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Comores/ les risques de la citoyenneté économique

Publie le mercredi 16 juillet 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Les comores ne sont ni à recoloniser ni à vendre. Oui à l’appel aux investisseurs étrangers, ils seront les bien venus, dans la mesure où les avantages ne peuvent être que mutuels. Mais attention aux crédulités et surtout au melange des genres : l’argent et la nationalité n’ont aucune équivalence, on ne peut être plus clair.

Messieurs les élus , quand vous examinez le projet de loi du Président Mr M. A. SAMBI, pensez-y.

L’aspect socio-économique d’un tel projet mérite bien des réflexions. Il ne suffit pas d’aligner des affirmations simples sur les avantages d’une telle idée, pour nous convaincre, surtout quand on nous annonce que le but de tels investissements viserait le secteur immobilier.

La première question à Mr SAMBI, a-t-il pensé que cela peut extrêmement rencherir le foncier, avec, pour conséquence, la désintégration de certaines catégories sociales, familles pauvres et jeunes qui auraient le plus grand mal à acquerir un terrain constructible.
Certes, le projet du RAIS, pourrait genérer periodiquement des emplois. C’est incontestable, mais lesquels ? Des emplois qualifiés ou ouvriers payés 1 à 2 euros la journée ? Bref du travail bon marché ne permettant pas à l’ouvrier de vivre chez lui decemment ?
Une fois que ces programmes immobiliers seront finis, qui ocupera ces immeubles appartenant aux riches du golfe persique ? Une économie de rente pour les investisseurs naturalisés “comoriens” qui ne loueraient qu’à ceux qui pourront le faire, exclusivement des tourristes ou sociétés. Ainsi nos investisseurs se contenteraient d’empocher les revenus, pour les rapatrier dans le golfe persique sous le nez du pauvre comorien.
Si en plus nos futurs concitoyens ne paieront pas de taxes sur ces biens immobiliers à exploiter, le TRESOR PUBLIC ne récoltant que zéro franc, le bénéfice est à 100/100 garanti pour nos investisseurs. L’affaire est alléchante. Hélas le gain pour l’Etat est nul. Le citoyen autochtone, celui-là même qui aura construit ces immeubles ne tirera aucun profit.
A part la mise en valeur apparente du secteur immobilier du pays , le résultat en terme économique, emplois et revenus, s’avère très discutable.
Une des conséquences sociales est le risque d’exposer le foncier déjà bien rare à la spéculation ; la vie de beaucoup de nos concitoyens pourrait être boulversée en quelques années. Ils devraient se tourner au marché de la location et à defaut, se contenter des taudits et baraquements en tôles que le président dans ses promesses de campagne avait pourtant promis d’enrayer.

Si, contre vents et marées, le président devrait maintenir son projet, les sécteurs prioritaires, en soufrance de l’économie ne sont point l’immobilier mais les suivantes :

-1 L’agriculture dont le pays est tributaire de l’étranger. La production du riz est possible par des projets pilotes à Anjouan et à Moheli en raison de l’abondance de l’eau. Evidemment, une agriculture mécanisé à rendre possible sur des terrains loués et même réquisitionnés sous bail de 5 à 10 ans aux petits proprietaires incapable de s’organiser en coopératives. Ces fermes, au nom de la raison d’Etat seraient gerées comme de veritables entreprises, dans le but de repondre à une cause nationale, la LUTTE CONTRE LES PENURIES ALIMENTAIRES ET LES EXCES D’IMPORTATION. Il n’est pas question de bâtir des fermes de type kolkhozien , loin de là. L’Etat est là aussi pour initier, encourager et même repondre aux défis, quand le citoyen n’a pas les moyens de réaliser cela.
L’Etat pourrait se désengager au bout de 3 ans de réussite d’une telle expérience en privatisant de telles fermes par emissions d’actions dans le public.
 2 La pêche et le transport maritime et aérien, toujours par un système d’economie mixte, ETAT ET PRIVÉ, ont besoin de potentiels investisseurs, citoyens , pourquoi pas, venus d’ailleurs.
Ces trois secteurs vitaux de notre économie insulaire, tous genérateurs d’emplois viables et de révenus ont besoin du rôle propulseur de l’Etat. Cela reste la base de notre économie. quant à l’habitat, secteur sensible, autant le laissser se développer au rythme de la croissance des revenus des citoyens en leur accordant aides et facilités. C’est dire que des programmes immobiliers massifs introduits par des expatriés comporteraient des risques d’exclusion sociale.
Que l’Etat prenne ses résponsabilités sur les infrastrucures délabrées, l’éducation, jadis sur une bonne lancée à la periode du président A. ABDALLAH et même d’A. SOILIHI ( leurs succésseurs tous nuls dans ce domaine ), mise à mal encore aujourd’hui. Sans négliger l’énergie solaire de plus en plus rentable à dévopper tant au niveau du menage qu’au niveau de l’EDC.

Encourager les investisseurs à venir dans le pays est primordial pour développer les secteurs vitaux et non sensbles à la spéculation.
Faut -il reserver cet encouragement aux étrangers candidats à la citoyenneté comorienne et tomber dans le ridicule du concept de la nationalité économique avec tous les risque possibles ?

A SAINDOU

Messages

  • Bjr

    Je vois beaucoup de contradictions dans le texte, mais le fait de poser le sujet est tout aussi louable.
    Pour contribuer au débat je dirais que pour développer le transport il faut de la marchandise et des hommes à transporter dans les deux sens or pour le moment notre activité est saisonnière. Pour la pêche et les autres domaines notamment l’agriculture cela n’est possible que si on est tourné vers l’exportation (le marché intérieur n’est pas suffisant).
    Aujourd’hui les Comoriens, n’investissent pas aux Comores, n’en parlons pas d’autres qu’on voudrait solliciter à venir. Est ce qu’il ne faut pas voir du coté de l’éducation, de la sécurité des biens et des hommes, de la justice et du code des investissements ???

    A bienôt
    ninga3

  • je suis parmi les plus choqués de ce projet. car la question économique avancée par la président n’est pas automatique. Du fait qu’un projet peut réussir ou échouer, la raison est autre. Ivestir sans taxes si cela est le cas, pourquoi ne pas encourager nos expatriés qui contribuent beaucoup à l’économie du pays en leur facilitant les coups de construction ? je pense que l’immobilier des émirati ne serait pas bénéfique que par une poignée de fortunés, bref ; des tourristes étrangers. Même l’état ne serait pas capable à en louer. car pour oser le dire ; le président de l’Assemblée nationale est en cours d’expulsion de son logement de fonction, vu que le loueur n’a jamais perçu un centime de son bien. La situation est plus drastique car des centaines de personnes logées au frais de l’état n’échappent pas aux ménaces d’expulsion pour le seul motif ; l’état ne paie pas. Alors comment se contenter de tel projet alors que l’état lui-même ne serait pas en mesure de se louer un appartement ?
    Pensez-vous que ces maisons seront loués par des ouviers gagnant 30 Euros par mois ?
    Si on ose dire la vérité, la réalité est autre. sambi veut disposer une forte population derrière lui car à en croire, il veut faire la mise sur le pouvoir et se constituer en droit divin. Surtout en introduisant les rabes dans notre petit territoire, il en profitera beaucoup.
    Démographiquement, cela parait difficile. D’un côté, il convient d’encourager le plning familal afin d’équilibrer les besoins de la vie à la population. D’autre côté, on introduit du ocup, plus de 5% de la cette population. Dans la mesure où notre superficie habitable est très petite, ne risquons nous ne pas avoir des terrains cultivables si 25000 familles comptant aussi beaucoup d’enfants entrent dans la pays ?
    Du point de vue stratégique, pourquoi ce projet ne concerne que des arabes, alors que d’autres seraient pet-être intéressés ? ce que je crains est que le pays risque de constituer une concession du terrorisme. Et, là c’est le pire.

  • Les Comores doivent faire face aux 4 problématiques concomitantes que sont le développement économique, le développement sociales et le développement culturel. Dissocier ces 3 aspects serait une erreur stratégique majeure pour les gouvernants.

    La citoyenneté économique d’une nation est-elle un atout ou un handicap à l’ère dans la mondialisation ? Faut-il adopter une économie libérale ou une économie Keynésienne aux Comores ? Bref, « Faut-il mettre la charrue avant les bœufs ? »

    Le développement structurelle économique d’un pays passe par plusieurs phases ; un changement total du modèle économique, une industrialisation progressive du premier secteur (agriculture), une croissance horizontale et vertical du deuxième secteur (l’industrie), l’internationalisation du troisième secteur (les services) et un système financier harmonieux compatible avec le modèle adopté.

    La focalisation du gouvernement comorien sur l’immobilier reste un choix stratégique critiquable dans la mesure où il n’est absolument pas prouvé qu’il s’agisse d’un levier majeur de l’économie comorienne. D’autant plus qu’une politique interventionniste de ce type n’est justifiable qu’à partir du moment où il existe des perspectives réellement définis de profitabilité économique.

    Cependant, dans l’hypothèse où les Comores deviendraient une plateforme de la spéculation financière indépendamment du développement économique de l’archipel, ce choix serait alors très pertinent. En effet, permettre à de nombreux investisseurs étrangers d’acquérir des terrains comoriens contribuera à une hausse de la valeur mobilière et un engouement des capitaux étrangers. Reste alors au gouvernement d’imposer une condition en contre partie des avantages fiscaux ; c’est celle de l’échange massif de devises étrangères au profit du Franc comorien dans la réalisation de ces flux financiers afin de diminuer notre dépendance aux importations.
    Toujours dans cette hypothèse, l’immobilier ne serait que la pierre angulaire d’un vaste projet de création du premier modèle économique comorien basée sur les flux financiers et non sur la création de richesse. C’est un risque très important que prendrait le gouvernement comorien, mais qui pourrait s’avérer très payant si celui-ci est en mesure d’imposer des garde-fous et une taxation à la fois très attrayante et profitable. Les cagnottes fiscales ainsi engrangées pourraient être réinvesties dans les secteurs créateur de richesses économiques ; l’agriculture, l’industrie, les transports, etc. soit par une aide directe à la création et au développement d’entreprise soit par la prise de participation de l’état.

    Quant aux inquiétudes liées à l’accroissement démographique, à la fracture sociale et aux inégalités, elles ne sont pas justifiées. En effet, les flux migratoires internationaux sont le reflet de la mondialisation de l’économie et ne cessent de croitre. Les Comores n’échappent pas à cette règle d’augmentation de la migration de leur population (vers Mayotte, la Réunion, la France métropolitaine, etc.). La faible proportion de riches aux Comores ne permet pas de dire qu’il y’aura une fracture sociale exacerbée par des inégalités. Au contraire, une augmentation quantitative du nombre de riche dans un pays, à condition qu’il s’agisse de nationaux réinvestissant une grande partie de leur richesse dans l’économie nationale, permet à celui-ci de se développer (ex : Inde, Chine ; Russie, Maurice et Brésil).

    Encore faudrait-il connaître les intentions réelles du gouvernement de l’Union et son projet de développement lié à cette citoyenneté économique accordé à nos frères de la péninsule arabique, tant bien même il existerait un projet !

    Nous pourrons alors réellement débattre de la pertinence ou non de ce projet.

    M. HADJI-ALI