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Comment combattre la privatisation-destruction ?
Publie le dimanche 28 août 2005 par Open-PublishingComment combattre la privatisation-destruction ?
Porte-parole du Parti socialiste, Mme Annick Lepetit a, le 22 août, accusé le gouvernement de « brader le patrimoine de l’Etat » en décidant « de privatiser les autoroutes ».
On ne peut que partager cette condamnation des privatisations d’autoroutes par le Parti socialiste. Il nous semble toutefois qu’elle appelle des précisions.
Pour commencer, cette question : n’est-ce pas le gouvernement Jospin de la « gauche plurielle » qui a commencé « l’ouverture du capital » des autoroutes (et pas seulement, d’ailleurs) ? Faut-il en conclure que la prise de position du PS aujourd’hui entame une rupture avec l’ensemble du bilan du gouvernement de « gauche plurielle » ?
Ensuite, on observera que la privatisation des autoroutes résulte strictement des directives européennes. N’y a-t-il pas une contradiction ? Aucun des courants qui se déchirent au sein du PS (lire page 4) ne se prononce pour la rupture avec l’Union européenne... qui est pourtant l’exigence exprimée avec force le 29 mai dernier. Mais comment pourrait-on refuser de privatiser les autoroutes sans remettre en cause l’Union européenne ?
Enfin, il est établi que toutes les politiques de privatisation passent aujourd’hui, d’une part, par la décentralisation-régionalisation, et, d’autre part, par la volonté d’y intégrer les organisations syndicales. Or le Parti socialiste, partisan de la politique de régionalisation-décentralisation, ne l’applique-t-il pas activement, en particulier à la tête des régions et des départements qu’il préside (lire à ce sujet l’interview publiée page 5) ?
L’université d’été du Parti socialiste, qui débute cette semaine, consacre son atelier n° 5 à « la démocratie participative ». Dans la fiche préparatoire, on peut lire qu’il faut « amener le politique à construire “l’intérêt général” autrement (...). Déterminer des dynamiques d’élaboration collective de conditions de “bien vivre ensemble” (...). Rechercher des pistes de travail pour combiner cette démocratie participative avec les mécanismes de la démocratie représentative, au niveau national comme territorial. Un cadre est à construire, qui permettra l’élaboration d’un nouveau partenariat entre les politiques, les associations et les organisations syndicales. »
Peut-on s’opposer aux privatisations et demander aux organisations syndicales de les mettre en œuvre, à l’encontre de toutes les conquêtes arrachées par les travailleurs eux-mêmes ? Autrement dit, peut-on s’opposer aux privatisations en se prononçant pour l’intégration des organisations syndicales aux institutions de l’Etat et de la région ?
A quelques milliers de kilomètres de nous, la conférence internationale réunie à La Paz (Bolivie), à l’initiative conjointe des organisations syndicales boliviennes et de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples, a affirmé clairement que la nationalisation sans indemnité ni rachat des hydrocarbures se relie à la rupture « avec le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, les capitalistes et les gouvernements à leur service ». L’appel de la conférence - élaboré et contresigné par des responsables appartenant à toutes les tendances du mouvement ouvrier - a également précisé que cette lutte est indissociable de « l’existence de nos organisations syndicales, leur indépendance et leur défense » (lire page 12).
A l’heure où la politique de destruction et de démantèlement frappe tous les domaines de la vie sociale, et particulièrement en cette période de rentrée, l’école (lire le dossier en pages 2 et 3), à l’heure où cette politique prend partout le visage hideux de la privatisation-dislocation, n’est-ce pas là la base de l’unité, en France comme en Bolivie ?
Daniel Gluckstein