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Clandestins : inquiet, le Sénégal suspend les rapatriements depuis les Canaries
Publie le vendredi 2 juin 2006 par Open-PublishingDakar a suspendu jeudi "jusqu’à nouvel ordre" le rapatriement de ses ressortissants clandestins interpellés dans les îles Canaries, après avoir fait état de son inquiétude sur le traitement qui leur est réservé par la police espagnole.
Les autorités de Madrid ont répondu qu’elles allaient "tenter d’éclaircir ce qui s’est passé", mais d’ores et déjà, la police a rétorqué qu’elle avait "scrupuleusement respecté les droits individuels" des clandestins.
Le rapatriement est "suspendu jusqu’à nouvel ordre", a déclaré un responsable gouvernemental sénégalais qui a requis l’anonymat.
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"La partie espagnole a été informée. Ce n’est pas à eux de décider. C’est nous qui décidons ou non de recevoir les avions", a-t-il ajouté.
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Un peu plus tôt, Madrid avait annoncé avoir reçu une demande officielle sénégalaise de suspension des rapatriements.
Le Sénégal a remis au gouvernement espagnol "une note verbale" dans laquelle il évoque des "circonstances recommandant cette mesure et qui requièrent une enquête", avait précisé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Les premières critiques sur les conditions de rapatriement ont été formulées par deux ministre sénégalais après leur rencontre, mercredi soir, avec 99 clandestins refoulés dans la journée depuis les Canaries.
"Nous déplorons les conditions de rapatriement", avait déclaré à la presse le ministre de l’Agriculture, Farba Senghor.
M. Senghor avait alors rapporté que les passagers avaient "été menottés" et que les autorités espagnoles avaient fait croire aux clandestins qu’ils s’envolaient en direction de Malaga, une ville du sud de l’Espagne.
"Si elles sont avérées, les conditions infligées aux Sénégalais sont inacceptables", avait-il affirmé, ajoutant que les autorités de Dakar allaient en "discuter avec les autorités espagnoles".
Le ministre sénégalais de l’Intérieur, Ousmane Ngom, avait pour sa part averti : S’ils (les Espagnols) ne respectent pas la dignité des rapatriés, nous remettrons en cause le rapatriement de nos ressortissants".
Une source policière locale avait ensuite assuré aux journalistes qu’il y avait "autant de policiers espagnols que de clandestins" à bord de l’avion.
"Le rapatriement des citoyens sénégalais a été réalisé en remplissant toutes les conditions légales requises et les normes de sécurité habituelles (...) dans le respect scrupuleux des droits individuels", a rétorqué la direction générale de la police espagnole.
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a néanmoins indiqué que le ministère de l’Intérieur allait "tenter d’éclaircir ce qui s’est passé", tout insistant sur le fait que l’accord entre Madrid et Dakar sur les rapatriements de clandestins restait "en vigueur".
Une source policière aux Canaries, s’exprimant sous couvert d’anonymat, avait récemment confirmé à l’AFP qu’il arrivait que les policiers fassent usage de force physique pour arriver à faire descendre d’avion les émigrants rapatriés qui s’y refusaient.
Le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires étrangères, Bernardino Léon, qui se trouve actuellement en Guinée équatoriale, devrait se rendre au Sénégal "dans la soirée ou vendredi matin", a indiqué le porte-parole.
M. Léon effectue une tournée en Afrique dans le cadre d’une offensive diplomatique de Madrid pour tenter de réduire le flux d’émigration clandestine massive vers les Canaries.
A la suite d’un renforcement fin 2005 des contrôles au Maroc et sur la côte sud de l’Espagne, les émigrants se sont rabattus en masse dès que les conditions météorologiques l’ont permis, en mars, sur les sept îles de l’archipel atlantique des Canaries.
On refuse l’aterrissage aux avions transportant des clandestins ?
Ca aussi ... c’est la force du Sud !