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De l’avenir, le PCF doit faire table ronde

Publie le samedi 8 décembre 2007 par Open-Publishing

Gauche . Partagés entre orthodoxes et rénovateurs, le parti ouvre ce week-end à la Défense une année de réflexion.

de LAURE EQUY

Du pain sur la planche communiste. L’assemblée extraordinaire du PCF, qui réunit ce week-end à la Défense (Hauts-de-Seine) 1 500 délégués de section, doit ouvrir une année de réflexion sur l’avenir du parti, qui se conclura lors d’un congrès fin 2008. Un aggiornamento qui se prépare sur fond de divergences entre les partisans d’un maintien de la référence communiste et ceux qui plaident pour la construction d’une nouvelle force politique.

Refusant de brusquer la décision entre les deux options, le conseil national a adopté mardi une proposition de mandat qui laisse ouvert le débat sur la rénovation du parti : « Il ne s’agit d’exclure aucune hypothèse concernant le parti ou sa stratégie, ni de prendre d’avance une orientation. » Un texte qui vise à « lancer le débat, pas à le cadenasser », selon Jean-Louis Le Moing, membre du comité exécutif, qui souhaite que « toutes les sensibilités s’expriment et se confrontent ».

Trappe. D’autant que le PCF, traumatisé par la claque de Marie-George Buffet à la présidentielle (1,93 %), ne peut « se payer le luxe d’écarter d’emblée aucune idée », ajoute Le Moing. Le texte, qui n’écorne personne, ne fait pas l’unanimité. « Il donne l’impression de faire plaisir à tout le monde », regrette André Gerin. Le député-maire de Vénissieux (Rhône), qui prône « un retour aux fondamentaux pour les adapter », suggère la tenue d’un référendum pour trancher la question du maintien du PCF et « jouer carte sur table ». Autre tenant de la ligne « orthodoxe », Nicolas Marchand souhaite que l’attachement à la matrice communiste soit « plus clairement acté, car c’est la position majoritaire » des militants. Façon de moucher ceux qui veulent refonder une formation plus large avec d’autres organisations de gauche. « Face à Nicolas Sarkozy, le PCF ne peut pas être un objet politique non identifiable », assène Marchand.

A l’inverse, les « rénovateurs », comme Roger Martelli, craignaient de voir leur proposition passée à la trappe. S’il s’est abstenu lors du vote, Martelli reconnaît que le projet de mandat, qui sera soumis à l’Assemblée extraordinaire, « va dans le bon sens, dans un esprit d’ouverture, malgré quelques formules ambiguës ». Il fait le pari que le PCF « retrouvera du rose aux joues, non pas replié sur lui-même mais au sein d’une force à vocation majoritaire à gauche ».

« Déclin ». Gardiens du temple contre liquidateurs ? Michel Maso refuse un match binaire qui « serait mortifère ». « Je veux un autre parti, tout en conservant le mot communisme, revisité en profondeur », explique-t-il. « Il n’y a pas d’un côté ceux qui ne veulent rien bouger et de l’autre ceux qui veulent tout brader », affirme le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, appelant à « ne pas se focaliser sur les questions d’organisation ». D’autant qu’un simple toilettage ne suffira pas à redonner un sursaut au PCF. Ce que confirme Buffet : « Depuis 1981, il y a un déclin électoral. Aujourd’hui, il est nécessaire de nous interroger sur notre avenir », a-t-elle déclaré vendredi sur i-télé, tout en jugeant le communisme « encore d’actualité ». La secrétaire nationale doit passer la main lors du prochain Congrès.

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