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Ces alarmistes qui ont vu juste

Publie le vendredi 24 octobre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Ces alarmistes qui ont vu juste

Publié par Paul Jorion

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

On ne m’a pas donc vu sur Arte dans l’émission consacrée à la chute de Lehman Brothers, en vue de laquelle on m’avait interrogé pendant 90 minutes. J’entends dire que le matériel sera utilisé dans un programme au lendemain des élections présidentielles américaines. Qui vivra verra !

Certains d’entre vous s’interrogent - comme moi - pourquoi ne pas avoir utilisé cet entretien ? Ce que j’ai déclaré vous est connu : c’est du même ordre que ce que vous me voyez écrire tous les jours. Il y a peut–être une indication dans le sentiment que j’ai eu, en parlant aux réalisateurs, que notre évaluation respective de la gravité de la crise actuelle n’était pas du même ordre de magnitude. Quand j’ai dit par exemple que la situation actuelle faisait peur, et qu’ils m’ont demandé de préciser, j’ai dit « J’ai peur d’avoir des enfants qui crèvent de faim ! » Ce que j’ai lu dans leurs yeux, ce n’était pas de l’incrédulité mais plutôt de l’inquiétude, et cette inquiétude ne portait pas sur l’économie ou sur la planète, mais sur moi personnellement.

Depuis le début de l’année on a commencé à dire un peu partout : « Comme en 1929 ! » et on se met à dire maintenant : « Pire qu’en 29 ! » mais je suppose que cela reste pour la plupart des gens, un slogan très abstrait. Il y a une catégorie d’économistes ou apparentés - et je vais me situer ici en compagnie de gens dont certains sont des « personnalités », des gens beaucoup plus connus que moi, comme Krugman ou Roubini, et en France, Attali, Aglietta ou Lordon, que vous et moi appelons : « ceux qui ont vu juste » mais que 95 % des gens appellent encore tout simplement : « les alarmistes ».

Bien sûr, dans trois mois, ce ne seront plus que 90 % des gens qui nous appelleront « alarmistes », et dans six mois, 85 %, etc. Mais nous le savons bien : pour qu’une majorité croie véritablement à la gravité de la crise, il faudra qu’elle soit entrée dans leur vie quotidienne avec des traites non payées, du chômage et tutti quanti.

Faisons un pas de plus. Quand on dit de nous « ceux qui ont vu juste », ce n’est encore qu’un crédit qu’on nous accorde quant à l’analyse que nous faisons des événements : les prévisions qui se sont vérifiées, à long terme d’abord : que la crise aurait lieu, prévisions à court terme ensuite, quant à la suite des événements depuis qu’elle a éclaté. Est-ce que ce crédit s’étend aux propositions que nous faisons quant à ce qu’il conviendrait de faire, à nos suggestions de solutions ? Je n’en vois aucune trace.

Il est vrai que tous ceux « qui ont vu juste » ne sont pas aussi présents sur le front des remèdes. Je n’ai encore rien lu par exemple - je ne fais peut–être pas assez attention - qui ressemble à des solutions dans ce que dit Roubini. Mais j’en vois énormément (elles ne se recoupent pas entièrement, mais là n’est pas la question) chez Attali, Lordon et moi-même : interdictions des paris sur les prix, blocus des paradis fiscaux, double système monétaire, constitution pour l’économie, bilan de santé de la planète dans l’évaluation des richesses, etc. Est-ce que quelqu’un quelque part prête la moindre attention à ces suggestions ? Peut-être mais il se garde bien dans ce cas-là de me le signaler.

Passer de la catégorie « alarmiste » à celle de « ceux qui ont vu juste », constitue la première étape. Soyons optimiste : elle n’est pas hors d’atteinte. Qu’on s’intéresse aux solutions que nous proposons serait la seconde. Et là, on est encore très loin du compte.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Ce bulletin a été publié le Jeudi 23 octobre 2008 22:52

http://www.pauljorion.com/blog/?p=876

Messages

  • LES 5 pages du Parisien hier sur la crise en France,avec en titre d’Ou vient l’argent ?, montrent bien la castagne en preparation pour nous piquer le max de blé pour sauver le systeme....

    Le systeme n’est pas reformable et des millions de personnes sont en train d’en prendre conscience !!

    La resistance encore confuse peut apparaitre a l’occasion de la greve generale en preparation ,affichons notre solidarité avec un chiffon rouge...

    La chute continue des bourses mondiales a a voir avec :

    Jeudi 23 octobre 2008

    dette titrisée

    Les CDO pourraient provoquer de nouvelles dépréciations

    Beaucoup de ces titres étaient liés à Lehman Brothers et aux banques islandaises, tombés en faillite.

    christian affolter

    à lausanne

    Lehman Brothers et trois banques islandaises tombées en faillite. Washington Mutual, Fannie Mae et de Freddie Mac sauvés en dernière minute.......

    acces aux abonnés :

    http://www.agefi.com/Quotidien_en_ligne/Investir/articleDetail.php?articleID=319287

    PÉTITION : Pour que l’argent nous serve au lieu de nous asservir !

    En cette période de crise financière et économique, le soutien des États aux banques risque d’aggraver la dette publique.

    Bien sûr on peut se dire que tout cela nous dépasse, que l’on n’y peut rien à notre niveau... Détrompez vous ! Nous pouvons par notre action initier une solution rapide à cette crise, résoudre la question de la dette et nous donner les moyens de financer l’immense chantier à mettre en œuvre pour répondre aux défis écologiques et humains de notre temps. Pure utopie pensez-vous ?

    Savez-vous que :

    - Depuis 1971, plus aucune monnaie n’est liée à un étalon réel (or), ce qui la rend depuis totalement virtuelle

    - En 1973, la France s’est légalement obligée d’emprunter sur les marchés financiers cette monnaie dont elle avait auparavant le pouvoir d’émission !

    - Suite au Traité de Maastricht, toute l’Europe est dans la même situation, qui conduit les États à s’endetter pour obtenir, au prix fort, la monnaie immatérielle qu’ils pourraient créer eux-màªmes.

    C’est ainsi plus de 1300 milliards d’euros d’intérets que nous avons payé depuis 1973, et cette "charge de la dette" ponctionne actuellement, sur nos impôts, près de 120 millions par jour. Pendant ce temps, cette dette - le capital dû - s’est envolé à plus de 1250 milliards d’euros !

    Les "élites" européennes ont volontairement abandonné notre droit de création monétaire, au profit exclusif d’une finance privée dont les excès et l’irresponsabilité sont aujourd’hui étalés au grand jour ! Cette politique du "tout marché", appliquée à la fonction monétaire, est la cause première de la dette publique, avec son cortège de restrictions budgétaires, resserrement des aides sociales, recul du service public, etc.

    Alors disons "ça suffit !" Ensemble réclamons le retour du droit régalien de création monétaire au bénéfice de la collectivité !

    Aidez-nous dans notre action, en signant la pétition électronique, ainsi qu’en lisant et diffusant largement l’appel qui y est joint.

    Rendez-vous sur

    http://www.dettepublique.org

    • "Les "élites" européennes ont volontairement abandonné notre droit de création monétaire, au profit exclusif d’une finance privée dont les excès et l’irresponsabilité sont aujourd’hui étalés au grand jour !"

      Pourquoi ?...Parce qu’ils sont PAYES.

      Rebsamen, socialiste : 20000 euros pour être au conseil d’administration de l’ennemi number one d’une politique de gauche, le moteur du capitalisme : la banque, en l’occurence DEXIA.

      Soleil Sombre

  • Je connais un alarmiste qui a vu juste et qui a une solution, c’est JACQUES CHEMINADE.

    Que pensez vous du Vrai Nouveau Bretton Woods ?

    David C.
    david.cabas.over-blog.fr