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Censure, un réflexe conditionné ?

Publie le dimanche 8 mars 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

Par Michel MENGNEAU

Il y a peu de temps, en lisant un article sur la toile, j’ai piqué une grosse colère par rapport au propos raciste de Lefévre qui s’en prenait aux membres du LKP en les comparant à des tontons macoutes…Colère légitime quand on est frappé de plein fouet par autant de bassesse de langage servant à dénigrer des gens qui somme toute ne faisaient que défendre leurs intérêts.

Ma réaction fut immédiate et mon commentaire un peu acerbe. Disons que j’avais subodoré à l’encontre du fallacieux porte-parole de l’UMP, par conséquence de Sarkozy, une solution un peu extrême en cas de prise de pouvoir par le peuple. Sans que soit exagéré le sens de mon intervention elle était suffisamment marquée pour que certains internautes s’offusquent du fait que je mettais la vie du site en péril. Diable, pensais-je, à ce point là !

Sur le coup, je ne me suis pas inquiéter plus que ça en sachant qu’il y a des individus atteint par le syndrome de la persécution, mais en y réfléchissant, leurs réflexions m’avaient laissé perplexe. Est-ce que par hasard notre société ne serait envahie par une peur viscérale de la répression, empêchant les individus de s’exprimer en toute liberté…

Par nature je suis contre toutes contraintes morales ou physiques et considère par conséquence la liberté d’expression incontournable pour le citoyen. Donc, la censure m’est assez intolérable en règle générale.
Cependant, malgré tout et en dépit d’une tolérance totale et d’une ouverture d’esprit non restrictif il est difficilement concevable de cautionner certaines idées, des façons de faire immorales. On ne peut en aucun cas autoriser des individus de propager des propos faisant l’apologie de la pédophilie, du racisme et de la xénophobie. Mais ce ne sont là qu’exceptions indiscutables. Je passe sur l’insulte, qui même lorsqu’elle est violente, voire diffamatoire, n’est pas à mon avis une cause profonde de censure. Alors, pour le reste, pourquoi ce sentiment qu’il ne faut pas dire ci, pas dire çà, pourquoi cette peur presque irraisonnée de dire un mot plus haut que l’autre.

Par quel réflexe les gens vont-ils faire de l’autocensure en dehors des cas indiscutables que l’on a cités ? Pourquoi d’eux-mêmes vont-ils s’empêcher d’exprimer leurs opinions en toute liberté…

J’ai repensé alors à mes propos m’ayant amené à cette interrogation. En regardant de près le cas j’ai été amené à faire plusieurs constations. D’abord je dois reconnaître que mon analyse sur ce quidam fut primaire et que je me suis trompé à son sujet. Pour tout dire j’avais pris Lefévre pour un moins que rien, mais il s’avère qu’en y regardant de plus prés on s’aperçoit qu’il n’est pas si bête qu’il veut bien laisser accroire et par là même, un type dangereux. D’ailleurs il suffisait de l’écouter vendredi soir sur Inter pour s’apercevoir que son ton mielleux volontairement calme pour montrer un personnage fréquentable cachait une sournoiserie incomparable. L’art consommé de faire de la provoc, et après d’avoir une attitude sibylline qui fait croire aux naïfs : "vous voyez que je suis un gentil garçon !"

Et aussitôt, l’air de rien, c’est Domota qui est poursuivit en justice pour « incitation à la haine raciale ». A première vue on croirait à une plaisanterie de mauvais goût, c’est Lefèvre qui utilise des propos racistes et c’est Demota que l’on veut mettre en taule parce qu’il a dit aux « békés » colonialistes de partir s’ils ne voulaient respecter les acquits obtenus par la volonté du peuple. Toutefois, c’est l’exemple du moment, mais l’on se souvient aussi du militant de RSF, Hervé Eon, qui avait brandi une pancarte reprenant les propos vulgaires de Sarkozy sur le passage du susnommé. Amende, mis à l’index par les béats sans jugeote de la politique sarkosienne. Je citerai bien d’autres exemples, mais ressasser tant d’iniquité me traumatise !

Donc par la contrainte, morale et physique d’ailleurs puisque certains ont écopé de peines de prison, ils ont réussi à créer un tel état d’esprit délétère, où l’on est obligé de peser chaque mot de ce que l’on va dire pour que cela ne soit pas considéré comme : soit une insulte, un crime de lèse majesté, si bien que des coups de colère et des propos biens sentis sont devenus difficile à faire connaitre tant la peur de la répression devient une obsession nuisant à la liberté d’expression. C’est la marque de tous les régimes qui vont à la dictature, réussir à cadenasser l’expression individuelle par la peur, avant la contrainte, est l’exemple de ce qui se produit en France et la provoc de Lefèvre n’y est pas étrangère, entre autres.

De surcroit, comme on ne peut faire aucune confiance aux margoulins exécuteurs des basses œuvres de Sarkozy il ne serait donc pas étonnant que pour le net ils s’arrangent pour contrôler et sanctionner ce qui ne leur semblera aller à l’encontre du totalitarisme du pouvoir par le biais de la loi « Hadopi ».

Pour ma part, même si j’ai utilisé parfois des circonvolutions diplomatiques pour dépeindre ce qui me semble injuste, immoral, les abus de pouvoir, le non respect de la démocratie, je pense que c’est faire le jeu de cette droite pourrie en s’aplatissant et évitant de clamer haut et fort notre indignation. Notre liberté en dépend même si parfois les mots sont forts. Après tout, il vaut peut-être mieux qu’il soit forts, c’est par là que nous gagnerons sur ceux qui ne se gênent pas pour écraser le prolétaire.

Ainsi nous pourrons nous regarder en face après avoir vaincu la peur de la répression qui est l’arme première des dictatures !

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

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Messages

  • Proférons des insultes, tenons des propos injustes, cyniques, dégueulasses, Nous ne ferons jamais que dire ce qu’ils font.

    Mais c’est vrai que nos dirigeants sont bien partis pour interdire au simple citoyen de dire ce qu’ils font.

    Ceci dit, cette censure est aussi un boomerang qui nous revient dans la gueule, un boomerang d’une espèce particulière, puisque taillé dans une de ces bonnes intentions dont sont pavées nous dit-on les routes de l’enfer. Je veux parler de toutes ces lois qui interdisent les propos racistes, outrageants, révisionnistes, etc.

    Ces lois s’attaquent à des gens qui connaissent par cœur toutes les arcanes du système judiciaire. On oublie trop que la fac de droit est la préférée des jeunes d’extrême droite. Et depuis tellement longtemps que même les vieux fachos y sont passés.

    Ils ont donc un art consommé d’inverser les rôles devant les tribunaux comme dans les médias, attaquant pour racisme « anti-blanc » ceux qui luttent contre le racisme tout court, pour négationnisme des crimes staliniens quiconque pense qu’on a eu tort de reprivatiser Renault au lieu de nationaliser PSA, et actuellement en Guadeloupe ceux qui exigent que des accords signés soient respectés.

    A mon avis, il faut abolir toutes les lois s’en prenant à l’expression d’opinions, même les plus nauséabondes, et ne garder que la répression des propos qui appellent expressément à blesser ou à tuer.

    Pour le reste, considérons que nous sommes assez grands pour traiter les sales cons de sales cons, sans l’aide d’aucune loi. C’est sans doute le seul moyen de garder ce droit.

    Et, entre nous, si on avait passé les vingt dernières années à se foutre de la gueule des faurissonniens, par exemple, on aurait été efficace, alors que, en les traduisant devant des tribunaux, on n’a fait que leur offrir des tribunes.

  • Certains bénéficient de l’immunité.Quelle connerie cette immunité qui permet a certains d’insulter et aux autres de fermer leurs gueules.C’est vraiment des pourris l’immunité.momo11

  • Bien sur camarade,

    Si la société était construite sur d’autres principes il pourrait y avoir une immense liberté d’expression.

    Ce n’est pas le cas.

    Dans le centre même du pouvoir en France et ailleurs, c’est à dire les entreprises, le despotisme est encore plus puissant que dans la rue, dans la presse et sur le Net :

     pas de libertés individuelles
     pas de liberté d’expression
     pas de liberté d’organisation (seulement syndicale et encore, au mieux, strictement limitée).
     pas de liberté de la presse,
     organisation verticale stricte, menaces économiques sur la survie des personnes.
     etc

    Tout cela montre que le centre du pouvoir, l’économie, est régit par le despotisme et la censure la plus méticuleuse.

    Les libertés publiques connaissent par ailleurs la pression permanente des argousins de l’état au service de ceux qui ont le véritable pouvoir.

    Ils scrutent en permanence tous les propos qui passent dans les sites du net (qui sont les seuls espaces de liberté) pour essayer d’attaquer tout ce qui est attaquable afin d’intimider les partisans de la liberté.

    Ce n’est pas nouveau, ça fait des milliers d’années que ça dure.

    On est obligé en permanence de réfléchir à ce qu’on dit et des fois on culpabilise de nos propos qui, au delà du risque individuel plus ou moins assumé, pourraient remettre en cause la l’existence de sites qui acceptent de nous laisser parler.

    Bellaciao est de ceux là.

    Des sites précieux, des espaces pour lesquels chacun doit avoir à l’esprit qu’ils sont précieux, à ne pas remettre en cause, et ne pas avoir la tête et les chevilles qui gonflent tellement qu’ils sont ,comme dans le commentaire de Cyranno de Rostand, indiquant que son sang se caillerait rien qu’a l’idée qu’on puisse attenter à un seul de ses mots, un seule de ses virgules, des choses intouchables, inviolables.

    Quiconque a un blog, ou plusieurs, ou en tient un pour une association, un parti, devient extrêmement prudent, sauf les dingues, quand il l’anime sur ses articles .

    Le jeu, pour faire reculer la censure, doit être joué finement.

    Et c’est vrai que des fois on s’emporte ....
    Et on doit toujours peser le pour et le contre, entre reculer trop et avancer trop.

  • A la suite de manifestations intempestives, qui m’ont fait sourire en pensant que cela faisait partie des risques que l’on prend lorsque l’on prône la liberté d’expression, à ma mémoire est revenue la chanson de Brassens : « Quand on est con, on est con ! ». Je me suis donc aperçu que je n’avais pas parlé de cette catégorie d’individus pour lesquels il est difficile d’avoir une attitude bien déterminée.

    D’abord expliquer à un con qu’il est con est chose impossible, c’est un peu comme tenter de résoudre la quadrature du cercle. A partir de cet axiome comment faire taire un con qui ne peut pas comprendre qu’on le censure de par sa connerie, quant à attendre qu’il le fasse de lui-même, autocensure surréaliste dans la mesure où il n’a pas conscience de son état. Doit-on pour autant l’empêcher de s’exprimer ? Si c’est un con dangereux, raciste et xénophobe par exemple, là il n’y a pas de doute. Mais il y a les autres auxquels il suffirait de ne pas répondre comme s’ils étaient quantité négligeable, mais dans se cas là exacerbés par leurs conneries ils insistent lourdement. Que faire pour ne pas paraître un censeur rigide ?

  • Des mots très justes, osons dire, ouvrons nos clapets, ouvrez vos "Klapez" à klaps, Salut et bien à toi. Spk

  • La liberté ne se demande pas (ai-je le droit de ?...), elle se prend !...
    Dès lors que l’on est correct, tous ceux qui m’empêcheront de m’exprimer, ne sont que de pauvres individus !

    Internet n’est pas le seul moyen d’expression, il y a les affiches, les tracts, les petits journaux, etc etc

    Je crains que ceux qui veulent essayer de nous faire taire, seront demain ceux que l’on fera taire !

    Car la force des Peuples est bien plus grande que celle des dictatures, et leur raison d’être libres (et surtout libérés des exploiteurs en tout genre) est plus puissante, ne l’oublions jamais : "On peut tuer les hommes, mais pas leurs idées".

    VIVE LA LIBERTÉ !