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Comores : Les rebelles entre panique et ‘‘assurance’’
Publie le mardi 26 février 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Un article du journal Al watwan N°1017 du 9 nov. 2007 qui est aujourd’hui d’actualité :
" Anjouan
Les rebelles entre panique et ‘‘assurance’’
’’Ils ne sont pas nombreux ceux qui se battront au cas d’une intervention militaire à Anjouan. Nous n’avons, ni les hommes, ni l’équipement. Je ne suis d’ailleurs pas le seul qui a demandé mon intégration au sein de l’armée comorienne, mais on ne nous croit pas. Nous n’avons pour l’instant pas le choix.
C’est avec une force de la gendarmerie estimée entre 600 et 700 hommes, une radio et télévision, un réseau de police secrète en pleine régime et des hommes d’affaires locaux (les financiers des rebelles), que le colonel Mohamed Bacar prépare l’affrontement au cas où l’And appuyée par la Maes déciderait d’intervenir à Anjouan. Plus on s’approche de la date fatidique du 25 novembre d’expiration de la mise en vigueur des mesures imposées au rebelle, Mohamed Bacar et ses fidèles, Daru Nadjah affiche une claire détermination d’en découdre avec la communauté internationale. Sur quoi, quelle force s’appuie Mohamed Bacar pour être aussi certain qu’il pourra engager un combat avec les forces de l’Ua ?
Cela rappelle le ministre de l’Information de Saddam Housseine qui avait fait durer le suspens de l’effondrement du régime jusqu’à la dernière minute de l’invasion américaine vantant la détermination et la puissance de feu des troupes irakiennes. La suite, on la connaît.
Ne pas attirer l’attention des hauts gradés fidèles
A Anjouan, la masse en treillis rebelle de Mohamed Bacar n’est nuisible que pour les exactions contre la population civile. On assiste régulièrement à des patrouilles nocturnes, 10 soldats pour un AK45 ou autre fusil classique et une… machette pour le chef de groupe. Le décor rebelle se résume par des cagoules et autres masques pour se fondre dans la population pour bien commettre des forfaits sans être reconnu, les noctambules le certifieront. Ainsi se compose l’équipement de terrain des troupes rebelles. On dit que l’armement restant se trouve à Barakani pour, évidemment, la sécurité du Colonel, qui se déplace la nuit en tenue de combat afin de se réfugier soit dans ses appartements secondaires à Trenani, à Bambao.
On parle même de Moya et Mutsamudu. Sous équipés et mal ou pas du tout formés aux techniques de combat, les milices de Bacar sont au bord de l’implosion. On assiste de plus en plus à des désertions. La dernière, dimanche matin, dans les environs du quartier Shitsangani, les riverains ont retrouvé un paquetage complet d’un soldat, qui a choisi de prendre la poudre d’escampette. Certains médecins s’inquiètent de la montée croissante des soldats anjouanais qui les supplient de leur livrer des certificats d’invalidité ou simplement à la recherche d’une hypothétique évacuation sanitaire vers Mayotte.
Un officier de la gendarmerie sous le sceau de l’anonymat, confiait : ’’ils ne sont pas nombreux ceux qui se battront au cas d’une intervention militaire à Anjouan. Nous n’avons, ni les hommes, ni l’équipement. Je ne suis d’ailleurs pas le seul qui a demandé mon intégration au sein de l’armée comorienne, mais on ne nous croit pas. Nous n’avons pour l’instant pas le choix. Soit on enfile la tenue pour ne pas attirer l’attention des hauts gradés fidèles à Mohamed Bacar, soit on fuit l’île. Mais comment le faire avec toute une famille à entretenir et à protéger au cas où les forces de l’And et de l’Union africaine débarqueraient ici ? Nous nous acheminons vers un suicide collectif’’, disait-il en substance avant de chuchoter : ’’Nombreux sont les jeunes soldats qu’on recrute à tour de bras pour servir des boucliers humains afin de préparer la résistance’’.
Recrutement à tour de bras pour... 150.000 francs
Sur l’effectif prêt à se battre, notre interlocuteur l’estime à ’’une centaine de fidèles car ils savent qu’après Mohamed Bacar qui leur garantissait l’impunité, ils seront radiés de l’armée, pire encore être poursuivi de plusieurs chefs d’inculpation’’. Il ajouter : ’’ce que je redoute le plus, c’est la police secrète entretenu le plus souvent par des commerçants dont la fiabilité des renseignements est à la limite des quelques règlements de compte entre citoyen, qui aboutit à des bavures. Mohamed Bacar a des oreilles partout. Mais pas fiables’’.
Selon d’autres rumeurs Mohamed Bacar se préparerait à embaucher pour 150.000 francs des civils avec une promesse d’intégration des forces rebelles, pour mener une guérilla urbaine. Plutôt fantaisiste. Un jeune activiste de Mutsamudu fidèle à Sambi estime que ’’la réalité anjouanaise d’aujourd’hui, n’est pas celle de 1997. C’est presque toute la population qui est contre Mohamed Bacar. Il a perdu pas mal de force. Il y a des jeunes qui ont préféré tout simplement quitter l’île, d’autres ont été embauché par l’And et le clan Bacar redoute ces derniers. Ils les connaissent tous et savent leurs modes opératoires. On a promis des moyens aux jeunes encore fidèle aux rebelles, mais jusqu’à présent, rien de concret qui pourrait inquiéter le pouvoir central. Mohamed Bacar redoute une trahison’’. De qui ? ’’De tout le monde. A commencer par certains proches prêts à lui enfoncer le couteau dès qu’il aura le dos tourné. Que crois-tu que Mohamed Abdou Madi peut apporter d’autre à Mohamed Bacar en dehors de la grande gueule ?’’
Incitation à la haine à la Radio télévision d’Anjouan
La seule force de Mohamed Bacar est l’incitation à la haine inter régionale comme cela se fait très bien à la RTA. Depuis une quinzaine de jours, la radio des rebelles est devenue un instrument d’incitation à la haine anti Sambi et anti-mutsamudien. Dernièrement quelqu’un déclarait dans une ’’émission spéciale’’ : ’’si Sambi croit faire la guerre aux anjouanais, nous connaissons ses proches et sa famille à Mutsamudu. Nous les exécuterons en premier’’.
’’Dommage que la communauté internationale et l’Union des Comores assistent impuissante à une situation qui peut tourner au drame’’, confiait un ancien ministre anjouanais d’Azali. Beaucoup à Anjouan pensent que l’Union africaine devrait se pencher sur l’éventualité de réduire en silence cette "station radio’’. Et permettre aux anjouanais de pouvoir écouter n’est serait ce que la radio nationale. Techniquement, la chose est faisable à moindre coût. Comme le confirme un technicien en électronique qui a souhaité garder l’anonymat.
L’autre force sur laquelle s’appuie le maître de Daru Nadjah, est la police parallèle connus sous le sobriquet de ’’Les vendus’’. Composée de quelques jeunes dotés de téléphones portables pour informer au moindre mouvement suspect. Leur objectif est atteint car il a permis d’installer à Anjouan un climat de méfiance entre les citoyens.
La force tant redoutée de Mohamed Bacar, se résumerait donc, à ça. Mais sans l’apport de ses bases arrières basées à Mayotte, le Colonel serait plus que vulnérable. La dernière visite à Mayotte du Comité de suivi des sanction du 6 au 7 novembre dernier, permet d’espérer une application à la lettre des sanctions préconisés par l’Ua "
Georges houmadi
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1. Comores : Les rebelles entre panique et ‘‘assurance’’, 27 février 2008, 02:00
Encore Mayotte.