Accueil > Christian Picquet : "La direction de la LCR marche cul par-dessus (…)

Christian Picquet : "La direction de la LCR marche cul par-dessus tête"

Publie le vendredi 25 janvier 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Christian Picquet, chef de file de la minorité « unitaire » de la Ligue.

de MATTHIEU ÉCOIFFIER

C’est aujourd’hui que la Ligue communiste révolutionnaire, réunie en congrès à la Plaine-Saint-Denis en région parisienne, doit débattre du lancement du nouveau parti anticapitaliste, auquel adhère une majorité de plus de 80 % des délégués. Christian Picquet, chef de file de la minorité « unitaire » - qui pèse « 14 % en raison, selon lui, des effets collatéraux de l’échec de la candidature unique à la présidentielle » - critique la stratégie d’Olivier Besancenot et de la direction de la LCR.

Pourquoi critiquez-vous la stratégie de lancement du nouveau parti ?

Je crains que la direction de la LCR ne s’enferme dans une illusion : croire que l’écho d’Olivier Besancenot se traduira mécaniquement en une nouvelle construction politique. Sur le fond, Olivier Besancenot n’a pas tellement bougé de sa ligne gauchiste. Hormis sur une chose : il a compris que la Ligue ne pouvait être le réceptacle naturel des attentes qu’il suscite lui-même. Il a donc enclenché un dépassement de la LCR. Le problème, c’est qu’il s’est arrêté sur la forme.

Quels sont vos points de désaccord ?

A mesure que le projet se concrétise, la définition du nouveau parti se veut de plus en plus « révolutionnaire » et prétend ne s’adresser qu’aux seuls « révolutionnaires ». Les gens vont donc comprendre que les bases proposées sont celles de la LCR aujourd’hui et qu’elle veut les instrumentaliser. Cela risque d’avoir un coût politique élevé : le refus de discuter avec les sensibilités antilibérales existant par ailleurs, du PCF aux gauches dans le PS en passant par les forces alternatives, pour en appeler aux seuls « anonymes » dans les luttes, aux « héros du quotidien ».

C’est un risque à vos yeux ?

Oui, c’est celui d’une démarche cul par dessus tête : on définit tout à l’avance, la base politique - « révolutionnaire » -, le périmètre - seulement les anonymes et les acteurs de terrain - et le calendrier. Comment dire après aux futurs adhérents : venez, on va tout décider à égalité avec vous. Ils veulent une formation qui rassemble le meilleur des traditions de la gauche anticapitaliste. Son pluralisme est une nécessité, sauf à penser que la LCR seule peut réaliser la synthèse indispensable.

Ce nouveau parti ne peut-il pas fédérer l’extrême gauche ?

La réalité, c’est que nous n’avons pour partenaires que des petits groupes, même pas LO, ni sa minorité ou Alternative libertaire. Au total, moins de 2 000 personnes se sont rendues aux réunions sur le nouveau parti : on est très loin du compte pour prétendre incarner une alternative disputant l’hégémonie du PS à gauche. C’est d’autant plus regrettable qu’au PCF le tabou d’une autre forme du parti commence à être levé, tandis qu’au PS ou chez les Verts certains posent la question d’une nouvelle force, et qu’au sein des collectifs antilibéraux des milliers d’inorganisés aspirent à du nouveau. Voilà pourquoi la LCR doit agir « grand angle » et pas « petit bras ».

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/306032.FR.php

Messages

  • En lisant la prose Piquet, j’ai l’impression, qu’il pourrait sans dommage faire carrière au PS. ca ne serait ni le premier ni le dernier.

  • Commentaires de trois lecteurs, dans Libe, à cet interview :

    « je ne suis pas adhérent de la LCR et j’entends les critiques que formulent Christian Picquet, cela dit, pour agréger les forces révolutionnaires qui existent selon lui au pcf et à la gauche du ps, il faudrait d’abord que les communistes unitaires cessent de l’être avec le ps pour avoir des élus, et que le courant PRS ne soit plus la caution "gauche" d’un ps qui est de fait déjà à droite au point de s’associer avec le modem dans de nombreuses villes pour les municipales dés le premier voir au second tour. Il ne s’agit plus de sauver la gauche, il s’agit de la réinventer. Quand à L.O. ils n’ont jamais été d’accord qu’avec eux mêmes et aujourd’hui, avec le Ps qui veut bien les accepter sur leur liste pour là aussi avoir des élus et ne pas disparaitre politiquement. Donc, il ne reste rien que la LCR, Alternative Libertaire, la Riposte, bref, ce que Christian Picquet appelle des groupes. Certes Olivier Besancenot n’est pas toute la LCR, mais il l’incarne et on adhère à la fois à des idées et à ceux qui les portent d’ou l’importance de ce que représente Olivier Besancenot. Moi, je suis pour ce nouveau parti car ce sont les héros du quotidien qui réunis font la base d’une résistance et d’une transformation possible pas les associations électorales. Et puis, si ce nouveau parti produit une dynamique nouvelle réelle, on verra d’autres sensibilités le rejoindre au lieu de travailler à sa perte, c’est à dire à la notre au profit finalement d’un Ps pour qui personne à gauche ne peut raisonnablement voter au second tour »

    « J’avoue que je ne comprends pas : si Christian Picquet veut une gauche qui ne soit ni révolutionnaire, ni anticapitaliste, ni indépendante du PS, plutôt que de perdre du temps en omniprésence médiatique, pourquoi ne va-t-il pas directement au PS ? Là, il y aura moins de "héros anonymes", c’est sûr ! Plus je le lis partout dans les médias, plus j’ai envie d’adhérer à ce nouveau parti réellement à gauche, de Besancenot... »

    « pour ceux qui seraient surpris par la véhémence aux accents catastrophiques de ses propos, qu’ils ne s’inquiètent surtout pas : ça fait des années maintenant qu’il prédit les pires tragédies à la LCR si elle ne suit pas les recommandations de son courant, c’est un style, voyez. (alors que là aussi, si j’étais chafouin, je pourrais dire qu’on a fait systématiquement l’exact contraire, et que ça nous a plutôt réussi) »