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Comment un village arménien a choisi le communisme après la fin de l’Union Soviétique

Publie le mercredi 9 septembre 2009 par Open-Publishing
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EN ATTENDANT LENINE

Pendant l’ère soviétique, le village Lernamerdz était l’un des rares endroits où il n’y avait pas de statue de Lénine. Les villageois disent qu’ils étaient plutôt des communistes passifs et qu’il n’y avait que sept activistes communistes parmi eux.

Mais, après l’indépendance de l’Arménie, quand les statues et les bustes du grand leader furent démontées partout dans le pays, en 1996, les gens de Lernamerdz (ce nom signifie “près des montagnes” en arménien) érigèrent un buste de Lénine en Basalte au milieu du village. Il pèse deux tonnes et occupe une part importante dans le village en étant une source de grande fierté.

Les villageois nous disent qu’ils en sont venus à comprendre le communisme seulement après qu’il avait disparu.

“En 1990, quand l’ère soviétique s’est achevée, nous avons voulu connaître ce qu’il était bon de faire dans la vie” explique Azat Barseghian, secrétaire du groupe communiste local à Lernamerdz, situé dans la vallée d’Ararat, pas très loin d’Erevan. “Il nous a fallu six ans pour comprendre, et à la fin, nous avons reconnu qu’il n’y a qu’une seule vérité - le socialisme. Nous avons adopté le communisme et l’avons porté jusqu’à aujourd’hui.”

“Dès que Lénine reviendra, l’eau chantera dans les ruisseaux, et le peuple commencera à vivre mieux”, nous dit un homme de 41 ans, Ararat.

Lernamerdz est connue comme la “petite Cuba” en Arménie. L’esprit du communisme règne dans presque toutes les maisons. Il y a 103 familles et 530 habitants dans le village. Selon le plus fidèle et le plus âgé des communistes, Saak Mirzoyan, 102 des 103 familles sont communistes.

La petite Cuba est devenue une attraction touristique. Des visiteurs venant de Russie, du Vietnam, de France, de Biélorussie, de Grèce, de Chypre et d’autres pays, donnent leurs impressions, leurs bons vœux et leurs appréciations dans le livre d’or de Lernamerdz, qui est orné d’un portrait de Lénine en première page.

Au coin d’une maison en pierres rouges, Azat, 61 ans, arrange avec précaution une grande photographie de Lénine. Plus loin, on trouve un buste de Lénine derrière la vitre en verre d’un placard - un petit autel dédié au communisme.

“La statue de Lénine nous donne de la force, c’est le témoin de notre fierté et de notre progrès”, nous dit Arthur Pilosian, 41 ans.

Autour de cette source de force, les villageois organisent beaucoup d’événements au village. Ils célèbrent l’anniversaire du grand leader, le jour de sa mort, l’anniversaire de la révolution d’Octobre, et les jours fériés socialistes du 1er mai et du 7 novembre.

Sous le regard fier et inébranlable de Lénine, les enfants sont les pionniers proclamés et les membres choyés du Komsomol local

Pendant ces fêtes, les 50 cravates rouges que conserve soigneusement Azat chez lui ne sont pas suffisantes.

“Ils rient souvent de nous dans la presse, en disant que nous nouons les restes du communisme au cou de nos enfants” dit-il. “Non, nous nouons des cravates autour de leur cou pour garder leurs âmes pures”.

Albert Mirzoyan, 14 ans, contrairement à ses contemporains des autres régions ou des autres pays, est clair sur qui fut Lénine. Il raconte en détail le déroulement des fêtes communistes qui sont célébrées en grande pompe.

“Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point on attend le 1er Mai ? “ nous dit-il, excité. “C’est notre jour favori. Nous allons à Erevan et nous paradons”.

Mais Armen Barseghian, âgé de 15 ans, qui montre fièrement sa cravate rouge, nous dit qu’il aime par dessus tout les drapeaux et les ballons rouges ; le fait aussi que le village tout entier, jeunes et vieux, prennent part à la procession ; et la façon dont chacun clame “le jour de mai !”.

Lyuda Harutiunian, 38 ans, vit dans le village voisin de Voskehat. Elle nous dit qu’à Lernamerdz, on se sent comme si on vivait dans une ère où tout le monde vivait bien, comme ils le faisaient.

“Ces célébrations dans le village me ramènent à mes années d’école, quand nous marchions en cravates rouges,” nous dit-elle.

“Les gens de ce village sont très amicaux et je pense que c’est le résultat d’une d’idée de solidarité qui est une part du communisme.”, nous dit le responsable de l’école de Lernadzor, Zaven Grigorian, qui vit dans le village voisin d’Aghavnatun.

Jusqu’à récemment, les élèves de l’école du village de Lernamerdz étudiaient en portant une cravate rouge.

Cependant, les gens du village nous disent qu’après un “ordre venu d’en haut”, et l’arrivée d’un nouveau responsable, les élèves n’eurent plus à la porter, car cela ne “faisait pas partie du programme”". Mais malgré la fin des cravates et les tentatives de mettre “hors-la-loi” l’apprentissage de poésies sur Lénine et le socialisme, rien n’a brisé l’esprit des villageois selon le nouveau responsable, Zaven Grigorian.

“Tout le monde pense de la même manière, et le plus important, tout le monde est uni” nous dit-il. “Et cela est transmis aux enfants. Je pense que vous pouvez faire beaucoup de choses grâce à l’unité”.

Les villageois de Lernamerdz sont d’accord avec ce point de vue. Ils clament leur foi en l’avenir et les idéaux équitables du communisme pour les aider à surmonter les difficultés sociales que chaque famille rencontre depuis la chute de l’Union Soviétique.

Mais la vie n’a pas été plus facile ici que dans d’autres villages d’Arménie, spécialement depuis que les terres du village ont été dénationalisées.

Lernamerdz n’est célèbre pas seulement pour son nouvel engagement dans le communisme, mais aussi pour son estragon de grande qualité, qui les a aidés à survivre quand les temps étaient durs.

Les villageois disent que dans les années 90, l’estragon de Lernamerdz était livré directement à Tbilissi, assurant aux villageois un revenu décent et stable. Aujourd’hui, ce sont des intermédiaires qui prennent la part du lion, en achetant l’estragon à très bas prix en grandes quantités et en le revendant à plusieurs fois son prix.

“Les gens disent qu’il n’y avait pas de liberté à l’époque communiste” se plaint un habitant de Lernamerdz. “Mais désormais, les gens sont liés à leurs maisons bien plus que pendant l’ère soviétique.”

Un villageois nous a dit fièrement que Lernamerdz était le seul village d’Arménie où le socialisme survivait encore et où les villageois étaient restés fidèles aux idées de leurs ancêtres. Et il pense que ce temps est en train de revenir.

“Il a été possible de détruire un État fort qui a existé pendant 70 ans, alors pourquoi ne pas détruire un gouvernement bâti sur du sable laissé par cet État ? nous dit-il. “Je pense que le communisme gagnera à la fin“.

(Marianna Grigorian et Gayane Mkrtchian, Armenia Now. Traduction : Didier Torossian, Association Yevrobatsi)
http://www.northstarcompass.org/french/nscfr61/armenia.htm

Messages

    • Les capitalistes préfèrent nous bourrer le crane avec des droits virtuels plutôt que de nous octroyer des droits sociaux qui eux ont un coup économique et politique. Lorsqu’un service public disparait, lorsqu’un bien nationalisé est privatisé on ressent, même chez les moins conscients, une perte concrète. Alors que lorsqu’on nous bourre le crane avec des beaux discours sur "la liberté d’expression" et les "droits individuels" et bien c’est tout bénef pour nos dominants : ça ne leur coûte rien de très cher et surtout ça n’empiète pas sur leurs propriétés privées. Tout communiste doit évidement défendre les droits de l’homme mais il ne doit jamais perdre de vue que seuls les droits sociaux et politiques sont les plus précieux.

    • Tout communiste doit évidement défendre les droits de l’homme mais il ne doit jamais perdre de vue que seuls les droits sociaux et politiques sont les plus précieux.

      Pourquoi se mettre des barrières "seuls les droits sociaux et politiques sont les plus précieux" ? Non, l’homme, l’individu, est tout autant précieux, car sans lui rien n’existe. Il faut au contraire tout concilier et l’homme et la collectivité. L’homme et la nature doivent être au centre de tout, du socialisme ou communisme ou même de l’idéal anarchiste, avec liberté d’expression (fondamental) et liberté d’aller et venir partout dans le monde.

    • Liberté d’expression mais aussi et surtout un bon niveau d’éducation de type "marxiste".

      Autrement, celui qui gueulera le plus fort et tabassera les autres emportera la mise. Cf Hitler et bien d’autres encore.

      Cf les opposants au projet d’Obama sur la couverture santé.

      Ce sont des chiens aigris et gueulars qui ne sont jamais contents même lorsqu’ils sont millionnaires. ce sont des parasites qui ne savent pas ce que c’est de travailler.

    • Je n’y vois pas d’opposition, évidemment que les droits de l’homme sont importants simplement il faut avoir à l’esprit que les capitalistes les utiliseront toujours pour marchander l’essentiel : la propriété privée de biens de production.

    • dans n’importe quelle tehorie chacun peut avoir raison à un moment ou à un autre mais à mon avis ce qu’il ne faut jamais perdre de vue c’est que chacun de nous aspire au bonheur mais son bonheur s’arrete quand commence le bonheur des autres aussi faut il concilier tout cela en distribuant le bonheur façon de parler à tout le monde nous savons tous que tout se construit par le travail et bien sur le bonheur se construit également mais comme chacun y a droit alors tout le monde doit oeuvrer pour cela et en disant cela je pense à l’environnement et au fameux réchauffement climatique et ce qui nous démontre que nous sommes tous embarqués sur un meme bateau et s’il coule c’est le meme tarif pour tout le monde ainsi le socialisme ou le communisme sans prétendre atteindre l’idéal pour tout le monde au moins ces téhories pensent au bien de la majorité en asservissant les biens de production à la majorité,tandisque le capitalisme prone l’individualité bien sur je n’apprend rien à personne mais il faut constamment ressasser cela pour toujours remettre les pendules à l’heure par le capitalisme chacun peut s’enrichir à profusion sans parler des conséquences politiques que cela engendre mais ce qui n’est pas dit dans le capitalisme c’est que l’on peut également s’appauvrir et c’est ce que l’on constate dans des pays aussi riche que l’amérique dont 48 millions de personnes n’ont pas de couverture sociale qui est pret à accepter ça
      encore je ne parle que de la couverture sociale et pas de la condition de vie de ces 48 millions est il logique humain et décent d’assister indifférent à la destrution progressive de la dignité de ces gens la na t on pas le devoir de les insérer dans un système politico économique que l’on appelera comme on voudra pourvu qu’ils aient un emploi un toit une couverture sociale une retraite etc.