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DÉCLARATION DU CA D’ATTAC FRANCE DU 19 AVRIL 2008
Publie le jeudi 24 avril 2008 par Open-Publishing3 commentaires
Le Conseil d’administration d’Attac s’est réuni le 19 avril 2008, avec
en toile de fond un monde qui n’en finit pas de pâtir des conséquences
des multiples crises qui le secouent. Particulièrement préoccupante est
la situation alimentaire mondiale marquée par ce que la presse a appelé
« les émeutes de la faim », qui sont en réalité une juste révolte contre
la situation infligée aux plus pauvres.
La situation en Afrique
C’est dans ce contexte que le CA a ouvert une discussion sur l’Afrique,
introduite par Nestor Bidadanure et Anne Marchand, membres du groupe
« Afrique » d’Attac, et par Djilali Benamrane, membre du CA. En de
nombreux pays et régions du continent africain, pour la plupart victimes
pendant deux décennies des plans d’ajustement structurel, des mouvements sociaux témoignent de la vitalité des résistances au néolibéralisme. En particulier, les mouvements de femmes portent une grande part des luttes actuelles pour les droits à l’alimentation, à la culture, etc.
L’Afrique, qui fut historiquement ravagée par l’esclavage, puis par le
pillage des matières premières, continue aujourd’hui d’être convoitée
pour ses richesses ou pour sa main-d’œuvre. Les séquelles du
colonialisme n’ont pas disparu et, loin d’avoir le caractère ethnique
que lui prêtent les observateurs occidentaux, les conflits armés très
violents qui s’y déroulent encore sont fondamentalement de type
politique, dans lesquels les enjeux économiques et stratégiques sont
occultés au profit d’une instrumentalisation des différences culturelles.
Attac trouve dans la situation africaine toutes les raisons de son
combat altermondialiste : l’autonomie des peuples pour construire leur
propre développement, l’annulation de la dette qui étrangle les pays les
plus pauvres, l’exigence de démocratie face aux pouvoirs dictatoriaux et
corrompus ou face aux nouvelles classes possédantes pressées de
rejoindre l’élite mondiale. Le CA a décidé d’œuvrer pour que la
participation de représentants de mouvements africains aux évènements et rassemblements altermondialistes soit mieux assurée à l’avenir. Dans le cadre du groupe de travail commun avec la Confédération paysanne sur la souveraineté alimentaire, la définition de politiques agricoles
permettant à tous de se nourrir, sans dumping extérieur, concerne
l’Afrique au premier chef. Le CA veillera à une meilleure visibilité des
questions africaines sur les outils de communication, dont internet, et
appelle à un renforcement des liens entre les comités locaux et les
mouvements africains.
Le monde en crise
Le CA a également débattu de l’articulation des crises financière,
alimentaire et écologique. Comme on pouvait le craindre, la crise
financière s’est propagée sans que les appels ridicules et hypocrites à
une « meilleure transparence des marchés » ou à une dose supplémentaire de « moralité » y fassent quelque chose. Et les renflouements du système bancaire et financier opérés par les banques centrales ne font que colmater une brèche à l’instant où s’en ouvre une nouvelle.
En réalité, à travers la crise financière se cristallise l’ensemble des
contradictions d’un capitalisme mondial devenu complètement absurde à
force d’avoir conduit des politiques néolibérales subordonnant tout à
l’impératif de rentabilité. La bulle immobilière s’étant effondrée, les
fonds spéculatifs s’emparent de nouveaux terrains de chasse : les
matières premières et les céréales de base, considérées comme des
valeurs refuges puisque la tendance est à la hausse de la demande.
Demain, ce sera au tour de la terre, car il faudra choisir entre
produire de la nourriture ou des agro-carburants en masse. L’absurdité
est là : tirer parti des besoins humains pour en faire un objet de lucre
et rien que cela.
Ainsi, nous savions que la financiarisation de l’économie se nourrissait
de la dégradation sociale puisque la croissance de la part des profits
dans la richesse produite signifiait la baisse de la part des salaires
et de la protection sociale. Désormais une dimension nouvelle s’ajoute à
la crise sociale : elle revêt l’aspect le plus violent qui soit puisque,
derrière la hausse brutale des prix agricoles consécutive à la
spéculation grandissante, se profile l’aggravation de la faim dans le
monde, à cause de la libéralisation des marchés et du démantèlement
progressif de toutes les politiques agricoles impulsés par le Fonds
monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale
du commerce. Au milliard d’êtres humains souffrant de malnutrition,
s’ajoutent maintenant les dizaines de milliers qui vont mourir de faim
et les milliers de tués dans les manifestations.
Tous les ingrédients sont réunis pour une crise globale planétaire si un
nouveau cours n’est pas imprimé d’urgence. En effet, le dérèglement
climatique va renforcer les risques de division du monde entre ceux qui
pourront s’en protéger un peu et ceux qui ne le pourront pas du tout.
Or, la financiarisation de l’économie mondiale empêche que des solutions
soient trouvées à la crise écologique. Pire, l’air devient une
marchandise à travers les permis d’émission que des investisseurs avisés transforment en produits financiers échangés dans de nouveaux
compartiments des Bourses. Ainsi tout est devenu ou devient marchandise, c’est-à-dire constitue une occasion de profit privé, au mépris de l’intérêt général. Une bulle chasse l’autre, telle est la spirale
infernale que nous promettent les néolibéraux.
Attac considère que la crise financière, la crise sociale, notamment
avec sa nouvelle dimension alimentaire, et la crise écologique sont
étroitement imbriquées. C’est donc à l’échelle mondiale qu’il faut
mettre en œuvre des solutions. Celles-ci existent. Elles passent, entre
autres, par le contrôle draconien de la circulation des capitaux et du
système bancaire et financier, par la mise en place de taxes globales et
par la transformation des systèmes productifs afin qu’ils soient plus
économes et répondent aux vrais besoins des populations.
Les campagnes en cours
Le CA réaffirme les objectifs que s’est donnés l’association. Pour les
mois qui viennent, les campagnes menées avec les autres Attac d’Europe
porteront sur la mise au pas de la finance, les droits sociaux face au
droit de la concurrence et la reconversion écologique. D’ores et déjà,
le CA appelle ses adhérents à continuer à signer et à faire signer la
pétition « Spéculation et crises : ça suffit ! » (http://www.stop-finance.org), à populariser nos analyses grâce au
matériau préparé (vidéos, documents d’analyse, tracts), à organiser des
débats publics, à construire des convergences entre toutes les
initiatives. Au second semestre 2008, plusieurs échéances majeures de
mobilisation interviendront : le FSE à Malmö en septembre, le
contre-sommet Migrations et développement en octobre, une initiative en réaction contre la présidence française de l’Union européenne et le
sommet Climat-énergie début décembre. Il revient à toutes les structures de l’association de préparer maintenant ces rendez-vous.
Enfin, le CA renouvelle son appel aux comités locaux pour qu’ils
prennent part aux deux Universités de l’été :
– celle de toutes les Attac d’Europe à Sarrebruck du 1er au 6 août et
– celle d’Attac France à Toulouse du 22 au 26 août.
Attac France,
Montreuil, le 19 avril 2008
Messages
1. DÉCLARATION DU CA D’ATTAC FRANCE DU 19 AVRIL 2008 , 24 avril 2008, 21:01, par remdom
on est contents de savoir que le CA d’ATTAC France fait des déclarations depuis la mairie de Montreuil.
Euh, je me trompe, ou bien je suis révolté par cette nouvelle forme de centralisme sans démocratie, qui fait que l’association est toujours aux mains des appareils dits " fondateurs".
1. DÉCLARATION DU CA D’ATTAC FRANCE DU 19 AVRIL 2008 , 24 avril 2008, 21:11, par CD
Il s’agit d’une déclaration IMPORTANTE du CA d’ATTAC qui n’est pas moins démocratique qu’une autre.
2. DÉCLARATION DU CA D’ATTAC FRANCE DU 19 AVRIL 2008 , 25 avril 2008, 14:46, par bipède
Merci de ces infos