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De Pétain à Salazar, le socialisme libéral de Sylvain Bourmeau
Publie le vendredi 27 juin 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Démontage de texte
Passé un certain degré, le burlesque confine à l’art. Sur le site de désinformation en ligne mediapart, le journaliste Sylvain Bourmeau multiplie erreurs et contresens.
"Pourquoi le PS n’arrive pas à penser le libéralisme",
Sylvain Bourmeau, mediapart.fr, 29 mai 2008.
EXTRAIT :
"Une toute petite partie de la gauche prend conscience qu’elle a eu le tort d’abandonner, peu à peu, depuis les années 80, le libéralisme à une droite non plus conservatrice mais désormais porteuse d’un ambitieux projet de transformation économique et sociale.
Chroniqueur littéraire sur France 2, animateur d’une émission sur France Culture, Sylvain Bourmeau a martyrisé des années durant le fauteuil de rédacteur en chef adjoint des Inrockuptibles, l’hebdomadaire des quinquagénaires gominés qui se sentent « concernés ». Quand Edwy Plenel a lancé au printemps dernier le site d’« information » en ligne mediapart, Sylvain Bourmeau n’a pas hésité à « s’engager » afin, explique-t-il, d’« animer le débat d’idées, la vie des idées ». Ce texte bourmelin réagit à la polémique provoquée au sein du PS par le livre de Bertrand Delanoë et Laurent Joffrin, De l’audace ! (Robert Laffont), rédigé pour que « les socialistes du XXIe siècle acceptent enfin le libéralisme ». Si Bourmeau caresse lui aussi cet espoir, la forme lui disconvient. Tenir des propos de droite quand on se dit de gauche exige à ses yeux des références pompeuses, des noms qui éblouissent, une patine universitaire qui sidère le gogo, parbleu ! Bourmeau s’emploie donc à traduire en langue de fat la langue de bois joffrino-delanoïste.
Historiquement, pourtant, la gauche pouvait se prévaloir d’une certaine tradition libérale, au point que le libéralisme doit même être considéré comme l’un des principes identitaires d’un certain socialisme français.
L’auteur écarte d’emblée l’idée sans doute « simpliste » selon laquelle le socialisme constitue le principe identitaire du socialisme.
C’est ce que montre admirablement Serge Audier dans son récent livre sur La Pensée anti-68. Remettant en cause l’idée reçue d’une éclipse du libéralisme en France entre les années 30 et 80, ...
Nul ne soutient une telle idée. D’ailleurs, durant cette période, les libéraux ont très souvent piloté l’économie : Paul Reynaud, René Mayer, Antoine Pinay, Jacques Rueff, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre n’étaient pas précisément socialistes. À la décharge du brave Bourmeau, le compilateur de fiches de lecture Serge Audier brille plus par son ambition que par ses analyses. Son livre, Le Colloque Lippmann, aux origines du néolibéralisme, paru un mois après La Pensée anti-68, regorge d’erreurs méthodologiques et factuelles (lire sa réfutation sur le site http://mouvement-social.univ-paris1...).
... il rappelle, par exemple, l’extraordinaire variété de socialismes libéraux défendus par l’humaniste Albert Camus, le catholique Jean Lacroix (qui fut le professeur de Louis Althusser), le juriste Maurice Hauriou, le socialiste André Philip, le libertaire autogestionnaire Daniel Guérin ou encore le philosophe Maurice Merleau-Ponty, qui, dès les années 1950, théorise dans Les Aventures de la dialectique un « nouveau libéralisme »,« ouvert aux luttes sociales et à la transformation du libéralisme ».
Le scoop de Bourmeau et de son dieu Serge Audier mérite le prix Pulitzer : il existait une gauche non communiste après-guerre. Il faut exceller dans le genre simiesque pour faire de Camus, dont le journal Combat était sous-titré « De la Résistance à la Révolution », l’ancêtre de l’ex-publicitaire Delanoë ou de Ségolène Royal. Contempteur de la « futilité des informateurs », Camus recommandait aux gribouilles de type Bourmeau d’« informer bien au lieu d’informer vite. »
Serge Audier tire également de l’oubli les travaux de deux économistes : Louis Baudin qui, en 1954 avec L’Aube d’un nouveau libéralisme, s’inscrit dans le sillage de Jaurès et Blum, et appelle à une synthèse entre libéralisme et socialisme.
Pas de chance : l’équipe du Plan B compte dans ses rangs LE spécialiste mondial de Louis Baudin. « Libéral » et « socialiste », dit Bourmeau ? Encore raté ! Dans les années 1930, Baudin écrit dans la revue fasciste et antisémite Je suis partout ainsi que dans Civilisation, publication de la Jeune Droite catholique. Pendant l’Occupation, le héros de Bourmeau collabore à La Vie industrielle, un quotidien patronal pétainiste. Membre de la chambre de commerce franco-portugaise, il collectionne les médailles offertes par le dictateur Salazar. Comme le précise l’historien Steven L. Kaplan, Baudin rêve d’un modèle de société basée sur les corporations, « capable de respecter l’individualité » tout en exorcisant la lutte des classes. En ce sens, la charte du travail adoptée sous Vichy représente à ses yeux un idéal (Le Mouvement social, n° 195, 2001, p. 34). Après guerre, les néolibéraux ultras cooptent Baudin à la Société du Mont-Pèlerin, où il voisine avec l’économiste Friedrich Hayek. En somme, il n’est pas plus absurde de qualifier Baudin de « socialiste » que de camper Pinochet en bonne sœur bolchevique. Dans le livre cité par le cancre Bourmeau, avec une nouvelle erreur (L’Aube d’un nouveau libéralisme paraît à la Librairie de Médicis en 1953 et non en 1954), Louis Baudin n’adule ni Jaurès ni Blum mais célèbre le héraut de la droite rentière et colonialiste, Antoine Pinay !
Et François Bilger, dont Michel Foucault se servira beaucoup, qui fit connaître en France, toujours dans les années 50, le courant allemand de « l’économie sociale de marché » et en particulier son chef de file Röpke, un libéral qui a « toujours développé une critique radicale des impasses de ce qu’a été l’histoire du capitalisme : gigantisme, consumérisme, amoralisme, etc. ».
Inscrire François Bilger dans la tradition socialiste relève du non-sens. Il suffit de visiter le blog de ce néolibéral pour s’en convaincre (www.blogbilger.com/francoisbilger/). De même, seul un crétin des Alpes pouvait décrire Wilhelm Röpke, cofondateur de la Société du Mont-Pèlerin et conseiller du gouvernement ouest-allemand, comme un adversaire du capitalisme. Même si elle contient le mot « sociale » parce que inventée après guerre, l’« économie sociale de marché » se situe à l’exact opposé du socialisme. Certes, au sein de l’internationale libérale, Röpke incarne la tendance la moins fanatique. Un peu à la façon du gentil Xavier Bertrand dans le gouvernement Sarkozy. Comme avec les tartines beurrées qui tombent toujours du mauvais côté (Bourmeau, très gourmand, les mange quand même ; il lèche ensuite le carrelage, comme s’il s’agissait des mocassins de Pierre Rosanvallon), l’« expert » de mediapart accumule les déveines.
C’est pourtant la très grande méconnaissance de cette riche tradition ...
Aucun des 43 commentaires suscités par cet article (au 11 juin) ne relève les erreurs invraisemblables qu’il recèle. Parmi les contributeurs se trouve Philippe Corcuff, d’autant plus impatient de se joindre au débat qu’il ne cesse de revendiquer le libéralisme comme une vertu socialiste, voire libertaire. Flairant là l’occasion de drainer quelques visiteurs sur son blog hébergé par mediapart, Corcuff dépose sa glose réglementaire : « J’avance dans mon texte une différence entre deux Adam Smith, le théoricien de “la main invisible” et le philosophe moral de “la sympathie”. » Quelques heures plus tard, un commentaire de Bourmeau commente le commentaire de Corcuff : « Merci pour ce lien, Philippe, vers ton excellent papier. » On comprend le sens de la « révolution » de l’information entamée sur mediapart : l’autocongratulation d’une bande de copains analphabètes, facturée 9 euros par mois.
...qui sautait aux yeux lors du débat autour du référendum sur le TCE.
On frissonne à l’idée que les partisans du « non » aient risqué de compter dans leurs rangs une nullité aussi disgracieuse que Bourmeau. Fort heureusement, il a soutenu le « oui », qui, armé d’un tel renfort, a été écrasé.
Le clivage interne au parti socialiste n’ayant même pas permis une clarification attendue depuis si longtemps sur cette question du libéralisme...
La clarification tant attendue a plutôt trait à la carambouille éditoriale du site mediapart. Dans son précédent numéro, Le Plan B révélait le trucage d’une enquête publiée en mars : le site avait mis en scène la recherche haletante de vingt-deux personnes présentes sur une photographie de l’université de Nanterre occupée le 22 mars 1968. Problème : Plenel et sa compagne connaissaient personnellement la plupart d’entre elles. Le 12 mai 2008, sur France Culture, Isabelle Saint-Saens, l’une des occupantes, confirmait nos conclusions : « La photo, c’est Nicole Lapierre et moi – Nicole Lapierre, qui était au 22 mars et qui est par ailleurs la femme d’Edwy Plenel – qui l’avons donnée à Antoine Perraud [le journaliste de mediapart] et qui lui avons confié les noms, les numéros de téléphone et les mails d’un certain nombre de gens. » Retrouver des individus dont on connaît le nom, le numéro de téléphone et le courrier électronique : la vraie définition du journalisme d’investigation façon Plenel.
...– ce qui rend aujourd’hui encore possibles les échanges de pur démarquage tactique et vides de sens entre Delanoë et Royal."
Fin de l’extrait de texte
– http://www.leplanb.org/demontage-de...
Pour ma part j’ai beaucoup de mal avec le fait qu’on élise un publicitaire comme responsable d’une commune, étant donné que son métier consistait à leurrer des citoyens consommateurs
mais bon c’est un autre débat sur l’éthique dans le choix des responsables de la cité
Messages
1. De Pétain à Salazar - Social libéral, 27 juin 2008, 08:03
Edwy Plénel, le pôvre, viré du Monde, parti de la LCR, récupéré par Delanoé, Super.