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Comment le PS a perdu le tiers de ses troupes

Publie le mardi 26 février 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

de Zineb Dryef

Les anciens sont déçus par Royal, les nouveaux par l’accueil que leur a réservé le parti : près de 80 000 adhérents ont déserté.

Pendant que les ténors du PS s’enlisent dans leurs querelles de chapelles, les adhérents s’en vont. Au service communication du parti, on n’apprécie d’ailleurs pas trop les questions sur les chiffres :

"Seul un officiel peut vous parler et d’ailleurs, vous n’aurez pas de chiffres. On ne les communique pas."

Après plusieurs coups de fil, le PS finit par nous fournir une réponse. C’est rude : des 218 000 adhérents de l’année 2006, il n’en reste, selon Yves Bonnefoy, président du Bureau national des adhésions, que 140 000. Un chiffre probablement surévalué, grincent certains cadres du parti, qui accusent la campagne d’adhésion "à 20 euros" (contre au moins 55 euros précédemment) lancée en mars 2006.

A l’époque, des jeunes et des femmes étaient certes venus grossir les rangs du parti. Mais aux réunions de sections, notamment à Paris, une fédération forte de 70 000 adhérents au plus fort de la mobilisation, les nouvelles recrues s’étaient faites invisibles.

A quelques semaines de la désignation du candidat socialiste à la présidentielle, au mois de novembre, les secrétaires de section décident même d’établir une nouvelle règle du jeu : pour voter, il faut s’être présenté au moins une fois dans une réunion. Gagné : les nouveaux se sont bousculés pour avoir le droit de glisser leur bulletin dans l’urne.

Des vieux militants déçus par Ségolène Royal

Depuis cette soirée de primaires, c’est le calme. Un responsable du XIIe arrondissement avoue que sa section, qui avait gagné 800 personnes, est aujourd’hui redescendue à son niveau d’avant, soit quelques 600 adhérents. Parmi ces démissionnaires, des "vieux" militants. Arrivé en 1996, Eric Besançon, 46 ans, n’a pas renouvelé sa cotisation cette année :

"Après dix ans au PS, deux choses m’ont traumatisées : le sourire de Ségolène Royal au soir de la défaite et son volte-face sur le Smic à 1 500 euros. Je ne la supporte plus et j’ai voulu manifester ma colère."

Saine ou pas, sa colère est surtout passagère. Eric l’a décidé, il retournera au PS... sauf si Ségolène Royal prend les rênes du parti. Ce rejet de l’ex-candidate a motivé la décision de partir chez beaucoup de militants de longue date.

A 54 ans, Patrick Soulier a passé dix-huit ans dans des réunions de section à Cesson-Sévigné (Ille-et-Villaine) :

"Je suis arrivé en 1990, après le Congrès de Rennes. Je voulais faire avancer les choses. J’ai failli partir en 1997 quand Lionel Jospin a initié la privatisation de France Télécom. Puis à nouveau en 2005, à cause de l’Europe. Et j’ai finalement plié bagages en 2006 après la désignation de Ségolène Royal."

Qualifiant la présidente de la région Poitou-Charentes de "candidate des sondages", Patrick Soulier déplore sa désignation par des "gens peu fiables". Il n’est pas le seul à fustiger ces "adhérents à 20 euros".

De nouveaux camarades éphémères, "sans fidélité au parti"

Les militants de longue date ne sont pas les seuls à déserter. Une grande partie des nouveaux adhérents, attirés par la candidature de Ségolène Royal, n’ont finalement pas renouvelé leur carte.

Un secrétaire fédéral y voit une absence de politisation de ses éphèmeres camarades :

"Ce sont des gens sans fidelité au parti. Ils n’ont pas fait campagne. Peu d’entre eux sont venus voter au projet. Le contenu leur importait beaucoup moins que les candidats."

Mais cette sévérité a lourdement pesé dans leur décision de fuir. Etudiant, Yann a poussé les portes de sa section dans le Val-de-Marne en 2006. Plein de l’envie de voir gagner Dominique Strauss-Kahn, il est allé aux réunions, a participé à des groupes de discussions, a collé des timbres sur des enveloppes, a tracté. Avant de déchanter :

"J’en ai eu marre qu’aux réunions, on me reproche mes questions. J’en ai eu marre que tout soit compliqué. Les autres adhérents nous traitaient comme des fans de la Star Ac’. Je suis parti."

Farid Taha est aujourd’hui au MoDem. Il se souvient de ses deux mois à la section de Compiègne (Oise) en 2002. Voici le témoignage qu’il nous a envoyé par mail :

"J’ai demandé à adhérer à la fédération de l’Oise et un syndicaliste de la CFDT travaillant avec moi m’a conseillé de voir une des responsables locales à Compiègne. On m’a fait attendre presqu’une bonne heure dans un local de permanence électorale exiguë sans trop m’adresser la parole.

"J’ai payé ma cotisation et je suis parti avec un bout de papier annonçant la réunion publique du surlendemain. J’y suis allé, découvrant pour la première fois une réunion politique avec d’un côté des chaises et des militants qui écoutent (ils n’avaient pas encore inventé la démocratie participative) et de l’autre une estrade avec des cadres qui parlent.

"J’ai posé une ou deux questions qui se sont soldées par une réponse catégorique du genre ’c’est pas le moment’."

Un mode de fonctionnement poussiéreux et décourageant

Pour Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du socialisme français, également membre de Gauche Avenir, club de réflexion de l’aile gauche du parti, cette opération à bas prix a été bricolée dans l’urgence et l’amateurisme :

"L’UMP, à la même époque, pesait lourd en terme de militants. Le PS n’avait pas le choix, ils leur fallait tenter quelque chose."

A l’époque, le parti ne comptait que 130 000 militants. Jack Lang, responsable de cette campagne, y a beaucoup mis du sien. Sur la forme : accueil des nouveaux, déplacements, nouveau site Internet. Sur le fond : discours très antisarkozyste et nouveau mode de désignation.

Lang avait annoncé, à l’époque, être candidat à la candidature, avant de soutenir Ségolène Royal. Un responsable socialiste persifle : "Il a été zélé parce qu’il se voyait déjà président…"

L’affluence des nouveaux adhérents a ainsi été mal accueillie par des sections dont le mode de fonctionnement, poussiéreux, n’a pas su s’adapter.

"Les partis surévaluent toujours leurs adhésions."

Un an après, le Parti socialiste, qui a tant communiqué les chiffres de ses nouveaux adhérents, se fait discret lorsqu’il s’agit de soustraire. Suffisamment vague, le secrétaire aux Fédérations Kader Arif reconnaît que la majorité des partants se compte parmi les adhérents à 20 euros. Pour Rémi Lefebvre, "c’est certainement bien pire que ce qu’ils annoncent. Les partis surévaluent toujours leurs adhésions."

Pour ça, les comptables n’ont même pas besoin de recourir au mensonge. Il suffit de conserver les fichiers d’une année à l’autre, sans faire de mise à jour... Estelle continue ainsi de recevoir du courrier de sa section parisienne, alors qu’elle a quitté le PS en février 2007.

Yves Bonnefoy, président du bureau national des adhésions, concède qu’il est difficile d’établir le nombre exact, notamment en raison de ce double comptage : celui des adhérents dont la cotisation est à jour, et le "corps électoral" constitué par l’ensemble des adhérents des deux dernières années.

Si un adhérent a payé sa cotisation en 2006, il reste pris en compte dans les fichiers et peut, pendant deux ans, renouveler sa carte à tout moment pour participer aux votes internes. Un système complexe qui explique en partie le flou des chiffres.

"Le parti où ils sont le plus nombreux, c’est chez les anciens." Rengaine en vogue dans les années 70 pour railler les vagues de désertions qui touchaient le PCF, elle s’est appliquée dès la fin des années 80 aux socialistes.

"Cette chute des adhérents socialistes est exceptionnelle"

La décrue, d’environ 25% officiellement, est "normale après une campagne", insiste Solférino. Notamment après une défaite. "Ils viennent faire un tour pendant la campagne et repartent. Les réunions politiques de base ne sont pas spécialement rigolotes", dédramatise un socialiste, avant d’observer que "l’amplitude des marées est impressionnante". Rémi Lefebvre rétorque qu’en France, "si le turn-over est très élevé et le taux de fidélité à un parti très faible, cette chute des adhérents socialistes est exceptionnelle".

En public, les socialistes minimisent. En privé, ils laissent entrevoir leur découragement. Un responsable souhaitant rester anonyme avoue :

"L’attractivité dans ce parti est faible… Entre les dirigeants mous, ceux qui ont rejoint Sarkozy et l’absence totale de programme, il n’y a aucune raison de venir chez nous."

-http://www.rue89.com/2008/02/25/com...

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ils oublient de dire qu’une bonne parti a déserté, pour aller vers l’ extrème gauche.

Lolita

Messages

  • ils oublient de dire qu’une bonne parti a déserté, pour aller vers l’ extrème gauche.

    Bon là Lolita tu te rattrapes !

    • Sauf que c’est faux:ni le PCF,ni la LCR,ni LO,n’ont vu arriver des bataillons de militants venant,la Louve est l’exception.

      Ils sont patis pour la grande majorité vers le MoDem tout ces adhérents à 20€.

      Imaginez 70000 membres du PS rejoignants la Gauche radicale,je peux vous assurer que ça aurait fait du bruit dans le landernau médiatique.

      Et il y aurait eu un mouvement dans la population.On est loin du compte c’est toujours les mêmes militants qui sont au charbon et le mouvement social est loin d’être à son plus haut niveau.

      JCG

    • non ce n’est pas totalement faux, mais beaucoup comme moi non pas encore adhéré,

      "Un peut échaudés d’être encarté" et des réunions de sections,bidons.

      tout ce passe dans les avant réunions de section avec quelques un, qui ce croie tellement important, et qui veulent décidés de tout, en passant sur la tête des militants,
      des militants qui sont juste bon a collé et faire du porte a porte, aucune possibilité de t’exprimer autrement, que comme ils le disent si non tu vas direct au clache, je n’ai pas arrêter de me prendre la tête avec eux, car je ne voulais pas dire amen, ce n’est pas mon genre de ne pas dire ce que je pense.

      mais tout ceux qui sont partis vers la gauche ne voterons plus jamais pour le PS, et ferons tout pour montrer ce qu’est vraiment le PS.
      Certainement pas un parti de gauche.

      lolita

    • non ce n’est pas totalement faux, mais beaucoup comme moi non pas encore adhéré,

      "Un peut échaudés d’être encarté" et des réunions de sections,bidons.

      tout ce passe dans les avant réunions de section avec quelques un, qui ce croie tellement important, et qui veulent décidés de tout, en passant sur la tête des militants,
      des militants qui sont juste bon a collé et faire du porte a porte, aucune possibilité de t’exprimer autrement, que comme ils le disent si non tu vas direct au clache, je n’ai pas arrêter de me prendre la tête avec eux, car je ne voulais pas dire amen, ce n’est pas mon genre de ne pas dire ce que je pense.

      mais tout ceux qui sont partis vers la gauche ne voterons plus jamais pour le PS, et ferons tout pour montrer ce qu’est vraiment le PS.
      Certainement pas un parti de gauche.

      lolita

  • Ces militants n’ont pas désertés leurs idéaux.Tout simplement ils sont a gauche et le ps n’y est pas.momo11

  • C’est bien cet article , merci Lolita !

    Moi qui ne cesse de dire que le PS est un parti sur le déclin (même s’il va être le grand gagnant des municipales, pour des raisons que nous connaissons toutes et tous)...En voici encore la preuve.

    Tout mettre sur le dos de Royal, c’est assez balèze - je ne pensais pas qu’ils oseraient - en même temps elle s’est mal débrouillée alors qu’elle avait tout ce qu’il lui fallait ou presque. Croire que le "système PS" aujourd’hui, ça n’est que Royal c’est faux !

    Mais voilà "on" a trouvé le bouc émissaire pour "faire l’unité".Et surtout ne pas se remettre en question.

    Moi je garde de ma première année au PS un souvenir "ému" (qui m’a d’ailleurs calmée niveau militance pendant les 2 années suivantes :)) - celui de réunion où également je me suis entendu répondre plusieurs fois "c’est pas le moment" ou "c’est pas la bonne question" ou "tu parleras quand t’auras collé tes affiches "... effectivement du "haut" vers le "bas" ; celui de votations internes pour lesquelles "on" (les chefaillons de courants de certaines sections) allait chercher des travailleurs sans papier en leur promettant la lune pour leur refourguer une carte du parti en leur disant "tu votes pour moi hein Mamadou ?!"

    Enfin bon pas de souci, tous les partis ( j’en suis convaincue) fonctionnent pareil ou presque.

    Seulement voilà dans un parti qui n’a plus aucun travail idéologique, qui ne vit que par ou pour les élections, qui n’a plus de "corps de doctrine", c’est un peu "just" comme proposition pour des militants ( jeunes ou vieux) - on a des moments de "frisson" à l’occasion des élections ( ça m’a tjs surprise comme des militants hyper critiques en temps normal peuvent devenir à nouveau passionnés par "leur parti" dès qu’une élection et un possible succès approchent pour les "électrifier" comme des hamsters dans un laboratoire...)....

    Pour revenir à Royal, je ne coris pas du tout que sa désignation ait été le fait des "adhérents à 20 euros".

    Je crois que tout a été organisé par Hollande et elle, Hollande qui reste le vrai patron du PS ,(on l’oublie trop souvent ces derniers temps tant il s’ingénie à paraître encore plus nul qu’il ne l’est) pour qu’elle soit la seule à pouvoir être désignée.

    C’était énorme en repensant. Fabius, DSK, Royal.

    Bon Fabius, comme disait un camarade, même si on pouvait se sentir proche de lui, se reconnaître dans ses (nouvelles) idées...on aurait eu immédiatement 15.000 litres d’hémoglobine sur le trottoir de solférino - le pauvre, i lest cramé de chez cramé.

    DSK - ben, si tu étais de droite et sioniste, tu pouvais voter pour lui les yeux fermés, sinon, laisse tomber - Hollande a super bien joué - il l’a complètement décrédibilisé et éloigné.CAR-BO-NI-SE le mec.

    Restait Royal. Faut pas se mentir. Entre ceux qui ont voté pour elle par conviction, par découragement, par "sentiment"...elle a bien été élue y compris par d’anciens adhérents ( dont moi, je l’ai tjs reconnu) et des tas d’autres, moins sincères que moi, surtout après le 6 mai... (C’est un peu comme Sarkozy - faut vraiment chercher aujourd’hui pour retrouver les 53.3 % de votants qui l’ont élu "Moi ? Ah non j’aurais jamais voté pour un type pareil ! - Moi non plus. -Et ben moi c’est pareil hein, je peux pas le piffrer..")

    Trop fort le Hollande donc - le truc , le seul, qu’il n’a pas pu gérer c’est l’élément humain - pourquoi leur pacte de non-agression et de collaboration a cédé en pleine campagne ( ils auraient déjà été séparés, se disait-il au Ps avant 2006, donc, avant la désignation interne, donc l’histoire de leur rupture est un non évènement qui n’explique rien...vous noterez d’ailleurs qu’on parle toujours de "l’officialisation de leur rupture" sans dire exactement de quand date cette rupture) - si Royal n’avait pas voulu "partir sans Hollande" finalement ,elle aurait tout déchiré. Mais elle a voulu lui tenir la dragée haute, elle a perdu, il lui a brisé les reins.

    L’homme politique, c’est comme le hérisson, il pique,mais ce n’est pas de sa faute ,c’est sa nature.

    Ne pas sous -estimer le Premier D’vrait’s’taire du Péhèsse- sous ses apparences débonnaires, c’est "un tueur".

    Hollande c’est quand même IEP Paris HEC ENA - (sans survaloriser les études on peut dire qu’on ne peut pas y arriver comme ça sans être un peu "brillant") - "accessoirement " patron du PS depuis + de 8 ans...j’vous jure qu’il faut le faire vu le panier de crabes - combien s’y sont cassé les dents ? ( rocard, royal entre autres)

    Bref, on n’a pas fini de rigoler au PS - et nous les communistes, on n’a pas fini de ramer tant qu’on ne comprendra pas ce qu’est le PS et comment il fonctionne, et pourquoi.

    J’ajouterai que, soutenir le PS, (comme la corde soutient le pendu) quand il était un parti socialiste, justement dans un objectif communiste, je pouvais comprendre (encore qu’on puisse discuter sur le fait de savoir si ça impliquait union ou pas) - continuer comme ça aujourd’hui, je me pose des questions...