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DURBAN II : Les Etats-Unis et la France présents

Publie le samedi 18 avril 2009 par Open-Publishing
1 commentaire

DURBAN (suite) : les Etats-Unis et la France présents

C’est Robert Badinter qui l’indique, ce 17 avril, dans une interview à la Tribune des Droits humains de Genève :

« …Le fait qu’il y ait un représentant des Etats-Unis est un signal positif, il marque la volonté de Washington de revenir dans l’enceinte du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Cela tient surtout du symbole, les Américains avaient boycotté la première rencontre. Sur le fond nous sommes proches d’un consensus assez soft par rapport aux textes antérieurs. Les points les plus aigus de dissentiment ont été gommés : la mention à Israël a disparu, la question de la diffamation religieuse a été écartée…

…Il s’agissait sans doute, au départ, pour quelques Etats islamiques, de condamner Israël et le sionisme à travers cette conférence. Nous ne pouvions accepter cette démarche, aussi bien sur le plan des principes que parce qu’il ne s’agit pas d’une réunion sur le Proche Orient. Il y avait là une entreprise de dévoiement et de récupération à laquelle il fallait s’opposer, ce qui a été fait… »

A une question sur l’éventualité d’un boycott, le sénateur, qui participera également à cette réunion, a répondu : « Je suis par principe un adversaire de la politique de la chaise vide. On peut rompre les discussions à un moment donné mais il est dangereux de s’abstenir au départ. Les instances continuent de fonctionner malgré l’absence d’un certain nombre d’Etats. Elles finissent donc par adopter un texte qui devient la déclaration officielle imposée à tout le monde. La justification de notre présence doit être le rappel ferme de nos principes. Je souhaite que l’Union européenne parle d’une seule voix et que cette voix s’élève pour défendre, notamment, la liberté d’opinion. Chacun a le droit de croire en dieu ou de ne pas croire et nul ne saurait faire l’objet de discriminations à ce sujet. C’est ça l’enjeu de Durban. Le blasphème, l’hérésie…tout ça n’a rien à voir avec les Droits de l’Homme. »

Quelle valeur accorder à cette conférence ? « Il est important que la communauté internationale marque son accord pour lutter contre le racisme et les discrimination. La tenue de ce forum, même s’il est très formel, montre qu’il existe des principes sur lesquels tout le monde doit se déclarer uni… » Robert Badinter a également précisé que la France serait représentée par Rama Yade.

Vendredi soir, le projet de document de la Conférence Durban II a été adopté par les membres du Comité préparatoire, ce qui lève le dernier obstacle à l’ouverture de la conférence. Le document ne sera pas modifié. Le consensus réalisé signifie que les questions qui fâchent, susceptibles de compromettre la tenue de la conférence, ont été mises de côté. Le texte n’a pas été divulgué, il était, dans la foulée soumis à l’examen des Etats encore hésitants.

Du coup la tension est tombée d’un cran chez ceux qui n’ont pas ménagé leurs forces ni leur temps pour faire capoter Durban II. Ils pourront toujours dire que leur mobilisation aura servi à « aseptiser » le document initial. Mais leur velléité de boycott a été mise en échec. Ils se focalisent sur la présence du président iranien, Ahmadinejad, qui s’il n’incarne pas la langue de bois ni la modération, n’en est pas moins très courtisé. Il sera, comme les autres Etats, engagé par le document tel qu’il est. Son discours, très attendu, n’y changera rien. Certains l’attendent avec…crispation.

Ce qui se passera autour du sommet, avec les centaines d’ONG annoncées, pas toutes sur la même longueur d’ondes, ne manquera pas, non plus, d’être observé à la loupe .

Il reste à espérer que si cette conférence efface l’image véhiculée par la précédente en 2001 et engage de réels progrès dans la lutte contre le racisme, les discriminations, la xénophobie, pour la tolérance, elle aura été utile. La question qui demeure reste de savoir jusqu’où on peut séparer ces questions des contextes politiques et historiques qui les ont nourries ?

René Fredon

Messages

  • La question qui demeure reste de savoir jusqu’où on peut séparer ces questions des contextes politiques et historiques qui les ont nourries ?

    Mon cher René en posant la question tu viens d’y répondre.

    Vider la référence au racisme et à l’intolérance de son rapport avec ceux qui pratiquent allègrement les deux concepts c’est tout simplement parler dans le vide.

    Antiscientifique, quoi !!! Du moins pour un "marxiste".

    Mais ça ne m’étonne qu’à moitié. La simple présence des USA et de leur toutou français ne pouvait qu’indiquer un dérapage vers la vacuité des analyses.

    Wait and see.

    G.L.