transfert de la route vers le rail du transport du produit de la pêche bretonne et des régions
maraîchères vers la région parisienne diminuerait les rejets en CO2.
 Réhabiliter une pêche respectueuse des ressources
La zone côtière abrite les habitats marins les plus variés, les plus productifs et les plus fragiles.

C’est dans cette zone que se concentrent les principales pêcheries.
La gestion concertée des pêcheries (conservation des stocks, cohabitation entre métiers…) est
plus que jamais d’actualité.
La préservation de l’environnement marin (protection d’espèces non commerciales, pas de
pêches des juvéniles, engins plus sélectifs…) doit s’inscrire durablement dans l’activité de la
pêche bretonne.

 Développer une agriculture durable et protectrice de la biodiversité, cohabitant avec
les activités liées à la mer.
50 années de pratiques agricoles intensives ont considérablement appauvri et déstructuré les
terres bretonnes. Toutes les pratiques culturales respectueuses de la qualité des sols devront
être encouragées. On sait que l’agriculture biologique induit un effet très positif sur le sol, il en
est de même pour toutes les exploitations qui privilégient les amendements organiques, mènent
des rotations dans leur assolement.
Aider puissamment l’agriculture biologique bretonne et au delà l’ensemble de la filière
agrobiologique bretonne (ex : promouvoir les produits bio bretons), c’est investir avec la
garantie d’obtenir des résultats rapides et quantifiables sur la qualité des eaux douces et
marines.

Messages

  • Vous pouvez trouver sur cette page Energie des études importantes mais trop peu connues sur la possibilité de remplacer les énergies polluantes, à base de carbone ou de nucléaire, par des énergies renouvelables, en une trentaine d’années.

    Par exemple :
     La moitié de l’énergie mondiale peut être fournie par des énergies renouvelables en 2040, sans se priver mais sans gaspillage.
     La production d’électricité peut se faire pour les deux tiers à partir d’énergies renouvelables, sans nucléaire et en réduisant l’utilisation des énergies fossiles et du charbon en particulier, malgré l’augmentation de la consommation mondiale.
     L’électricité solaire peut alimenter plus d’un milliard de personnes en 2020, qui n’auraient de toute façon pas les moyens de remplir leur lampe à pétrole à cette date.

    Et sur la partie "Nucléaire" à voir aussi :
     Une étude propose une solution alternative au réacteur EPR, permettant au Grand Ouest (dont fait partie la Bretagne) de bénéficier d’une énergie équivalente à moindre coût, sans risques et en développant l’emploi local.
     ... et d’autres études.