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Continental : un reclassement à… 137 euros par mois en Tunisie

Publie le mercredi 31 mars 2010 par Open-Publishing
5 commentaires

Avec les conti : tous au tribunal le 7 avril

de Thomas Lemahieu


Écœurés, les 1 120 salariés de l’usine de Clairoix (Oise) appellent, par la voix de leurs représentants, Christine Lagarde à s’associer à leur plainte contre Continental pour licenciements sans cause réelle ni sérieuse.

Quand il s’agit de montrer qu’elle ne rechigne devant rien pour reclasser les 1 120 salariés de l’usine de Clairoix (Oise), qu’elle a décidé de fermer au printemps dernier et dont elle délocalise la production en Roumanie ou en Inde, la direction de la multinationale de pneumatiques Continental ne lésine pas sur les moyens. Elle vient d’adresser à 600 licenciés picards une proposition de « reclassement » dans l’une de ses filiales à Bizerte, en Tunisie : Continental cherche à recruter sur la rive sud de la Méditerranée soixante « opérateurs de production » pour un salaire brut de 137 euros sur treize mois.

« C’EST DU CYNISME », DÉNONCE LA CGT

Pour Xavier Mathieu, délégué CGT des « Conti », « c’est du cynisme au moment ou, d’après nos comptages, le cabinet de reclassement qui devait, selon les engagements pris à l’époque, reclasser au moins 80 % des salariés sur des postes pas inférieurs à 80 % de leurs anciens salaires, n’a réussi qu’à reclasser une dizaine d’entre nous ». « Ils font tout pour dégoûter les salariés et les faire sortir du plan social », dénonce Christian Lahargue, lui aussi membre du comité de lutte.

Les patrons du groupe allemand y mettent les formes — ils ont mis un de leurs graphistes sur le coup pour rendre plus alléchante la description du poste — et se paient même le luxe de regretter dans le courrier recommandé d’avoir l’obligation légale de faire une proposition aussi choquante : « Bien que ce poste corresponde à votre qualification professionnelle, nous souhaitons néanmoins attirer votre attention sur le fait que la rémunération mensuelle brut proposée par notre filiale tunisienne s’élève à un montant minimum de 260 dinars, avertit Philippe Bleurvacq, DRH de la division française de Continental. Si cette rémunération est conforme aux standards tunisiens, elle est bien entendu largement inférieure aux minima en vigueur au sein de Continental France. Nous avons cependant l’obligation de vous soumettre cette proposition. » Continental a envoyé à quelques dizaines de salariés une proposition de « reclassement » à Sarreguemines en Moselle, mais, là aussi, malgré le fait que ce soit en France, à des salaires largement inférieurs au ras de la grille conventionnelle. « En acceptant ces postes, on risquerait de perdre jusqu’à 600 euros par mois sur nos anciens salaires de Clairoix », s’indigne un des ouvriers qui a fait ses calculs.

LE CADEAU DE L’ÉTAT À LA DIRECTION DE CONTINENTAL

Derrière cette sinistre pantalonnade,
à Clairoix, c’est le
changement de pied de l’État
dans le dossier Continental
qui émeut le plus aujourd’hui.
« Pour moi, cette proposition
de reclassement en Tunisie,
c’est un arbre qui cache la forêt
 », explique Xavier Mathieu.
En début de semaine, les élus
du personnel ont également
reçu le courrier de l’inspection
du travail justifiant sa décision
d’autoriser leurs licenciements
« pour motif économique ». Or,
le 25 mars 2009, devant le PDG
du groupe, Christine Lagarde,
ministre de l’Économie, rappelait
qu’« au vu des résultats du
site de Clairoix, comme de ceux
de la branche pneumatiques
de Continental, la nécessaire
justification économique d’un
plan social semblait à ce jour
des plus contestables ». Un an
plus tard, alors que Continental
a toujours provisionné plus
de 325 millions d’euros pour
le versement des dividendes
à ses actionnaires, l’État lui
offre un cadeau sous la forme
d’une reconnaissance « officielle

 » du motif économique
des licenciements. Alors que
plusieurs centaines de salariés
de Continental à Clairoix
envisagent de contester prochainement
les motifs de leurs
licenciements, sans cause réelle
et sérieuse à leurs yeux, devant
les prud’hommes, la direction
tente de bétonner son dossier :
plusieurs mois après la signature,
en juin dernier, d’un accord
tripartite avec l’État, elle
a inscrit à l’ordre du jour d’un
futur comité central d’entreprise
un avis sur les raisons de
la fermeture de Clairoix ! « Là,
c’est sûr, c’est une procédure
absolument illégale, s’insurge
Xavier Mathieu. Nous allons
demander à Christine Lagarde
de porter plainte avec nous
contre Continental et, selon sa
réponse, on verra de quel côté
se range l’État, même si on ne
fait pas trop d’illusions… »

http://www.humanite.fr/Continental-un-reclassement-a-137-euros-par-mois

Messages

  • En 2006, une instruction publiée dans le bulletin officiel du ministère du Travail, destinée aux préfets et aux fonctionnaires de la Direction du travail :

    « La proposition d’une entreprise concernant des postes au sein du groupe, dans des unités de production à l’étranger, pour des salaires très inférieurs au Smic, ne peut être considérée comme sérieuse (…).

    Il vous appartient de rappeler aux employeurs que les propositions
    de reclassement interne qu’ils doivent faire lorsqu’ils envisagent de
    licencier certains salariés doivent être sérieuses pour être considérées
    comme ayant été faites de bonne foi.

    Cela n’a pourtant pas empêché plusieurs entreprises de proposer des postes au rabais à l’étranger. Comme le fabricant de textile Carreman, à Castres. En mai 2009, il a proposé à ses salariés un reclassement à Bangalore, en Inde. Salaire : 69 euros par mois.

    Des offres suffisamment choquantes pour que l’Assemblée nationale s’y intéresse. En juin 2009, elle a adopté une proposition de loi sur les reclassements, déposée par les députés Nouveau Centre François Sauvadet et Philippe Folliot.

    Un texte très court, clarifiant les dispositions du code du travail. Notamment en précisant que le reclassement devait être « assorti d’une rémunération mensuelle
    de base équivalente ». Le Sénat ne s’est toujours pas penché sur le texte.

    ASSEMBLÉE NATIONALE

    CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

    TREIZIÈME LÉGISLATURE

    SESSION ORDINAIRE DE 2008-2009

    30 juin 2009

    PROPOSITION DE LOI

    visant à garantir de justes conditions de rémunération
    aux salariés concernés par une procédure de reclassement,

    ADOPTÉE PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE
    EN PREMIÈRE LECTURE.

    L’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi dont la teneur suit :

    Voir les numéros : 1672 et 1729.

    Article unique

    Le code du travail est ainsi modifié :

    1° La première phrase du deuxième alinéa de l’article L. 1233-4 est complétée par les mots : « assorti d’une rémunération équivalente » ;

    2° Après l’article L. 1233-4, il est inséré un article L. 1233-4-1 ainsi rédigé :

    « Art. L. 1233-4-1. – Lorsque l’entreprise ou le groupe auquel elle appartient est implanté hors du territoire national, l’employeur demande au salarié, préalablement au licenciement, s’il accepte de recevoir des offres de reclassement hors de ce territoire, dans chacune des implantations en cause, et sous quelles restrictions éventuelles quant aux caractéristiques des emplois offerts, notamment en matière de rémunération et de localisation.

    « Le salarié manifeste son accord, assorti le cas échéant des restrictions susmentionnées, pour recevoir de telles offres dans un délai de six jours ouvrables à compter de la réception de la proposition de l’employeur. L’absence de réponse vaut refus.

    « Les offres de reclassement hors du territoire national, qui sont écrites et précises, ne sont adressées qu’au salarié ayant accepté d’en recevoir et compte tenu des restrictions qu’il a pu exprimer. Le salarié reste libre de refuser ces offres. Le salarié auquel aucune offre n’est adressée est informé de l’absence d’offres correspondant à celles qu’il a accepté de recevoir. »

    Délibéré en séance publique, à Paris, le 30 juin 2009.

    Le Président,
    Signé : Bernard ACCOYER

    extrait de : http://eco.rue89.com/2010/03/30/emp...

  • Un tel cynisme ne mérite que :
    La pendaison
    La guillotine
    Le poteau d’exécution

    et à la condition que le condamé règle d’avance :
    le prix de la corde
    les balles
    l’entretien de la lame.

    Le jour viendra où ils devront passer à la caisse.

  • 137e , avec 1e le pain ,1,25 e le lait entier , 0,75 e le paquet de pâtes ,le reste on en parle même pas ; je suppose qu’à la vue des prix français , on emmène sa famille en Tunisie et alors quid des allocs ,de la sécu et de l’école ????
    Une réponse : les néo-libéraux : ENCULES ( désolée , mais c’est une expression "dans le texte " du type qui mendie depuis 5 ans devant ma COOP ) marie.lina