Changement d’époque... une chronique à lire !!!

Daniele Fonck, rédac chef de tageblatt...
Une chronique à lire !!!

Changement d’époque
De Bernard Kouchner au pape Benoît XVI en passant par nos bons amis les banquiers : tous ont en commun le politiquement correct et la légalité. Et aucun d’entre eux ne remplit plus sa fonction initiale, à savoir d’être un modèle d’exemplarité pour la société et en particulier la jeunesse.

Kouchner d’abord.

Il aura toute sa vie, et sur ce point Pierre Péan (auteur du livre Le monde selon K.) a raison, fait figure de chevalier blanc du monde politique et humanitaire par ses actions très médiatiques dans tous les centres de crise, de la mer de Chine au Darfour en passant par la Somalie. Ce n’est pas par hasard si le „french doctor“ pouvait afficher un taux de popularité maximal dans les sondages, que les Français étaient persuadés qu’il fut le plus noble d’entre eux et que la classe politique, à l’exception du PS, son propre parti, le courtisait. Ceux qui l’approchèrent de près sur le terrain étaient certes plus mitigés sans pour autant renier son engagement.

Or voilà que Péan dévoile une autre face du chef de la diplomatie française. Pour de mauvaises raisons peut-être (une querelle idéologique profonde sur le drame rwandais oppose les deux hommes). Il n’empêche : voilà que l’on sait désormais noir sur blanc ce qui se murmurait dans les antichambres parisiennes, à savoir que Bernard Kouchner avait fait ses choux gras grâce à de juteux contrats de „consulting“ (terme à la mode chez les friqueux) avec les pires dictateurs africains.

Oh, d’un point de vue juridique et légal, tout est en règle. Comme sont en règle ces banquiers et traders qui continuent d’empocher des millions, voire des milliards en dépit de la crise, leurs hauts salaires, leurs bonus, leurs stock options et tout le reste leur étant dus de façon contractuelle. Et face à un contrat, la morale pèse léger, très léger.Cela viendra

Eux, les banquiers et leurs conseillers-experts chérisn’ont pas commis de faute. Ils ont simplement mal apprécié le risque. Nuance, n’est-ce pas ? Ils ne trompent ni le contribuable ni l’Etat en se montrant psycho-rigides dorénavant avec le denier public injecté dans leurs banques. Non, ils réparent leurs errements et se montrent particulièrement prudents ces jours-ci, après en avoir référé à leurs ex-nouveaux conseillers-experts. Cherchez donc l’erreur !

Ratzinger est quant à lui un intellectuel, un grand théologien, cela s’est su par les voies du marketing romain, lequel, force est d’en convenir, avait toutefois pris soin de ne pas évoquer les cheminements de jeunesse du personnage.

Le Vatican a eu tort, car cela aurait mieux mis en lumière sa démarche d’aujourd’hui que l’art rhétorique permet de vendre comme une main tendue à tous, de la gauche catholique à la droite extrémiste en passant par l’ouverture oecuménique.

Reste que dans l’Eglise, plus que dans n’importe quel autre club, il est de mise de fixer les règles du jeu, de faire passer des examens de passage aux futurs membres et que le test réussi, on les adopte en son sein. A qui veut-on faire croire que Rome aurait découvert sur le tard le négationnisme de Williamson ?

C’est comme si les Israéliens pouvaient, demain, après les élections législatives, découvrir le propos du leader fascisant qu’est Liberman et qui préconise à l’encontre des Palestiniens „la même attitude que celle des Américains à l’encontre des Japonais“, lisez la bombe atomique, et qui a dit texto : „il faut les éradiquer”.

Qui, sans rougir de honte, peut laisser passer qu’un Netanyahou et un Barak disent vouloir entrer en coalition avec un pareil monstre, tout juste bon pour le tribunal de La Haye ?

Bref, Obama nous met du baume au coeur quand il a le courage politique de dire qu’il s’est trompé, quand il ose mettre à la porte de son administration un fraudeur du fisc et quand il impose des limites plus que supportables aux escrocs de Wall Street. Et il est réjouissant de voir que Medvedev suit en interdisant aux fonctionnaires russes les invitations corrompantes des hommes d’affaires douteux et les voyages en jet privé des mêmes.

Nous sommes en plein dans un changement d’époque.
Il faudra simplement un peu de temps encore pour que tous les concernés, acteurs politiques, économiques et idéologiques s’en rendent compte. Leur adaptation ne se fera d’ailleurs pas sans mal.

Tant pis pour eux.

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