Accueil > Condamnation de principe à Tours
Rappel de l’accusation (d’après ce que j’ai pu comprendre de la voix fluette et sans micro de la procureuse) :
Un Marocain, en France avec un visa de tourisme, loge chez sa fiancée (famille française depuis des générations) à Tours et tous deux déposent à la mairie un dossier de mariage.
Le maire de Tours se dit qu’un étranger touriste voulant se marier, voilà qui forcément est une présomption de mariage blanc (de quoi je me mêle, connard ?) et fait opposition. Procédure d’enquête, procédure judiciaire.
(Dans le procès-verbal d’interrogatoire, de la part des flics, cités par l’avocat de la défense et par moi de mémoire : "tu es beau, elle est moche, ne nous dis pas que tu es amoureux", quelle délicatesse !)
Puis invitation à quitter le territoire un vendredi.
Mais comme par hasard, le couple a rendez-vous, ferme cette fois, le lendemain samedi pour se marier. Une salle de restau est même réservée pour la fête qui doit suivre. L’homme reste donc en France et va dormir chez son oncle.
Perquisition, arrestation, expulsion.
Et aujourd’hui (30 décembre 2004), l’oncle (en situation régulière) passe au tribunal pour avoir autorisé un séjour d’un étranger irrégulier, loi (ou ordonnance ?) de 1945 - celle émise alors pour empêcher les collabos d’héberger un SS ou un gestapiste.
Réquisitoire : 2 mois avec sursis et grosse amende.
Résultat des courses : 250 euros d’amende sans inscription au casier judiciaire, point barre.
Une condamnation de principe, symbolique, mais une condamnation tout de même.
La majorité de la salle du public (soit une cinquantaine de personnes) se lève alors : nous réclamons tous, à voix haute, d’être jugés nous aussi et condamnés pour avoir hébergé des sans papiers !
Stupeur du service d’ordre qui s’installe devant la Cour, au cas où nous aurions voulu l’attaquer.
Stupeur du président qui, à voix timide, demande aux messieurs-dames de bien vouloir quitter l’audience.
Ce que nous faisons amèrement, après que la pétition (en gros : "nous affirmons et revendiquons avoir hébergé etc., et nous le ferons encore", signature, nom, adresse et profession) soit remise au greffier.
Analyse hâtive : les juges ont condamné automatiquement, mais la mobilisation a manifestement empêché que ce soit grave.
Tours le 30 décembre 2004
Jimmy Gladiator, venu de Paris pour l’occasion