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Dans une cité de Saint-Denis, le porte-à-porte des militants du PCF

Publie le samedi 17 février 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

de Sylvia Zappi

C’est ici, dans cette cité située à l’extrême nord de Saint-Denis qu’ils ont voulu "prendre la température". Parce que sur les marchés, "on ne sent rien en tendant un tract que les gens regardent à peine". Ils sont sept, militants communistes de longue date, à avoir décidé un "porte-à-porte", ce mardi 13 février, un tract en faveur de Marie-George Buffet à la main. Aller à la rencontre des populations des quartiers, voir comment elles sentent la campagne électorale et, accessoirement, tester la popularité de leur secrétaire générale.

"Sémard" a toujours voté à gauche. Lors des municipales de 2001, Patrick Braouezec avait atteint 46 % des voix au premier tour. Et en 2002, la gauche avait totalisé 57 % (7 % pour Robert Hue, le candidat communiste). Mais cette fois, les militants s’interrogent. Et si Nicolas Sarkozy avait marqué des points ici aussi ? Le quartier connaît un taux de chômage et de précarité inquiétants (38 %) et l’inactivité chez les jeunes atteint 31 %. Relégués dans des petites barres coincées entre le stade municipal et les voies de chemin de fer de la ligne Paris-Lille, les résidents se sentent un peu oubliés. La preuve ? Le mur antibruit réclamé depuis des années n’est toujours qu’à l’état de projet.

Le premier hall, le numéro 7, est attaqué avec entrain mais sans illusion : "Ce n’est pas ce soir qu’on va gagner des voix", glisse Jean Val, la cinquantaine rieuse sous sa parka et sa polaire orange. C’est un Algérien, "en France depuis quarante ans", la moustache grisonnante, qui ouvre le premier après quelques portes restées sourdes. "Je n’ai pas le droit de voter mais mes enfants iront. Pour la gauche", s’excuse-t-il. Son voisin, un jeune en jogging, capuche relevée, bougonne : "On va voter blanc car personne ne m’intéresse." Le tract est resté suspendu derrière la porte.

Appartement 310, M. Brami assure qu’il vote : "J’ai ma carte d’identité !", lance-t-il en guise de preuve. Mais il ne sait pas encore. "Je suis de gauche mais je veux d’abord écouter la télé." D’autres portes s’ouvrent, plus discrètes, une main attrape le papier et s’efface. Deux étages plus bas, M. Salingue, cinquantaine en short bleu et tee-shirt affichant "No limit", avoue lui aussi qu’il hésite encore. "Ça va être la gauche", lâche-t-il seulement.

Sur le palier, une machine à laver, un frigo hors d’état de marche. Mme Bensalem, elle, ne votera pas. Petite brune à l’accent gouailleur, elle vient de La Courneuve et n’est pas inscrite sur les listes électorales. "Mais Marie-George elle est mortelle ! Elle est pour ceux qui veulent s’en sortir mais qui le 15 du mois, avec le seuil, n’ont plus rien." Elle prend la profession de foi et se ravise : "Mais y a Bové, il est mortel lui aussi !"

Les doutes face à la gauche, les peurs de rééditer 2002 sont palpables sur ces paliers. Mme Ben Habida, une petite fille dans les jambes, admet : "J’hésite entre Mme Buffet et Ségolène." Plus loin, au 4e étage, Mme Daiwara assure que "de droite ou de gauche, tant que c’est pas Le Pen" et ajoute en pointant la photo de la candidate du PCF : "Elle et Ségolène, ça va."

Beaucoup ont vu ou entendu parler du passage de la numéro un communiste sur TF1 la veille. Mais le choix laisse ceux du hall numéro 5 aussi perplexes. "Elle est bien, ma copine l’a entendue. Mais moi, je balance entre Bayrou et Royal", raconte M. Bentalbi, jeune homme tout sourire. "Avec tout ce qui se passe, on va réfléchir", explique Mme Ricardo, sa voisine. "Je suis communiste au fond mais je vais voter Ségo. On va pas recommencer 2002", lance M. Momé. "Moi je veux que la gauche gagne, parce que quand je vois ma fiche de paye, ça me fait mal au coeur. Mais tout ce qu’ils promettent, ils vont le faire au moins ?", s’emballe M. Corvellec, énervé parce que son beau-père "gagne trop".

Les raisonnements sont sommaires, les programmes peu connus, mais ici la boussole penche encore du "bon côté", souffle Jean. Au pied de l’immeuble, une demi-douzaine de jeunes se sont approchés. Rémi a travaillé à la voirie mais est au chômage depuis un an. Le bonnet noir enfoncé sur le front, il s’énerve : "Le PS, non ! Pour eux, ça glisse, ils ont besoin de rien. Rien à voir avec nous. Bové, lui, c’est un bon !" Son copain, un beur belge, ne peut pas voter mais "y a pas intérêt que Sarko passe", prévient-il. Deux jeunes lycéennes de terminale s’approchent un peu plus tard. "Moi, je vais voter pour celui qui a la moustache. Pas Ségolène, elle veut ajouter des heures de travail", assure la plus téméraire. La seconde acquiesce puis lâche : "Faut virer Sarkozy".

La tournée s’achève et, au total, les trois équipes ont essuyé peu de refus. "C’est pas facile mais j’aime bien ce contact. Là, on fait vraiment de la politique", explique Philippe Rezto, 39 ans et blouson de motard sur le dos. L’équipe repart cependant sans illusion. "Ils hésitent encore beaucoup."

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-867798,0.html

Messages

  • nous savons tous que le Monde est le meilleur porte parole des militants PCF !!

  • Ce qui me choque dans ce compte-rendu, c’est que l’on mette le nom des personnes visitées
    Jeanmarc

    • Je trouve curieux cet article qui est bien loin de la tendance que l’on observe
      dans les quartiers populaires.
      Moi qui suis un habitué du porte à porte je ne m’y retrouve pas dans cette
      description de contact dans les milieux populaires, il sous-entend que Bové serait
      bien perçu ce n’est pas ce qui m’est dit chaque jour.
      J’ai participé hier à une initiative devant un magasin darty quel bon accueil pour
      la candidature de MGB
      De petits débats se sont engagés et plusieurs personnes déja convaincues ont
      déclarées faire eux mêmes campagne pour MGB auprès de leurs amis dans leurs
      familles c’est tout ceci qui va être déterminant comme nous l’avons fait en 2005.
      Pour conclure sur cet article je le trouve curieux il me semble que ce soit disant
      porte à porte a été fait dans une cité bien particulière...
      Merci à BELLACIAO de nous permettre de confronter nos idées et nos expériences.

      Jean_Claude

    • "LE MONDE" "LE MONDE" ...POURRAIT-ON AVOIR LE PEDIGREE DE Mr C....DIRECTEUR ?

    • D’accord avec Jean-Claude. Si l’engouement pour MGB ne se situe pas au niveau où il est chez toi, je relève tout de même de l’intérêt et parfois de la sympathie, en tout cas ça ne sent pas le 2% !! Nous avons fait hier matin la sortie du Carrefour d’un grand quartier populaire de Limoges et l’idée de prendre l’argent des profits pour financer le pouvoir d’achat et la protection sociale ne laisse pas indifférent et suscite la discussion.Pour être objectif, une partie du public sortant le caddy plein et le compte en banque vidé d’autant n’est pas d’humeur bavarde. Il s’agit à vue de nez d’une minorité non négligeable mais d’une minorité !! Par contre les rares commentaires que nous ayons eu sur José Bové sont toujours aussi négatifs. José Bové "finit de mettre le bordel" serait la formule synthétique qui résumerait le mieux l’état d’esprit général.

      Il y a aussi cette fin de semaine l’apparition du militant socialiste complètement en panique qui en veut aux méchants médias. Il tremble comme une feuille en attendant lundi soir et l’émission de TF1. Au début il peut être vindicatif et nous reprocher de diviser la gauche, mais passé ce premier moment d’agacement si on l’accroche, il se rend à l’évidence que sans progression plus que sensible des intentions en direction de MGB, c’est Sarko président !! Après il convient que la gauche doit s’attaquer au mur de l’argent pour ne pas décevoir une fois de plus.

      Jean-Philippe VEYTIZOUX

    • Cet article ne reflète pas la réalité du terrain, la mobilisation est beaucoup plus importante que pour Robert Hue en 2002.Dans ma section de Berre , pas de carte déchirée , le repas de section a réuni samedi une cinquantaine de personnes et nous avons réalisé 3 adhésions au Parti.sur 160 adhérents , un seul a pu etre troublé l’entrée en campagne de José Bové.Pour Le MONDE comme pour le Midi Libre , une seule chose compte : la disparition du parti qui défend les intérets des plus humbles et des exploités !Lorenzo