Comores : CARTON ROUGE POUR L’AFRIQUE DU SUD

« Ils (Moh. BACAR et sa clique) sont tout à fait prêts à organiser cette élection dès le mois de mai... Je pense vraiment que c’est la voie à suivre ». Thabo Mbéki – Président de la RSA.
En affirmant qu’il croyait encore aux vertus de la négociation et à la sincérité de BACAR pour régler la crise anjouanaise, le président sud-africain vient de se discréditer aux yeux de l’opinion comorienne. En vérité cette position ne m’étonne guère tant, la diplomatie de ce pays avait montré ces derniers temps, des signes d’essoufflement, je dirais même un revirement que je peinais à décortiquer. Cette position avouons-le, a au moins le mérite de clarifier les débats. Les comoriens savent aujourd’hui que le positionnement de l’Afrique du sud dans la recherche d’une sortie de crise n’était pas du tout sincère et qu’il ne tenait pas compte des aspirations profondes de l’immense majorité de la population. Par ailleurs, il faut savoir que le rapprochement entre PARIS et PRETORIA, n’augure rien de bon pour les peuples du continent en général et de la sous région en particulier. Il s’agit là d’une leçon magistrale que les autorités de notre pays doivent retenir, au moins pour l’avenir.

J’ai du mal à souscrire à l’idée que cet homme politique, ancien combattant de l’ANC qui a subi l’oppression de l’apartheid puisse soudainement faire preuve d’amnésie. Il fait abstraction des rapports concordants, faisant état d’actes de torture et de barbarie perpétrés par les milices de BACAR et des détournements des deniers publics opérés par ce dernier. Si M. MBEKI accorde encore sa confiance au dictateur, c’est sans nul doute qu’il lui trouve bien de qualités. Le président sud africain doit avoir une notion bien étriquée et singulière de la démocratie et de la bonne gouvernance. Il est vrai, n’est pas MANDELA qui veut ! MBEKI oublie qu’il fut un actif partisan de la lutte armée contre l’apartheid qui semblait à un moment donné de l’histoire, la seule alternative pour sortir de l’oppression du régime raciste imposé par les blancs. Monsieur MBEKI accepterait-il que je lui rétorque que finalement, le sanguinaire PETER BOTHA était un vrai démocrate et qu’il y avait possibilité de négocier avec lui ? Je pense que non. En tout cas, cette attitude cavalière et irresponsable de s’opposer à une décision de l’organisation continentale ne l’honore pas et crée un cas de suspicion légitime à son égard. Comme je l’ai précisé, cette prise de position ne m’étonne pas. Dans son costume de grand homme d’état, le personnage a adopté dans son parcours politique, des positions très surprenantes.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’individu, il faut savoir qu’en vérité, il est un homme de culture et d’éducation mais, il n’a pas été un enfant du « struggle », de la lutte intestine. Exfiltré très jeune, il a fait ses études à l’étranger et à LONDRES en particulier. Il n’a donc pas le charisme révolutionnaire et historique de ses compagnons de lutte. MBEKI fut le premier président de l’union africaine, héritière de l’OUA. Alors que l’article 4 de la charte de l’organisation continentale condamne et rejette les changements anticonstitutionnels de gouvernements, autrement dit les coups d’état, MBEKI s’est chargé personnellement et bien sûr, avec les conseils avisés de la France, de lessiver le Colonel AZALI et de le rendre propre aux yeux de la communauté internationale. La preuve en est que notre Colonel ne jurait que par lui. D’autre part, les comoriens doivent se rappeler que la RSA a largement contribué à la rédaction de la constitution actuelle qui, comme vous le savez, est une connerie monumentale. Au plan international, l’envergure de M. MBEKI n’a jamais été prouvé. Son rôle de médiateur dans le règlement du conflit ivoirien fut un fiasco total. Malgré la désapprobation de ses pairs africains, MBEKI entretient d’excellentes relations avec son « pote » Robert MOUGABE (ZIMBABWE), au pouvoir depuis 21 ans à qui, il accorde la prime de « la légitimité militante ». Il faut reconnaître que Sir MOUGABE, malgré ses opinions nationalistes, n’est ni un modèle de démocrate ni un bon gestionnaire. Le ZIBABWE détient aujourd’hui, le record mondial du taux d’inflation qui était de 66.212% en décembre 2007. Preuve de son efficacité et de son charisme, MBEKI a été désavoué et éjecté du siège de président de son propre parti. C’’est un homme politique en perdition que les africains, sauf AZALI, MOUGABE et BACAR ne regretterons pas. Laissons-le donc à son petit manège !

Pour revenir à la RSA de M. MBEKI, il faut se dire la vérité. Malgré son potentiel économique et le rôle de leadership qu’il souhaite jouer dans le continent noir, ce pays ne nous apporte rien. Pour ceux qui croient encore que la RSA est une puissance économique, je leur demande de se rappeler un instant que dans ce pays, le chômage oscille entre 30 et 40% de La population active. La hausse des inégalités sociales et de la criminalité est criante. Catastrophe humanitaire, le SIDA n’en incarne pas moins, une catastrophe économique. Un adulte sur cinq (5,6 millions) est atteint du virus du VIH.
Alors, au lieu de prétendre au statut de leadership du continent ou de la sous région, M. MBEKI ferait mieux de s’occuper des problèmes auxquels ses concitoyens sont confrontés. Cela lui évitera de s’immiscer dans les affaires internes de notre pays et d’adopter des positions intenables qui n’ont pour objectif que de soutenir un dictateur avéré. La RSA et la France doivent voir d’un mauvais oeil, l’émergence de la diplomatie tanzanienne dans notre pays. Nous devons leur rappeler que ce pays voisin agit d’une part, sous mandat de l’UA et que d’autre part, des relations quasi séculaires ont toujours unis nos deux nations. La preuve en est que nous parlons la même langue : le swahili.

Enfin pour finir, je forme le voeu qu’après la crise, les autorités comoriennes se rappelons de la position du président sud africain et prendront à l’égard de ce pays que l’on croyait à tord ami, les mesures qui s’imposent.

AHMED BIMBINI ANJOUAN

Source : http://wongo.skyrock.com/

G. HOUMADI