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Congrès du PCF : pilule rouge ou bleue ?

Publie le mardi 3 juillet 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Construire un communisme du XXIème siècle passe avant tout par le processus qui a mené à l’invention du communisme du XIXème, à savoir une analyse profonde de la société contemporaine.
Nous n’avons pas les forces pour le faire seul : il faudra donc s’ouvrir aux autres, en particulier aux sociologues qui partagent nos valeurs sans forcément être communistes, ainsi qu’à la population dans son ensemble, ce que nous n’avons jamais réussi à faire jusqu’à maintenant, comme le prouvent l’échec des « forums » et des collectifs antilibéraux. A cette occasion, il faudra donc inventer de nouvelles manières de militer, elles-mêmes adaptées à la société d’aujourd’hui.

Une fois cette analyse effectuée, il faudra en tirer des conclusions à partir desquelles nous devrons redéfinir :

 notre idéologie, qui n’est plus aujourd’hui qu’un mélange de marxisme-léninisme anachronique et de « progressisme » bien-pensant.

 nos pratiques militantes (qui s’apparentent de plus en plus à un « train-train » machinal et paresseux), celles de nos élus (dont la popularité n’est pas utilisée comme il faut), et le fonctionnement du parti lui-même (la souveraineté des communistes est-elle une réalité quand la direction nationale est capable de tous les revirements politiques et qu’elle manipule ses adhérents lors des consultations ?).

 notre discours et les représentations que l’on donne de nous (sommes-nous voués à rester sympathiques et peu crédibles ?) : Quand cesserons-nous par exemple de critiquer le « populisme » sans en connaître les origines (mouvement agraire aux USA), sans réaliser qu’en Amérique du Sud, ce même « populisme » fait le plus grand bien aux populations, qu’il les éduque, qu’il les soigne, et surtout qu’il leur donne le pouvoir ?.

Ces redéfinitions comme notre analyse de la société devraient s’appuyer en particulier sur l’étude des représentations sociales des sociétés occidentales, totalitarisme insidieux formant un tout très cohérent et expliquant par exemple l’anticommunisme (ou en tout cas l’équation communisme = ringard), le fait que des gens puissent faire la queue plusieurs jours pour acheter le nouvel « Iphone » en premier, ou encore la disparition progressive du clivage gauche/droite chez les jeunes générations (cf. le score de Bayrou chez les 18-35 ans…à comparer avec celui de Buffet !).

Dans un système qui oppose les dominés pour qu’ils oublient où est leur véritable ennemi, où chacun a intégré le fait qu’il fallait s’en sortir seul (au détriment du voisin s’il le faut), comment s’étonner que Sarkozy ait eu un tel succès ? Il est le candidat « naturel » du système, et Royal n’aurait jamais pu le battre sur son propre terrain come elle a essayé de le faire.

Il nous faut réfléchir à notre place dans ce système de représentations : pourquoi a-t-on promu un SMIC à 1500 euros ? Pour permettre à tous de se payer un écran plat à crédit ? Pour relancer la « croissance » ? A quoi bon ? Où sont les jalons du communisme dans nos pratiques, nos comportements sociaux ? En quoi accompagne-t-on le processus de « dépassement du capitalisme » ? D’ailleurs cette notion de « dépassement » est-elle encore cohérente, quand on constate que le capitalisme, loin de s’auto-détruire, s’auto-entretient en faisant en sorte que tous dépendent de lui (y compris les communistes) ?

Construire un communisme du XXIème siècle passe donc d’abord par une « décolonisation des esprits », à commencer par les nôtres. Dans le film du même nom, la « Matrice » est définie comme un monde virtuel dans lequel les êtres humains sont gardés sous contrôle. Que sont notre société de consommation et son mode de pensée « politiquement correct » sinon une matrice que nous entretenons sans le vouloir ? Dans le film, les « rebelles » ouvrent les yeux des prisonniers de la matrice en leur faisant avaler une « pilule rouge » (alors que la bleue, comme par hasard, leur permet de se rendormir et de s’abandonner à la matrice…).

Quelle sera notre pilule rouge, à nous ? Que proposons-nous aux gens qui sentent que le système est injuste ? Où sont les preuves qu’un « autre monde est possible » ? Pourquoi ne pas inventer des « magasins communistes » rompant avec la loi du marché ? Par exemple, pourquoi ne pas investir massivement les AMAP et les SELs qui existent déjà ?

Cette contribution sera enrichie jusqu’au congrès, notamment en matière de propositions concrètes…

Iknemonstre.

Messages

  • Et bien ça , j’aime bien aussi dites donc...
    comme par hasard ;-)
    La Louve

  • Moi j’aimerais qu’on investisse plus (+) dans le soutien dans les luttes syndicales et que l’on fasse un grand appel à la syndicalisation tous syndicats confondus, histoire de ne pas nous même faire du syndicalisme. Cela nous permettait enfin de faire de la politique de la vraie de la forte car... il faut relayer les luttes avec des solutions politiques.. ; ce que nous n’avions pas su faire en 68.

  • Le rouleau compresseur libéral a fait des dégâts dans les esprits.
    Le mot individualiste s’est banalisé dans notre société, en opposition au mot solidaire.
    L’individualisme prétend que l’individu peut s’en sortir tout seul. C’est une immense tromperie !
    il faut faire preuve de plus de virulence dans la bataille d’idées.
    Dire qu’un individu va mieux quand le collectif va bien, c’est un gros mot ?
    Soyons plus percutant et plus insolent dans la bataille des idées.
    Cette société dite libérale a besoin de moutons ..
    GB

  • OUi, j’aime bien aussi ;-)

    Mais pourquoi "investir" les Amap (ou les SEL) ? restons pratique, et je rejoins le compagnon, qui propose de faciliter au mieux la syndicalisation (et en particulier à la CGT !).
    Les choses commencent là en faite.
    Essayer d’aider à l’équilibre économique, gestion d’un budget familiale, ... . Et puis faciliter les échanges entre "nous", s’édifier et soyons fraternelle et, ... . Et la vie est à nous ;-)

    SAd

    • Moi j’aime bien les solutions innovantes qui sortent du cadre capitaliste dans lequel on nous enferme pour mieux nous contrôler. Effectivement le PCF est toujours trop resté dans le cadre et je ne crois pas finalement que cela nous ait aidé. Donc les SELS et autres pratiques non consumméristes, mais d’échanges de service voilà qui renouerait avec les valeurs communistes qui n’ont rien à voir avec le FRIC ROI.

      Cela n’empêche pas le renforcement ou le rassemblement des syndicats. Mais là aussi y a du boulot de réflexion et d’inovation, car le train train du confort quotidien a aussi fait des dégats.

      Je vous redonne les coordonnées d’un article du Jeudi 28 Juin de Paul Sindic qui est passé à mon humble avis injustement inaperçu. Titre "Que Faire ?"

      http://bellaciao.org/fr/php3?id_article=50178

      "Le titre, dit l’auteur, n’est qu’une boutade historique, car nous ne sommes pas encore en mesure de répondre vraiment à cette interrogation.Mais il va falloir le faire, de la manière la plus sérieuse et la plus innovante, et dans les mois à venir, car la situation politique, beaucoup plus aigue qu’il n’y paraît peut évoluer rapidement."

      C’est une étude assez longue, mais très sérieuse, fouillée, argumentée et finalement qui force l’intérêt au fil de sa lecture, qui essaye de poser les bonnes questions, de définir les champs d’analyses prioritaires, sans tabous, pour déboucher sur des propositions très concrètes et innovantes.

      Quant à l’expression "dépasser le capitalisme", il faut voir ce que la personne qui en parle met derrière cette expression avant de jeter la pierre pour ceux qui ne sont pas d’accord.

      Moi j’ai pris la peine de l’imprimer, car c’est un texte méthodique, clair, très riche et constructif qui mérite d’être versé au débat crucial des communistes et soumis à nos commentaires et à notre réflexion.

      A vos ordis les cogiteurs si vous le souhaitez bien sûr.

      Maguy