Accueil > Chroniques citoyennes (7) Vivifiante télé

Nous le savions déjà, mais il est bon de le rappeler, la télévision publique sait se distinguer en nous délivrant de ces productions télé-filmiques dont elle a le secret. Il est des soirées comme celle de ce jeudi pluvieux qui nous feraient presque oublier le coût de notre redevance.
En effet le film « Le maître qui laissait les enfants rêver » a dû donner du baume au cœur à ces milliers d’enseignants qui participent à leur manière à l’élaboration d’innovations pédagogiques qui, n’en déplaise à M. le Ministre, ne se limitent pas à l’application stricte d’imbuvables circulaires rédigées par des énarques désœuvrés.
Ce film permettait de toucher du doigt le formidable bouillonnement de l’entre deux guerres, période incomparable, qui permit à des passionnés de participer à l’émancipation des populations avant que ne s’abattent les nuages noirs de l’intolérance portés par le nazisme et ses alliés. Qui plus est, la description de cette « affaire de St Paul de Vence » résonnait à nos oreilles d’une modernité bien réelle, et au delà des aspects caricaturaux des personnages, nous ne pouvions que constater combien aujourd’hui ce type de débat est brûlant d’actualité.
Les récentes déclarations sur le calcul mental, les méthodes de lecture ont jeté sur le corps enseignants des soupçons immérités, car au cours de notre scolarité, combien sommes-nous à avoir participé à un journal scolaire ? N’avons nous jamais apprécié le rôle de la coopé dans la réalisation de nos projets ? Ne nous souvenons nous pas de ces livrets BT ou BTj qui alimentaient nos exposés ? Et enfin, de la primaire au lycée, combien sommes nous à avoir gardé un impérissable souvenir de notre correspondant(e), de sa venue, de notre voyage ? Et je pourrais trouver bien d’autres exemples…
80 ans après, il était plus que temps de rappeler combien M. Freinet a joué un rôle primordial dans le recentrage de l’école autour de l’enfant, de l’acquisition des savoirs, de son développement, de sa construction citoyenne. Il y avait comme un parfum de cette liberté pédagogique qui a permis à des générations d’écoliers d’obtenir un certificat d’étude, un brevet des collèges, un bac… Sans pour autant ânonner des leçons sans les comprendre !
De nos jours, l’ordinateur a supplanté l’imprimerie mais les courriels n’empêchent pas les lettres bien tournées et illustrées. De nos jours, le loto de l’école est organisé par la coopérative et les élèves continuent d’utiliser le fichier maths en auto-évaluation tout en enrichissant chaque jour de leurs mots, de leurs recherches les centres d’intérêts de leurs camarades de classe avec leurs exposés.
A la lumière des personnages de fiction qui évoluaient sous nos yeux (quelle fiction ?), nul ne pouvait croire que le débat ouvert par Célestin ne se poursuivait pas. Qu’attendons nous donc pour y participer, se l’approprier et inventer l’école de demain, pour nos enfants, nos petits enfants ?
Le 30 mars 2007
Démocrite