Accueil > Continuer à faire front…

de Francis de Quincy
C’est peu dire que notre résultat est en deçà de nos espérances…
Et c’est d’autant plus vrai que nous avons mené une très bonne campagne : MGB s’est révélée une excellente candidate sincère, vraie, convaincante, compétente ; elle et ses porte-parole (je pense notamment à Patrice, Patrick, Olivier) ont donné des communistes une image à l’opposé de celle que nos adversaires et leurs inévitables plumitifs de service au Monde ou à Libé se sont efforcés d’imposer (des communistes vieillissants, coupés de la jeunesse et des grandes questions de société,…).
La richesse et la diversité du Conseil de Campagne (on en connaît ici certains membres, et non des moindres !), l’affluence record dans les meetings (le rassemblement au POPB, jamais vu depuis 20 ans), le retour de militants « en congé » depuis plusieurs années, la forte implication dans cette campagne de nombreux non membres du PCF (dont je suis) ont été et demeurent des signes forts du regain d’intérêt pour les idées défendues par le Parti et sont autant de preuves de la nécessité en France d’un Parti Communiste.
Comment ne pas mentionner l’investissement des militants sur Internet (on se souvient de cet article du Monde « des vidéos communistes ont des audiences très surprenantes sur Dailymotion ») : les milliers de blogs créés sur « gauchepopulaire.fr », la participation de militants sur les nombreux sites créés pour la circonstance (kelvote.com, politique.fluctuat.net, et bien d’autres…), le site de campagne de MGB et bien entendu le débat très riche et divers que nous avons eu sur BellaCiao…
J’y vois autant de preuves des capacités de rebond des idées communistes et du PCF ; certes, le résultat de cette élection crée une situation plus difficile pour nous, mais je ne peux pas emboîter le pas de ceux qui clament la mort du PCF : ce résultat doit être analysé de manière plus fine que ne l’on fait ceux qui se contentent d’examiner le pourcentage global : l’examen des résultats par bureau de vote le montre, le « vote utile » a fonctionné à fond pour notre électorat.
Il faut reconnaître un succès certain aux média qui se sont employés depuis des mois, sondages quotidiens à l’appui, à occulter l’intérêt du 1er tour.
Ces résultats ne sont absolument pas le reflet de l’influence des idées communistes et du PCF dans le pays. Au niveau départemental, c’est en Seine-Saint-Denis, où le PCF enregistre habituellement ses meilleurs résultats, que SR réalise son 2ème meilleur score !
Ce constat est valable dans ma commune, gérée depuis des décennies par la droite (maire actuel député suppléant du responsable départemental de l’UMP), où SR et NS réalisent à peu près le même score (30%) ; mais dans le bureau de vote du quartier populaire de la ville, SR a 20% d’avance sur NS.
Ceci doit relativiser les propos lénifiants des proches de NS qui affirment que « la banlieue a voté Sarkozy », mais également donner à réfléchir à ceux de nos amis qui pensent que les français approuvent à 75% le libéralisme (c’est d’ailleurs ce que les « penseurs » de la mondialisation capitaliste nous serinent et ce que dit JMLP) !
J’avoue n’avoir pas été un chaud partisan du vote SR au second tour… ces éléments m’ont donné à réfléchir : il est indispensable de renouer avec notre électorat populaire ; nous avons été très bien accueillis au cours de cette campagne, mais cela ne s’est pas traduit dans les urnes ; on sait que ce vote « utile » s’est souvent fait la mort dans l’âme et nous ne devons pas nous couper de ceux qui ont le plus grand besoin d’une société plus juste…
Je me suis donc fait (sans illusion) à l’idée que le meilleur choix était de barrer la route de l’Elysée au « petit Bush »… Cela dit, après les tentatives de SR de se rapprocher de Bayrou, les doutes me reprennent…
Entièrement d’accord avec ceux qui déclarent qu’il convient de réaffirmer les (ou de revenir aux) fondamentaux du communisme, en les conjuguant à l’union (sur des bases claires et anti-capitalistes) et en rejetant tout repli sectaire.
Je ne vois pas d’autre voie pour continuer à rassembler et tout faire pour élire un maximum de députés communistes.
Un dernier mot concernant le vote OB ; j’ai lu ici et là que son résultat prouverait que son choix de ne pas s’engager dans les collectifs était le bon ; un petit rappel ?
– Résultats 2002 : Arlette Laguiller = 5,72 % ; Olivier Besancenot : 4,25 % ; Total = 9,97 %.
– Résultats 2007 : Arlette Laguiller = 1,34 % ; Olivier Besancenot : 4,11 % ; Total = 5,45 %.
Pour terminer, je m’en voudrais de ne pas mentionner la ville où MGB est en seconde position : Sartene, commune de Corse du Sud dont la mairie à été ravie à notre camarade Dominique Bucchini par « le combinazione » de la droite alliée aux nationalistes : 1 819 votants le 22/04, NS en tête avec 31%, MGB 2ème avec 17,8 % (16,9 % pour RH en 2002).
L’accroissement des dividendes du CAC 40 aura toujours pour revers les difficultés aiguës de la majorité des salariés. Continuer à faire front en s’appuyant sur la richesse des acquis de cette campagne : je ne vois pas d’autre issue.
Messages
1. Continuer à faire front…, 24 avril 2007, 18:08
cher camarade, je suis comme toi tres déçu de notre résultat et ma première pensée va à marie george. mais j’analyse ce vote non comme un "vote utile" mais comme le refus d’un "vote inutile". Le souvenir du 21 04 ; la présence de Bayrou, le jeu des sondages ont fait que notre belle campagne fut inaudible par l’electorat de gauche, qui considéra qu’une voix qui n’irait pas sur royal serait une voix perdue. On peut multiplier les exemples : prends le Gard, et compare les chiffres d’aujourd’hui avec ceux des cantonales de 2004, et ainsi à l’infini. Or depuis 2004 nous nous sommes renforcé, il y eut le reférendum, le CPE. Sans vouloir minimiser les résultats il faut néanmons comprendre que pour les non militants, une présidentielle c’est d’abord vouloir gagner et on ne mise pas sur des outrsiders. Salutations fraternelles. Joel
2. Continuer à faire front…, 24 avril 2007, 22:16
lorsqu’un appareil politique est en déphasage complet avec la réalité électorale il faut en tirer les conséquences : soit on nie la réalité (je ne le suggère pas) soit on interroge sérieusement le fonctionnement de l’appareil (je le suggère) ; être communiste aujourd’hui oblige-t-il à conserver un parti communiste valeureux mais cahotique (des ultra, des modernes, des oeucuméniques, des calculateurs, des carriéristes,...) ou nous invite-t-il à repenser et la ligne politique (au sens philosophique : quel sens veut-on donner au monde et quel outil d’analyse emploie-t-on) et le positionnement tactique ; pour ma part je pencherais aujourd’hui pour un niveau d’exigence basé sur un soutien sans ambiguité et systèmatique au mouvement social dans sa diversité et sa complexité en rompant avec toute compromission avec celles et ceux qui de près ou de loin sont dépendant financièrement et idéologiquement de la sphère financière (de la droite du parti à l’extrème droite incluse) ; même si la "traversée du désert" anoncée ainsi risque de faire perdre quelques avantages à certains, c’est le seul moyen à mes yeux de retrouver la cohérence nécessaire et la crédibilité auprès de celles et ceux que nous prétendons servir
courage ! il va en falloir...