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Dans une tempête il y a de grands creux et d’énormes vagues

Publie le dimanche 17 octobre 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

de Copas

La capacité dans le cadre des mouvements puissants actuels de trouver des formes d’organisation unitaire, démocratique, contrôlés de bas en haut, cherchant des objectifs susceptibles de faire plier la bourgeoisie, dépassant les cadres des partis, syndicats et associations, cadres limités, est un enjeu important.

Nous somme dans dans une situation d’organisation du mouvement social qui exprime de grands creux et de grands hauts.

D’un haut en début 2009 nous sommes partis dans un grand creux dés l’été 2009, avec des bouffées puissantes (la poste, etc) exprimant que, sous le désespoir, la braise couvait.

Mais la phase qui est partie de la fin du printemps 2009 jusqu’au début de l’été 2010 a été de ces moments de grands creux, où tout semblait s’écrouler, le racisme s’étendait comme outil de division et de création de bouc émissaire.

Dans les partis les plus révolutionnaires régnait un sentiment de défaite pour ceux qui étaient les moins armés à la comprehension de ce qui se passait (et demain ils seront les plus dithyrambiques avant de re-sombrer ...).

Le délabrement organisationnel des organisations du mouvement social, dû aux défaites des phases précédentes, crée des situations de trous organisationnels énormes dans les phases de baisse comme de remontée.

Les creux sont d’autant plus creux, que les contre-poids organisationnels sont faibles (politiquement et syndicalement).

Les phases de remontée sont moins corsetées par les organisations de masse actuelles, largement délabrées, qui ont façonné les défaites passées en diluant, en dilapidant des potentiels de résistance. Ces organisations de masse sont pourtant les seuls outils disponibles actuels.

Mais surtout les équipes syndicales et politiques allant de l’avant sont très faibles même si elles fonctionnent au milieu d’énormes potentiels.

Cette situation est une grave faiblesse et en même temps une ouverture.

Il s’agit de répondre et de compenser cette grave faiblesse organisationnelle, en même temps de profiter de l’ouverture, des potentiels énormes des remontées pour refonder le mouvement ouvrier en créant une réalité supérieure aux additions d’appareils fractionnés.

La compréhension des raisons de ces secousses, de ces phases de grands creux et de grandes remontées, se trouve dans les offensives de la bourgeoisie, dans la progression numérique et l’égalisation du prolétariat moderne, dans la faiblesse organisationnelle et politique du mouvement social.

Pour faire très rapide, l’avidité de la bourgeoisie, les défaites qu’elle a infligé à la classe populaire, ont contribué mécaniquement à égaliser le sort de la classe populaire, à développer l’importance numérique de cette dernière classe, à liquider les classes intermédiaires, etc.

Cette arrogance exagérée de la bourgeoisie se couple donc à une sur-puissance numérique du prolétariat moderne . la bourgeoisie s’isole et le prolétariat se répand en devenant une énorme classe, seule visible dans des pans énormes de la société.

les attaques de la haute bourgeoisie tombent donc sur une classe égalisée, sur une jeunesse qui ne se voit que dans son avenir de travailleurs (et non de managers, bourgeois, cravates au vent,...).

Un mot sur la jeunesse : depuis le CPE (et ailleurs dans le monde également) on sait que la jeunesse se bouge fondamentalement sur son destin de prolétaires modernes. C’est une inflexion majeure dans cette couche de population.

Alors qu’avant existaient des conflits générationnels (la bourgeoisie a essayé de développer cet antagonisme sans y réussir pour l’instant), des batailles plus sociétales que de classe, là, la jeunesse se sent partie intégrante de la bataille face au gouvernement des patrons.

Il n’y a pas grande division pour l’intégration de jeunes dans les batailles de travailleurs , on voit de plus en plus de lycéens porter des badges CGT, ils expriment là un choix d’une classe, au travers de l’organisation de masse la plus puissante dans le monde du travail.

Ces attaques et les politiques menées par la bourgeoisie créent des circonstances objectives de résistance massive.

la question subjective et celle des outils organisationnels d’une classe devient un enjeu fondamental.

La faiblesse organisationnelle est un des talons d’Achille du mouvement.

Dans les phases de montée on a l’impression que le mouvement social a une puissance illimitée, dans les phases de creux que tout s’effiloche, tout est perdu, la désespoir se répand.

Ce qu’il nous manque ressort de deux questions, un parti ou un mouvement politique (ou plusieurs, appelons cela comme on le veut), qui travaille consciemment, dans le mouvement de lutte concret des travailleurs, du peuple et de la jeunesse, aux objectifs des batailles et en même temps aux questions des outils organisationnels unitaires de masse qui permettent la progression d’une classe vers un débouché politique.

et également, logiquement, renforcer les organisations de masses existantes en les coulant dans un creuset commun, plus large, apte à bousculer l’exécutif de la bourgeoisie (le gouvernement) et le faire reculer.

Ce creuset commun n’aurait pas pour objet de créer une nouvelle division, mais une réponse pragmatique aux nécessités concrètes des batailles.

La phase actuelle depuis 2 semaines est sortie de son lit mineur pour s’engager dans son lit majeur.

De plus en plus d’inter-syndicales, de syndicats, d’UD, d’UL, de mouvements de masse, de militants, cherchent à diriger leurs pas vers les lieux réels économiques et populaires, quartiers populaires, zones commerciales et industrielles, zones de services, etc.

C’est une bonne nouvelle, exprimant l’émergence d’une grève active et d’un combat multiforme riche et vivant.

C’est là que la bataille se gagne ou se perd, c’est là que les questions d’organisation deviennent vitales.

Une entreprise bloquée c’est 100% de grévistes, un appel à la grève c’est 10% de grévistes.

- Une manif dans des grands boulevards loin des grands poumons de notre société c’est une démonstration populaire, ça sera écouté d’une oreille distraite par la bourgeoisie.

- Un mouvement qui est et qui va dans dans les centres réels de production, d’échanges, de commerces et de services, les bloquent, les occupent et les ré-organisent, les prends en main (l’organisation !), c’est un mouvement qui est sorti de la démonstration pour s’attaquer réellement aux interets de la bourgeoisie. C’est un mouvement libérateur et démocratique, dé-serrant l’étreinte des chantages à l’emploi de la classe dominante. Ce mouvement doit se doter alors d’outils organisationnels à hauteur, rassemblant tous les travailleurs en mouvement.

les slogans pour la grève générale deviennent des tubes des slogans des cortèges.

la grève générale n’est pas un gros mot, ceux qui disent qu’elle ne se décrète pas ont raison mais en général ils n’expriment de fait que leur opposition à doter d’un des moyens nécessaires à la victoire. Car il y a bien deux façons d’exprimer que ça ne se décrète pas , une parce qu’on n’en veut pas car ça fait peur, et l’autre parce qu’on estime que cela n’est pas mur.

Depuis 15 jours c’est mûr pour la grève générale, pour un appel à la grève générale. Cette situation ne perdurera pas éternellement.

La jeunesse également a toujours des trous d’organisation important que seules des coordinations démocratiques permettent de combler et de faire passer à un niveau supérieur.

D’autres obstacles demeurent, fondamentaux, comme la difficulté, dans une pensée largement marquée par un enkystage dans les institutions, a reconnaitre au mouvement social une fonction politique majeure.

La pensée du contingentement du mouvement social, qui doit s’écarter quand arrive la cuisine institutionnelle, est un des obstacles fondamentaux dans les partis, les mouvements et une classe.

les partis qui se situent dans le cadre de l’objectif d’un pouvoir des travailleurs, quel que soit leurs conceptions de passage à ce type de société plus démocratique, doivent se sentir portés par les nécessités du mouvement.

Ils doivent faire preuve d’audace, pas comme corps extérieurs à une classe, pas comme avant-gardes, mais comme courants internes à une classes et ses mouvements, comme ceux qui en étant dans les batailles communes, cherchent à faire progresser les formes d’organisation en même temps les plus efficaces et en même temps se dirigeant vers une démocratie supérieure.

Messages

  • Copas...Bravo encore pour ton analyse psycho-économique du mouvement social. Comme toi je pense que le travail actuel des militants syndicaux et politiques est productifs pour mobiliser les salariés et les jeunes et que les "creux" de certains endroits de production peuvent être comblés par l’imagination ou la création d’action adéquate.

    La situation actuelle est pleine de rebondissements , nous sommes à l’initiative et l’équipe Sarko est sur la défensive et sans véritable imagination si ce n’est d’utiliser les vieilles recettes de répression connues et archi-connues du mouvement ouvrier.

    Dans toutes les organisations syndicales ça carbure sec et je pense que le mouvement populaire va nous étonner par sa hardiesse et sa créativité sociale.Les temps sont durs pour les gens, la vie est difficile , la société est bloquée par les élites sans projet gérant cette crise du capitalisme au jour le jour sans boussole, laissant les banques spéculer et la haute bourgeoisie se réfugier , sait-on jamais, dans des endroits sécurisés à l’abri de la fronde populaire. Le peuple n’en peut plus avec ce chômage de masse, les emplois précaires, le démantèlement des services publics et sociaux. Tout doit bouger...Anéantir les institutions bourgeoises est à l’ordre du jour pour les remplacer par une autogestion de masse ou chacun s’implique en fonction de ses capacités... Notre peuple peut de nouveau écrire une grande page d’histoire .

    Tu es confiant..Nous sommes confiants...On ne peut sans arrêt baisser la tête comme des esclaves. Alain Minc ,que nous voyons en ce moment se promener sur tous les plateaux de télé, répand un discours prudent vis à vis de sa classe en critiquant le Medef qui ne s’empare pas du problème de la pénibilité et des retraites des femmes.. Il critique le plan Attali , traité de document d’intellectuels en vase clos, qui s’il s’appliquait entraînerait la révolution ...Alain Minc , conseiller du Président , sent-il mieux que d’autres élites bourgeoises ce qui se passe dans le pays ou cherche-t-il en vantant la grande responsabilité de Bernard Thibault à se placer pour l’avenir ?????

    Nous verrons bien ce qu’il en adviendra !!!!!!!!!!!!!!!

    Bernard SARTON,section d’Aubagne

    • Ce qui est possible c’est ce promouvoir la démocratie urbaine de lutte.

      Ce n’est qu’un bout du problème certes car la démocratisation sur des champs territoriaux plus vaste est importante même si la transcroissance des luttes ne dépend pas de la démocratisation.

      Ce sont essentiellement les villes qui sont en lutte. Les ruraux viennent manifester en ville. Les Ag se tiennent en ville. Les équipes syndicales des villes de moyennes importances se connaissent. Les étudiants de plusieurs universités peuvent se rencontrer, et rencontrer des syndicalistes.
      Une forme de démocratie, imparfaite mais donnant accès à une expression revendicative fermement défendue, peut y naître.

      J’ai connu une expérience de ce genre à Rennes en février 94 contre le CIP.
      Kris DLR

    • Il y a 4 choses en même temps à ménager :

       la démocratie du bas vers le haut, capable d’agglomérer les équipes syndicales de lutte de classe avec des travailleurs non organisés arrivant à la lutte, en une réalité organisationnelle supérieure aux additions actuelles d’organisations.

       la centralisation : quand on ne coordonne pas une organisation on a rien.

       La bataille pour l’extension : blocus, occupations, où ça se passe ! et non seulement dans les grands boulevards . Se déployer dans les zones commerciales, industrielles, de services et les quartiers populaires, les facs, les lycées, les collèges...

       l’appel à la grève générale

      Mais pour dire au passage : une petite équipe syndicale qui se bat sera toujours plus utile qu’une démocratie de base à plat, seulement sur le papier.

  • L’observation bien conduite de la représentation politique des partis de droite et de leur appartenance revendiquée et essentielle, à présent "sans complexes", à la composante économique dirigeante et dominante,exhorte nos réticences pudiques de dominés à ne plus dissocier la démarche syndicale de sa teneur politique.
    Cette pudeur s’estompe dans les cortèges quand la parole revendicatrice endosse la dimension d’un mouvement de transformation politique, le passage de l’un à l’autre se fait alors dans l’évidence selon l’adage qu’il "vaut mieux faire que dire"ou encore que" nos actes nous engagent plus que nos paroles",voilà aussi pourquoi le mouvement prend de l’ampleur et de la détermination avec le temps si l’engagement procède par paliers successivement plus exigeants et plus démonstratifs,plus synthétiques ,plus profonds ,plus globaux,plus étayés.
    La stratégie me semble jusqu’alors efficace, conduisant pied à pied les plus timorés à emboîter le pas aux plus téméraires ,à acquérir cette expérience,cette compréhension,la dimension transgénérationnelle,la légitimité inter- corporations , la validité économique,morale des luttes qui rend progressivement sourd aux sirènes sournoises de la capitulation ou du défaitisme , voire du dévoiement.
    Cette bonne analyse du déficit organisationnel actuel me semble néanmoins pessimiste au plan syndical il reste effectivement à créer la nécessité et l’exigence du besoin d’une forte articulation politique à ce mouvement ,mais là encore la volonté extrinsèque au mouvement oublie le rôle éminemment créateur de cette mise en marche transformationnelle qui nourrit en elle même les principes d’invention ,les énergies motrices , les concepts neufs issus de cette dialectique du refus et du choix :
    "D’où venons -nous isolés,où voulons nous aller ensemble ?"
    S. P.

  • L’AUTOGESTION dans les luttes, dans les revendications, dans les lieux de travail, dans les municipalités, les régions, le syndicalisme, la politique, voilà la façon de retrouver la globalité de l’homme, de la vie, de la solidarité, des perspectives pour soi-même, les autres et la société dans laquelle chacun a le droit de vivre et plus de survivre.

    Dépolluons nos esprits, la nature et nos vies seront plus belles.

  • Pendant les montés de luttes et de grèves intersyndicale il conviendrais d’élire un équipe de deux ou trois pour les commit tés de direction de base , et d’envoyer des représentants provisoire de base ainsi choisie pour élire une direction de lutte intersyndicale de base qui remplacerais ou accompagnerais la direction intersyndicale pour les demandes immédiate et des appel générale qui expriment mieux les demandes de base que la direction de congrès qui peuvent s’occuper plus des tâches administrative que d’appel nécessaire pour évoluer les luttes ou concentrer les forces dans les secteurs sensible ou appel à la grève générale ou interprofessionnel ou convergence des demande au lieu d’une seule demande pour une catégorie ( par exemple salaires, précarités, emplois jeunes, sans papiers et retraites et pensions etc... au lieu de seulement sauver les retraite alors que tout le monde à compris que c’est un tout ! ) Les directions de base provisoire et révocable par la base seulement s’est une nécessitée qui nous fait défaut actuellement !

    Abram