Accueil > Cri d’un "rallié"

"La Patrie est clémente et miséricordieuse" était l’appel lancé par Hassan II en 1988 dans le but de cultiver la repentance dans les esprits des combattants du Front Polisario et les pousser à rallier le Maroc.
Les médias marocains prétendent que ces repentis ont bénéficié de beaucoup d’avantages : emploi bien rémunéré et logement confortable. Les sahraouis qui ont mordu l’hameçon et ont rejoint le Maroc ont dû faire face à la cruelle réalité des mensonges des responsables marocains. En effet, une fois sur le sol marocain, ni vu ni connu. Les protestations, les sit-in devant les bureaux du ministère de l’intérieur n’ont servi à rien.
Les citoyens marocains dont la majorité vivent dans des conditions déplorables sont contre les avantages octroyés aux sahraouis qu’on a appelés "les ralliés". Ils exigent les mêmes droits et le même traitement. Cela a créé des problèmes pour le palais.
L’un des hommes qui ont été touchés par cette propagande est Daha Khalili, un homme qui approche la cinquantaine, cultivée, originaire de la ville de Tan-Tan, blessé dans la guerre contre le Maroc et ancien ensignant dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie. Son caractère convivial a fait qu’il soit apprécié de tous.
Après des années sans nouvelles de lui, le voilà qui fait son apparition par la grande porte et avec sa photo publiée dans le journal arabophone marocain "Al Watan" à côté d’un article des plus touchants. Il exprime son amertume à cause du piège dans lequel il est tombé en croyant qu’il allait pouvoir profiter d’une vie agréable au Maroc.
Sous le titre de "Cri d’un rallié", Daha demande aux sahraouis de "renoncer à toute idée de quitter les camps de réfugiés pour rejoindre le Maroc pour ne pas être déçus" comme ce fut son cas. Il "regrette d’avoir abandonné ses principes, ses convictions, ses nobles objectifs pour un emploi précaire et une maison insalubre". "Rassurez-vous", dit-il, "nous n’avons rien gagné qui puisse susciter votre jalousie". "La malédiction de la trahison nous poursuit", ajoute-t-il. "Certains des ralliés sont morts à cause de maladies graves, d’autres à cause d’accidents de la route et d’autres sont devenus addictes à l’alcool et à la drogue" sans oublier "ceux qui sont considérés comme des clowns par une population qui les méprit et les marginalise". Il rappelle qu’ils avaient "rallié le Maroc avec la tête baissée" et demande à ses concitoyens de réfléchir à une solution qui "les laissera avec la tête en haut" sans perdre leur dignité. Finalement, il se dit qu’un pays qui n’a pas su accueillir une poignée de repentis ne pourra jamais accueillir toute la population sahraouie qui se trouve dans les camps de la dignité.
P.S. : L’article a été publié par Al Watan le 28 mai 2009.