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De salut l’artiste à SALUT L’AUTISTE !

Publie le jeudi 19 mars 2009 par Open-Publishing

Aux abois, tel Juppé en 1995 ?

C’est une comparaison qui revient de plus en plus dans la bouche des commentateurs : Nicolas Sarkozy serait en 2009 comme Jacques Chirac en 1995. Une analogie qui a de quoi doit faire frissonner à l’Elysée.

A l’époque, Alain Juppé à Matignon était aux prises avec des manifestations monstres et très populaires contre ses plans de "réforme" (déjà ). Le climat ne cessant de se dégrader, le président Chirac avait fini par remercier son Premier ministre puis dissoudre l’Assemblée. Fiasco : la gauche jospiniste avait remporté les législatives anticipées de 1997.

Douze ans plus tard, la France connaît ce jeudi un deuxième mouvement social d’ampleur en deux mois, qui jouit dans les sondages d’une adhésion populaire jamais vue depuis plus de dix ans. Comme, à l’époque, était battue en brèche la grande promesse chiraquienne de 1995 (la résorption de "la fracture sociale"), le slogan sarkozyste emblématique de 2007 ("Travailler plus pour gagner plus") est démonétisé par la crise mondiale. Comme, sous Chirac, néogaullistes "sociaux" et "réformateurs" cohabitaient difficilement, la majorité sarkozyste de 2009 paraît tiraillée. Des ministres ont jugé "scandaleux" des plans sociaux d’entreprises bénéficiaires comme Total, qui a néanmoins été saluée par le Premier ministre François Fillon. Et les dogmes fiscaux du début du quinquennat, d’avant la crise donc, sont contestés au sein même de l’UMP.

Deux grosses différences, tout de même, entre 1995 et 2009. Un : selon les sondages, pour l’opinion, l’opposant n° 1 n’est plus le PS mais le trotskiste Besancenot. Deux : l’hyperprésidentialisation du régime sarkozyste réduit à la portion congrue le Premier ministre. Et donc prive l’Elysée de tout fusible à faire sauter si vraiment la situation dégénère.
France

Mobilisation sociale et haute tension
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 19/03/2009

Comme à la fin janvier, plusieurs millions de Français devraient manifester ce jeudi. Dans la rue, dans les entreprises et même dans les états-majors, le ton monte. Face à cette fronde et face à la crise, le pouvoir apparaît fragilisé et tiraillé.
Le blog de notre correspondant à Paris
CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
Le 29 janvier, lors de la précédente journée de mobilisation pour l’emploi, le pouvoir d’achat et les salaires, ils avaient été, selon les estimations, entre 1 et 2,5 millions à manifester. Combien seront-ils ce jeudi, alors que se tient dans l’Hexagone une deuxième journée de grèves et de manifestations sur les mêmes thèmes ? Les syndicats, tablant sur le "ras-le-bol général et un sentiment profond d’injustice", prévoient une participation "au moins aussi importante".

Entre-temps, le gouvernement a essayé de calmer la fronde, en réunissant un grand "sommet social" vers la mi-février. En sont sortis quelque 2,6 milliards d’euros qui ont donné des couleurs sociales et consuméristes (aides aux chômeurs, réductions fiscales, etc.) à un plan de relance gouvernemental jusque-là axé exclusivement sur l’investissement. Les syndicats, toutefois, exigent un véritable changement de cap. Qui se traduirait par exemple par des hausses des salaires minimaux, une remise en cause des suppressions d’emplois dans la fonction publique, de plus gros efforts demandés aux entreprises, voire une refonte de la fiscalité.

Dans leur bras de fer avec le gouvernement et le patronat en faveur "de vraies mesures sociales", les syndicats ont un allié de poids : l’opinion. Selon les sondages, de sept à huit Français sur dix trouvent ce mouvement social "justifié", plus de 60 pc des sondés désapprouvant par ailleurs la politique économique et sociale du gouvernement. De tels niveaux d’adhésion à un jour de manifestations n’avaient plus été vus depuis plus de dix ans. Et il est à noter que le mouvement recueille une majorité d’appuis y compris auprès des sympathisants UMP : l’électorat de base du président Sarkozy et du Premier ministre Fillon.

Le duo exécutif, pourtant, n’a pas peu lâché de lest aux contestataires, ces dernières semaines. Outre-mer, éducation, recherche, universités : en y mettant les formes (via par exemple la nomination de médiateurs), ou très laborieusement (voir les cacophonies récentes sur le dossier antillais), jamais depuis son arrivée au pouvoir, en 2007, la majorité sarkozyste n’avait autant fait de concessions. Jamais, de même, n’avait-elle autant délié les cordons de sa bourse, au point de faire exploser les déficits.

Mais le mouvement social n’a, pour autant, pas été calmé. Aussi, mettant grévistes et manifestants en garde, le chef du gouvernement a précisé avant même jeudi que rien ne devait être attendu de cette deuxième journée de protestation, des "réponses fortes" ayant déjà été données après la première journée et "toute enveloppe supplémentaire (étant) de la dette supplémentaire". Ce cadrage primo-ministériel, néanmoins, n’a pu éviter deux évolutions inquiétantes pour le pouvoir.

"Démagogues, rapaces"

D’une part, les tiraillements de plus en plus ostensibles au sein de la majorité. Sur la politique sociale de certaines entreprises. Ou sur la politique fiscale du gouvernement, que certains à l’UMP voudraient infléchir en mettant temporairement plus à contribution les plus fortunés. "Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts", a sermonné mardi Nicolas Sarkozy. Mais mercredi, la commission des Finances de l’Assemblée a approuvé ce principe d’une contribution exceptionnelle demandée aux Français les plus riches.

Autre écueil : le durcissement de plus en plus notable de la situation. Dans la rue, d’abord : avec des cortèges de manifestants de plus en plus souvent débordés par les casseurs. Dans les entreprises, ensuite : avec des échanges désormais très physiques entre patrons et syndicats. Quand ces derniers ne traitent pas de "rapaces" les militants anticapitalistes qui racolent dans les entreprises en difficultés. En haut lieu, enfin, à un point jamais vu depuis longtemps. Mercredi encore, leaders patronaux et syndicaux se sont mutuellement traités de "démagogues" et d’"irresponsables".

Inutile de dire que, dans ce contexte si fiévreux, Nicolas Sarkozy est attendu au tournant. Lui qui est historiquement impopulaire, sans le sou ("les caisses sont vides") et mouillé personnellement par la présence de son "ami de trente ans", le ministre Brice Hortefeux, à la tête des Affaires sociales. Que fera le chef de l’Etat ? Mercredi, il a improvisé (et tenté une diversion ?) un déplacement entièrement consacré à l’insécurité.