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Changer pour sortir de l’insignifiance

Publie le mardi 30 septembre 2008 par Open-Publishing
17 commentaires

Par Jean-Claude Gayssot, membre du PCF, ancien ministre

La gauche pour qui, pour quoi ?

Le PCF devrait rapidement décider d’engager le processus visant à créer avec d’autres une force politique nouvelle. Si c’est notre parti qui en prend l’initiative, la visée communiste originelle - celle de l’émancipation humaine - sera ainsi légitimée. Il y a urgence. Car l’espace se restreint entre un PS qui tend à se social-libéraliser et une extrême gauche uniquement protestataire. Toute tentative de rabibochage ne ferait qu’éloigner un peu plus encore les chances réelles de mener un combat juste et efficace face à un système capitaliste mondialisé. Système qui se considère, et est malheureusement considéré de plus en plus, comme la fin de l’histoire de l’évolution des sociétés.

En d’autres termes, en France comme ailleurs l’essentiel des forces politiques qui comptent dans les jeux de l’alternance s’est rallié ou est en passe de se rallier à cet axiome : la loi du marché, la loi de la concurrence entre les hommes et entre les peuples, le libéralisme sont le fin du fin de ce que les sociétés sont capables de faire. Indépassable !

Je n’en prendrai pour preuve que les tendances lourdes à l’oeuvre en France et en Europe : celles qui voient de plus en plus les dirigeants des partis sociaux-démocrates s’engager ouvertement en faveur de cet ordre établi, et la recomposition politique qui menace d’un bipartisme excluant toute velléité contestataire du système. Cette dérive est d’autant plus confortée qu’aux yeux du monde entier, et en particulier à ceux des classes populaires et de la jeunesse, l’image du communisme s’est totalement détériorée.

Il ne sert à rien de se lamenter devant la vertigineuse dégringolade de l’influence du PCF et des autres partis communistes en Europe et dans le monde. C’est un fait. Cette déperdition est générale. Quelles que soient les tactiques et les stratégies depuis une quarantaine d’années, le recul est partout. Il nous faut avoir l’honnêteté de le reconnaître et le courage d’en tirer les leçons : il faut changer.

Mais changer vraiment c’est procéder à une rupture franche et publique avec les conceptions qui ont prévalu à l’origine de la création du PCF et des partis communistes. Depuis plus d’un demi-siècle, notre parti a fait beaucoup pour se dégager du stalinisme et du « modèle » soviétique. Cela n’a pas été suffisant. Cette rupture est la condition indispensable à mes yeux pour poursuivre, relancer et mener le combat transformateur en s’appuyant sur la capacité des classes populaires à s’y retrouver, afin de ne pas se laisser confisquer leur droit au bonheur partagé. Changer pour sortir de l’insignifiance dans laquelle nous sombrons et donc pour être efficace dans la lutte contre l’exploitation de l’homme par l’homme, contre l’aliénation et la sujétion. Contre la marchandisation de tout et de chacun. De la planète.

Ces valeurs-là, celles de l’espoir, ne doivent plus être contredites. Il s’agit donc de changer, de rompre avec tout ce qui nous fait « défaut », sans renier, mais au contraire en transcendant la dimension humaine et sociale du combat pour l’émancipation.

En ce sens, c’est bien une métamorphose que nous devons opérer. Pour que cette métamorphose soit sincère et possible, nous devons la réaliser avec d’autres.

Dans les autres partis de gauche, chez les écologistes, dans les syndicats, le mouvement associatif, les altermondialistes, dans le monde de la création, nombreux sont celles et ceux qui s’interrogent sur le devenir de la gauche et du combat révolutionnaire. Nombreux sont celles et ceux qui ne se résignent pas à l’évolution libérale du PS. Nombreux sont celles et ceux en quête d’un espace politique, d’une force politique à la fois contestataire et constructive, indépendante du PS et unitaire, populaire et moderne. Une force politique susceptible, par son existence même et par le contenu de son combat, de sa visée et de son projet, d’attirer vers elle le regard et l’envie de militer de la jeunesse. Face au rouleau compresseur du sarkozysme détruisant systématiquement l’une après l’autre les conquêtes sociales et démocratiques, il est urgent d’ouvrir une telle perspective politique. Ce sera le meilleur appui aux luttes sociales, aux résistances et aux indispensables mobilisations.

J’insiste sur le fait que nous devons absolument réaliser cette métamorphose avec d’autres. Non seulement c’est la seule manière d’être crédible dans notre volonté de changement, mais aussi, et surtout peut-être, parce que nous avons aussi besoin d’apprendre des autres. Le niveau d’étiage de notre attractivité et l’ampleur de la tâche pour mener des combats transformateurs dans les conditions de notre temps, nous encouragent à la modestie et à l’audace.

En Allemagne, le Parti communiste et des socialistes refusant la dérive libérale du SPD ont créé une force politique nouvelle. Toute jeune, elle commence déjà à peser dans la vie politique de ce pays. Ailleurs, en Grèce, en Italie… des réflexions dans le même sens sont engagées. Chez nous, nous devrions lancer ce processus sans délai. Il s’agit de donner très vite un signal aux classes populaires et à la jeunesse. De ce point de vue, la préparation des futures élections européennes pourrait en créer les conditions favorables.

 http://www.humanite.fr/2008-09-29_T...

Messages

  • Gayssot, lui, n’a pas été trop "protestataire" dans le gouvernement Jospin...qui a privatisé plus que les gouvernements Juppé et Balladur réunis.

    • Et vous, mes chers cocos, vous l’avez été ,protestataires ?
      Reprocheriz vous à J.C. Gayssot d’avoir été dans la "ligne" du parti ?

    • Très juste Le Goff. On peut donc ajouter :

      Cassez vous (la liste est longue)

      Cela étant dit, faudrait pas confondre le PCf avec les communistes.

    • Je l’ai été, je le demeure. Mais pas au PCF.

    • L’opportuniste
      by Jacques Dutronc

      Je suis pour le communisme
      Je suis pour le socialisme
      Et pour le capitalisme
      Parce que je suis opportuniste

      Il y en a qui contestent
      Qui revendiquent et qui protestent
      Moi je ne fais qu’un seul geste
      Je retourne ma veste, je retourne ma veste
      Toujours du bon côté

      Je n’ai pas peur des profiteurs
      Ni même des agitateurs
      J’fais confiance aux électeurs
      Et j’en profite pour faire mon beurre

      Il y en a qui contestent
      Qui revendiquent et qui protestent
      Moi je ne fais qu’un seul geste
      Je retourne ma veste, je retourne ma veste
      Toujours du bon côté

      Je suis de tous les partis
      Je suis de toutes les partys
      Je suis de toutes les cauteries
      Je suis le roi des convertis

      Il y en a qui contestent
      Qui revendiquent et qui protestent
      Moi je ne fais qu’un seul geste
      Je retourne ma veste, je retourne ma veste
      Toujours du bon côté

      Je crie vive la révolution
      Je crie vive les institutions
      Je crie vive les manifestations
      Je crie vive la collaboration

      Non jamais je ne conteste
      Ni revendique ni ne proteste
      Je ne sais faire qu’un seul geste
      Celui de retourner ma veste, de retourner ma veste
      Toujours du bon côté

      Je l’ai tellement retournée
      Qu’ell’ craqu’ de tous côtés
      A la prochain’ révolution
      Je retourn’ mon pantalon

  • En tout cas, on ne pourra pas lui reprocher de manquer de culot.

  • Du goudron, des plumes et un réverbère. lul

  • Le parti "La gauche" allemand est une vaste arnaque.Ils sont bien implantés à Berlin etiIls ont avalisés sans aucun problème toutes les politiques libérales, privatisations, baisse de salaires des travailleurs de la commune, remboursement rubis sur l’ongle des dettes contractées par les précédentes municipalitées...

    Et lafontaine viens d’applaudir Bush en tentant de nous raconter que le "bailout" c’est comme une nationalisation...

    Si c’est ca votre model...

  • Gayssot ne défend que ses prébendes et celles de ses petits copains permanents. J’en ai assez de ces gens (j’hésite à les appeler encore camarade) qui pour nous faire passer la pillule n’arrête pas de nous culpabiliser sur l’échec de la-bas et gna et gna. Ras le bol ! Je lui conseille de relire ou peut-être de lire Marx et aussi l’ ouvrage de domineco losurdo : Fuir l’histoire ? S’il veut se métamorphoser qu’il le fasse mais sans moi et sans nous qui voulons porter les valeurs du communisme et ne plus être l’otage de ces permanents ! joelledagen

  • Avant de nous donner des conseils pour l’avenir, Gaissot nous serait bien plus utile si, dans le détail, il nous racontait son parcours 1997-2002, et le pourquoi, d’aprés lui, de l’échec ! Aprés, il serait bien plus crédible lorsqu’il écrirait, comme le premier Besancenot venu :Cette dérive est d’autant plus confortée qu’aux yeux du monde entier, et en particulier à ceux des classes populaires et de la jeunesse, l’image du communisme s’est totalement détériorée.

    CN46400

  • "MONSIEUR" le ministre,

    Vous n’êtes plus cheminot,
    Vous n’êtes plus communiste,

    Continuez à festoyer avec vos amis socialistes à la gamelle infecte de "GAUCHE AVENIR",continuez à entretenir la nostalgie de la gauche plurielle avec les fossoyeurs des services publics !

    Les communistes,les vrais,n’ont que faire de vos élucubrations ,à des lustres de la lutte de classe,de la lutte contre le capitalisme,mais bien ancrée dans la lutte des places.

    Vous semblez être parfaitement à l’aise avec vos nouveaux amis,alors RESTEZ-Y !

    LE REBOURSIER

  • Camarades, avez-vous songé un instant pourquoi l’Humanité (Pierre Laurent est le directeur de la rédaction ET le rédacteur de la base commune) vous agite ce chiffon provocateur sous les yeux à deux mois du congrès ?

    • Bien sûr, pour nous montrer que dans le PC aussi, il y a une aile droite !

    • Que c’est triste, un suicide collectif... Gayssot ne crois plus à la forme actuelle du Parti et c’est un dangereux liquidateur. C’est quoi ce Parti que vous nous promettez où il n’y a même plus de place pour le doute, pour l’analyse critique, pour ce que le camarade Thorez ayrait appelé "l’autocritique".

      Et puis honte à lui, il a participé à la gestion des affaires du pays ! C’est telement plus facile de laisser faire en attendant le grand soir ! Notre peuple ne nous a-t-il pas déjà répondu sur cette question. Nous sommes perclus de certitudes là où notre peuple doute, s’interroge, cherche et se désespère qu’on ne lui propose pas de perspective crédible et IMMEDIATE.

      Je me demande si avoir raison tout seul ne conduit pas inexorablement à la disparition... Je ne partage pas forcément les doutes de Gayssot mais au moins je les respecte. En tous cas, le fait qu’il en aie me le rend nettement plus sympathique que ceux qui le clouent au pilori. Ceux qui ont eu les mêmes doutes il y a soixante ans en URSS ont fini au goulag par des gens, condamnés par des gens aussi surs de leurs certitudes que vous, camarades !