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Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital.
Publie le mardi 23 septembre 2008 par Open-Publishing6 commentaires
par Georges Gastaud, secrétaire du PRCF, auteur de « Ressourcer l’économie marxiste », in « EtincelleS ».
La crise financière récurrente qui secoue le monde capitaliste n’est pas seulement une nouvelle preuve de la nocivité de ce système profondément dépassé, irrationnel, et immoral qui réduit sans cesse le pouvoir d’achat populaire tout en conférant un pouvoir démesuré au capital financier en folie. Elle démontre aussi la fausseté des bavardages sur « l’économie libérale », la « mort de l’état » et la « concurrence libre et non faussée » dont se gargarisent à la fois les idéologues capitalistes et les petits-bourgeois « keynésiens », « anti-libéraux », sociaux-démocrates « de gauche » et autres altermondialistes de salon, grands pourfendeurs de l’économie politique marxiste.
En effet, au moment même où les Sarkozy, Ch. Lagarde, A. Merkel, L. Parisot et Cie expliquent à longueur de journée qu’ « il n’y a pas d’argent pour les salaires », qu’ « il faut diminuer les retraites, les indemnités chômage et les remboursements maladie pour juguler l’inflation », qu’il faut « réduire les dépenses publiques pour « diminuer la dette de la France », et autres mensonges de classe, l’U.E. et sa Banque de Francfort viennent de décider, à l’imitation du très « libéral » George W. Bush, d’injecter d’un coup et à fonds perdus plusieurs centaines de milliards d’argent public dans les banques privées, en clair d’accorder une masse énorme d’argent, prélevée sur le travail de tous – et facteur inévitable d’inflation galopante – pour éponger les dettes des milliardaires propriétaires des banques d’affaires.
Cette injection énorme, qui équivaut à un immense financement public à perte du profit privé1, prouve une fois de plus que le monde capitaliste actuel est toujours régi par ce que les marxistes appellent le « Capitalisme monopoliste d’Etat » (CME), c’est-à-dire par un système économique dans lequel l’Etat est entièrement au service des monopoles capitalistes (privés), dont les représentants passent sans cesse de la direction des affaires capitalistes à celles de l’Etat. (Le P.S. français dont les dirigeants Lamy et DSK dirigent le F.M.I et l’O.M.C. avec la bénédiction de Sarkozy, est un des piliers nationaux et mondiaux de ce mécanisme).
Bien entendu, le C.M.E. n’ a plus la forme qu’il avait dans les années 60, quand les monopoles capitalistes se concentraient à l’échelle des Etats-nations. Ils étaient alors contraints, dans les rapports des forces d’alors, (présence de l’U.R.S.S. et du camp socialiste mondial, puissance des Partis marxistes-léninistes de masse et du syndicalisme de classe, etc.) de tenir compte a minima de certaines aspirations populaires. Aujourd’hui le financement public des monopoles capitalistes et du système financier qui en est le cœur monstrueux, se fait à l’échelle d’Etats–Empires continentaux comme les USA ou l’U.E. ; on voit ainsi le bien-nommé Trichet, président « français » de la Banque de Francfort (qui comme D.S.K. n’utilise plus la langue française dans son expression publique) décider seul de l’utilisation des réserves financières (notamment de l’or issu de la Banque de France) en provenance des différents états de l’U.E. sans avoir ne serait-ce qu’à motiver ses décisions devant le public.
Quant à la « concurrence libre et non faussée » de feu le T.C.E., recyclé en « traité de Lisbonne », elle est en réalité, non pas un « retour au capitalisme libéral du 19ème siècle », comme l’affirme superficiellement la gauche non-marxiste, mais un des leviers essentiels de la concentration capitaliste à l’échelle continentale et mondiale : en liquidant les marchés nationaux et locaux, cette concurrence continentale et mondiale que ne peuvent évidemment soutenir les vraies PME (celles qui ne sont pas de simples externalisations des monopoles), vise avec l’aide de l’Europe impérialiste en gestation à écraser non seulement les ex-monopoles publics comme la Poste, la S.N.C.F. ou E.D.F., non seulement à favoriser le moins-disant social entre les salariés d’Europe, mais à liquider nombre de P.M.E. encore indépendantes des monopoles capitalistes. Bien entendu cela ne dédouane en rien les Etats « nationaux » bourgeois qui sont les acteurs résolus de leur propre intégration à l’Etat européen en gestation, gouvernement euro-sarkozyste en tête.
Les communistes doivent donc réfuter, non seulement les pseudo-libéraux qui réclament moins d’Etat/moins de dépenses publiques (mais exigent en fait, plus d’Etat pour financer les riches sur fonds publics…), mais aussi les attardés du keynésiannisme de gauche qui ne dénoncent le prétendu « ultra-libéralisme » que pour mieux contourner la question décisive : non pas plus ou moins d’Etat, mais quel autre Etat et au service de quelle classe sociale ? La vraie réponse pour les travailleurs est alors plus que jamais : il faut un Etat des travailleurs salariés et de leurs alliés que Marx appelait dictature du prolétariat, et dont la fonction serait de socialiser les banques, les assurances, le crédit et l’ensemble des monopoles capitalistes, notamment les grandes entreprises et leurs filiales, afin de planifier démocratiquement le développement économique au bénéfice de toute la société (socialisme).
Dans le même esprit, n’en déplaise à Wurtz et à Buffet dont le Parti peine de plus en plus à rabattre les salariés vers la mensongère « Europe sociale », les communistes doivent dénoncer frontalement ce monstrueux « Etat Providence du grand capital » qu’est l’U.E. dont le rôle unique est de plus en plus clair : « tout pour la finance et pour les guerres impérialistes menée par l’O.T.A.N., tout contre les salaires, les acquis sociaux, les P.M.E. véritables et les services publics ! »
NOTA BENE. C’est pour cela entre autres que les communistes qui tentent actuellement de se regrouper au sein du PCF 2 pour s’opposer à la direction, mais qui refusent d’appeler clairement la France à SORTIR la France de l’U.E. de la finance, risquent fort en agissant ainsi de « louper le coche » d’une vraie renaissance communiste, tant il est vrai que celle-ci implique centralement de rompre avec l’illusion « alter-européiste » qu’il serait possible de remettre de l’intérieur l’Union européenne, cette structure entièrement conçue par et pour le nouveau CME continental, « sur les rails » du progrès social.
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1 Les débiteurs présumés, les Etats prêtent donc à fonds perdus… à leurs créanciers supposés, les banques et le système financier capitaliste, sans même lui suggérer d’annuler la « dette publique » au nom de laquelle par ex. Darcos désosse l’Education nationale !
2 Il s’agit pour ces camarades de choisir entre le PRCF, qui milite depuis sa fondation pour le retrait français de l’UE, et la fédération 62 du PCF, qui s’est recentrée en 2004 sur une position « euroconstructive » afin de permettre à (l’ex) maire mutant de Calais J. Hénin, d’entrer au parlement européen derrière F. Wurtz sur une ligne euroconstructive. La question des alliances pour ceux qui disent vouloir une renaissance communiste en France, recouvre celle de l’Europe et plus profondément, celle du socialisme : pour ou contre la phase ultime du capitalisme monopoliste d’Etat « euro-mondialisé ».
Messages
1. Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital., 23 septembre 2008, 18:32, par sam 82
je me retrouve tout a fait , dans l’analyse politique de ce texte . sam 82 .
2. Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital., 23 septembre 2008, 20:36, par Copas
Hum hum,
Il ne faudrait pas non plus contourner le point nodal central : le pouvoir des travailleurs singulièrement sans quoi il n’y a pas de socialisme, sans quoi le socialisme se bureaucratise pour finir par forniquer dans le même lit que le capitalisme. .
Si vous le voulez, complétez vos positions par le pouvoir ouvrier et populaire qui, au travers des batailles contre le capitalisme, s’entraine à diriger, unifie la classe ouvrière et peut disputer à un moment donné le pouvoir de la bourgeoisie, de l’état bourgeois.
Dans la situation actuelle, et le morcellement des organisations de défense des travailleurs (les syndicats) des organisations unitaires doivent être pensées qui ne piègent pas les travailleurs soient pas des alliances en haut , soit dans des concurrences vaines qui ne marchent pas et ont prouvé qu’elles ne marchent pas .
Le PRCF peut apporter une robuste contribution à la riposte et à la contre-offensive de la classe ouvrière en traitant avec audace et inventivité cette question.
Le PCF peut apporter une robuste contribution à la riposte et à la contre-offensive de la classe ouvrière en traitant avec audace et inventivité cette question.
Le NPA peut apporter une robuste contribution à la riposte et à la contre-offensive de la classe ouvrière en traitant avec audace et inventivité cette question.
LO peut apporter une robuste contribution à la riposte et à la contre-offensive de la classe ouvrière en traitant avec audace et inventivité cette question.
Les anars dont c’est la tradition, les alternatifs, et même les POIstes peuvent apporter une robuste contribution à la riposte et à la contre-offensive de la classe ouvrière en traitant avec audace et inventivité cette question.
Pourvus qu’ils travaillent sur ces points précis ensemble.
Pour ma part c’est bien l’auto-organisation , la tradition des conseils (Hongrie, Irak, Italie), des soviets (URSS, Alsace, etc), des comités (France, Espagne, ...), des coordinations (France), des cordons (Chili), des communes populaires (Chine, ...) etc, bref, toutes les formes d’organisations qui poussent à l’unification de la classe par la démocratie et le combat, qui par le torrent des évènements sont susceptibles de disputer le pouvoir à la bourgeoisie.
Dans la phase actuelle c’est bien de pousser à ce que tous les courants politiques qui le désirent aident, ensemble, au delà de leurs divergences, à constituer à la construction et le renforcement de convergences organisationnelles des équipes de syndicalistes et de travailleurs prêts à la bataille.
Avec l’objectif permanent d’en étendre l’organisation démocratique à l’écrasante majorité de la classe.
Si on le veut bien, ça sera un programme commun de révolutionnaires.
3. Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital., 24 septembre 2008, 08:43
le « Capitalisme monopoliste d’Etat » (CME), c’est-à-dire par un système économique dans lequel l’Etat est entièrement au service des monopoles capitalistes (privés), dont les représentants passent sans cesse de la direction des affaires capitalistes à celles de l’Etat.
1- Le capitalisme a, et aura, toujours besoin d’un état serieux pour prospérer, et pas seulement pour faire la police dans les rues, mais aussi pour faire respecter ses propres règles. C’est d’ailleurs ce qu’il a trouvé en Chine alors que l’Afrique, l’Inde ont encore du mal à lui fournir.
2- Le CME s’est développé en France surtout, à la suite des nationalisations de 45 qui ont permis à nos capitalistes de prospérer en délégant à l’état le soin de réaliser les investissements les plus lourds et les plus longs à amortir (autoroutes, SNCF, Air France, EDF-GDF, Télécom, poste, Hopitaux etc...etc) et en se contentant d’exploiter les activités plus immédiatement lucratives. Au passage on peut noter que la Chine actuelle évolue sur ce registre. Mais la baisse du taux de profit, joint à l’allégement des investissements consécutifs à l’évolution technologique et à la déroute idéologique de la gauche débouche sur les privatisations sur lesquelles le capital compte pour relancer le taux de profit.
3- L’état européen n’est mieux ni pire que tous les autres états, c’est un organisme destiné à assurer la domination de la bourgeoisie européenne sur le prolétariat, et à organiser le marché capitaliste à ce niveaux, un point c’est tout. Refuser ce niveau c’est quelque part croire que les nations, qui ont émergé récemment (quelques siècles) seraient éternelles, ce qui, pour un marxiste est une aberration. Je ne crois pas, compte tenu de l’évolution de la productivité et des communications, que l’avenir soit à des entités figées pour toujours, serait-elle nationales. Je crois donc que les communistes doivent militer, entre autre, pour un gouvernement et une citoyenneté mondiale, l’UE n’étant qu’une étape sur ce chemin.
CN46400
1. Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital., 24 septembre 2008, 17:49, par sam 82
( les communistes doivent militer entre autre pour un gouvernement et une citoyenneté mondiale , l’UE n’étant qu’une étape sur ce chemin . )
ce n’est plus une étape ,c’est un enlisement dangereux et coupable . au delà des mots ( citoyenneté , dominant , dominés , et j’en passe ) qui sont les nouveaux concepts du pcf , qui ne servent finalement qu’a brouiller les repères de classes , que ce soit au niveau de la nation ,ou au niveau mondial . il faut bien un masque (théorique ) qui justifie la liquidation du parti .
quand aux considérations sur la chine , ramener l’émergence de la chine économiquement , a un capitalisme d’état est quelque peu primaire , même si je suis loin de partager les options économiques de ce pays qui se veut communiste .
pour ce qui est de l’Europe qui plus est sociale , là aussi tous les partis politiques s’en réclament ,de la droite , en passant par les sociaux démocrates , des communistes ,au travers des partis de la gauche européenne , et des gauchistes . la question centrale reste posée le projet européen peut-il changer de direction ? et pour donner l’illusion que cela soit possible doit-on s’engouffrer dans la fuite en avant de toujours plus d’Europe , y compris avec une incantation au social , quand on sait que les formes institutionnelles en place ne permettront jamais que des réformes de fond soient portées quand a la remise en question de la nature capitaliste de l’ Europe . cela relève a mon avis de la tromperie voulue ou pas . je persiste a considérer qu’il faut sortir de l’Europe dans la perspective d’une rupture d’avec le capitalisme tant au niveau national qu’au niveau mondial pour aller vers le socialisme . en tant que communistes nous devons travailler a la construction d’un nouvel internationalisme entre les nations et les peuples . sam 82 .
2. Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital., 24 septembre 2008, 19:31, par Copas
En laissant de côté le la question du CME j’approuve en grande partie l’ami CN46400 sur l’appréciation de la place des entreprises de l’état (bourgeois), leur place nécessaire pendant des dizaines d’années pour les infrastructures et investissements longs que la bourgeoisie ne pouvait faire .
J’approuve également le regard porté sur le construction d’un état bourgeois européen, les contradictions énormes de la bourgeoisie (qui veut tout et son contraire dans cette construction) dans ce processus.
Sur la Chine son regard me parait bien fondé, on trouve là le principe du développement déjà connu parmi les ex-dragons du sud-est asiatique comme on les appelait avant (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Malaisie, etc) qui combinait état autoritaire, bureaucrates militaires couchant dans le même lit que la bourgeoisie, construction d’infrastructures sous contrôle d’état, combinats (style Hyundai), etc.
Un bémol : Il me semble que depuis 83 le taux de profit s’est mit à remonter ...
3. Crise financière : L’Union Européenne ou l’Etat-Providence du grand capital., 25 septembre 2008, 13:10
C’est pas le taux de profit (rapport entre prix de revient et prix de vente) qui s’est mis à remonter, il tend toujours à baisser, ce sont les profits (benéfices de l’entreprise). Un produit qui dégage 1% de taux de profit génère, s’il est vendu 10 fois plus, autant de profit qu’un produit qui dégage 10% de taux de profit. Dans le groupe FIAT le plus fort taux de profit est chez Ferrari mais l’essentiel des profits est chez Fiat.
CN46400